La confidente du Président a accompli un « tour d’écoute » pour « entamer une conversation avec le reste du monde » - à savoir le monde musulman, en commençant par l’Egypte, l’Arabie saoudite et la Turquie - mais il y a eu trop d’occasions où elle ne savait vraiment pas quoi dire.
Une anecdote du premier jour rapportée par le ’Washington Post’ saisit la déconnection. Interrogée en Égypte sur la question de savoir si elle rencontrerait les « Frères musulmans », le parti d’opposition profondément enraciné dans le terrorisme, parti interdit par le président égyptien Hosni Moubarak, avec le slogan accrocheur (« Allah est notre objectif. Le prophète est notre chef. Le Coran est notre loi. Le jihad est notre voie. Mourir dans le chemin d’Allah est notre plus grande espérance »), Hughes se tourna vers un assistant en indiquant qu’elle n’était pas sà »re de la réponse. L’assistant murmura une réplique, et Hughes énonça : « Nous respectons les lois de l’Egypte ».
Je suppose que cela signifie non, mais la dénégation de la non dénégation prête à interprétation. Peut-être voulait-elle rencontrer les ’Frères musulmans’ (’FM’), mais ne le pouvait pas. Ou peut-être ne voulait-elle pas dire quelque chose aussi durement hors du ton de la conversation que « non », parce que les ’FM’ pourraient être élus un de ces jours. Ou peut-être ne savait-elle tout simplement pas.
Mais plus grave que ne pas savoir quoi dire est d’en dire trop. Ou de dire quelque chose d’erroné. Ou même de dire n’importe quoi sur tout. Hughes a commis toutes ces erreurs, un triple faux-pas, après sa rencontre avec le cheikh Muhammad Sayyed Tantawi, le grand imam de l’Université al Azhar, le centre académique de l’Islam sunnite. Ça a été une « merveilleuse rencontre », expliqua-t-elle, parce que tous deux furent en mesure de parler « le langage commun du cÅ“ur ».
Oh, frère. S’agit-il d’une Sous-Secrétaire d’État, ou d’une sÅ“ur de la confrérie féminine ? Hughes radota au sujet de la direction d’al Azhar « qu’elle s’exprime contre l’extrémisme, contre le terrorisme, (qui) n’a pas sa place dans les dogmes de l’Islam » - naturellement. Le cheikh « fit ressortir que toutes les religions divines sont bâties sur l’esprit de l’amour », dit-elle, « et qu’il est important que chacun d’entre nous travaille ensemble à combattre l’extrémisme, à combattre le terrorisme ».
Quel type ! Écouter Hughes parler du Cheikh Tantawi, vous pourriez presque en oublier qu’il déclara en 2002, selon une traduction d’un rapport de MEMRI (Middle East Media Research Institute), quand il appela les Musulmans palestiniens à « intensifier les opérations martyres contre l’ennemi sioniste » - hommes, femmes et enfants - et décrivait le massacre barbare comme « la plus haute forme des opérations de jihad » et « un acte légitime selon la loi (islamique) ». Peut-être est-ce là « l’esprit d’amour » dont Hugues s’extasiait.
Ensuite, il a y eu ce que Cheikh Tantawi a dit en 2003, également rapporté par MEMRI, quand il appelle au jihad contre les forces américaines en Irak. « le jihad est une obligation pour chaque Musulman quand des pays musulmans sont l’objet d’une agression », expliquait-il. « Les portes du jihad sont ouvertes jusqu’au Jour du Jugement, et celui qui nie cela est un infidèle qui abandonne sa religion ». Il déclara cela pendant un sermon - où cela pouvait-il être ?- à al Azhar.
Je juxtapose l’évaluation de ’coeurs et de fleurs’ avec la réalité de haine et de fanatisme pour une raison. A l’évidence, les sources dont je dispose - l’inestimable site Internet de MEMRI - sont à la disposition du Département d’Etat. Je crois avec peine que Hughes ou ses conseillers aient été dans l’ignorance de l’incitation jihadiste à laquelle est enclin le Cheikh Tantawi, même si il a fait des déclarations contradictoires dans le passé. Pourquoi l’administration Bush a-t-elle décidé que cette rencontre était dans le meilleur intérêt de notre nation ?
Si la guerre au terrorisme - toujours un nom ’coup de poing’ attractif sur le Net - tourne au compromis avec le terrorisme, peut-être cela a-t-il du sens de jouer les gentils. Il existe véritablement une longue tradition de pareils compromis entre le monde non musulman et le monde musulman, et il est contenu dans l’histoire brisée de la « dhimmitude ». C’est le terme forgé par l’historienne Bat Ye’or pour décrire l’infériorité institutionnalisée des non musulmans (dhimmi) sous la loi musulmane.
Hughes rendant hommage aux semblables de cheikh Tantawi est un comportement de dhimmi. Comme l’est, franchement, tout ce « tour d’écoute » - une campagne mal conçue pour améliorer « l’image » de l’Oncle Sam dans un monde musulman dont l’opposition à un Israë l viable et à un Irak libre est profondément incrustée.
Personnellement, j’aimerais assister à un tour « que ça te chante ou pas ». Mais cela, bien sà »r, signifierait poursuivre le combat.