Je suis revenu de Tel-Aviv, où je suis allé partager le deuil où le massacre du 7 octobre m’avait mis comme tant d’autres. J’ai trouvé là-bas un deuil profond, outre celui des morts, un deuil de soi, d’une image de soi, d’un certain mode d’être “suffisant” qui vous fait méconnaître l’ennemi, autre façon de se méconnaître, de ne pas vouloir visiter ses limites. Ce deuil était aussi recouvert par la colère, refoulé par la sidération, en attendant qu’on puisse tenter de le traverser, ce qui implique de reconnaître la perte de valeur qu’on a subie en perdant une image de soi qui affichait cette valeur. J’ai beaucoup entendu “Rien ne sera plus comme avant”, sans préciser les changements, on en fait au moins le vœu.
“J’ai trouvé en Israël un deuil profond. Un deuil de soi. D’une image de soi. Un deuil recouvert par la colère. La sidération
Daniel Sibony - Tribune Juive
Article mis en ligne le 29 février 2024