Charles-Emmanuel Guérin a raison de rappeler, si cela était nécessaire, que le Hezbollah est un mouvement terroriste qui a à son actif maint méfait, a tué par centaines, des Français y compris, et se livre au kidnapping. On sait aussi que le Hezbollah est armé, financé par l’Iran des mollahs dont il partage l’idéologie islamiste. Et qu’il agit pour son compte et celui de la Syrie, son autre fournisseur.
Nicolas Sarkozy a, pour sa part, qualifié ce mouvement de « terroriste » l’été dernier et a été alors l’un des rares hommes politiques à le faire.
Aujourd’hui Président de la République Nicolas Sarkozy le redit clairement. Il l’a fait il y a quelques jours lorsqu’il a reçu les familles des soldats israéliens kidnappés il y a un an. L’un d’entre eux a été kidnappé par le Hamas, les deux autres par le Hezbollah, on le sait. Il a qualifié ces deux mouvements de terroristes à cette occasion, ajoutant qu’il ne leur parlerait pas. ( Une agence de presse mal informée a pourtant écrit le contraire )
On ne peut être plus clair. Il a également dit qu’il oeuvrerait avec détermination pour obtenir la libération de ces trois otages et qu’il considérait Guilad Shalit détenu dans la Bande de Gaza comme un citoyen français au même titre qu’Ingrid Betancourt, détenue par les FARC. Mais qu’il ferait tout ce qui est possible de faire pour ces trois soldats israéliens au nom des valeurs qui sont les nôtres. Roger Pinto, Président de SIONA, qui a fait venir ces familles 3 fois en France en un an et qui a assisté à tous les entretiens avec les familles, le confirme.
Quant à la venue de membres du Hezbollah en France, qui peut s’en réjouir ? Toutefois, dès lors que le gouvernement français a décidé d’organiser une conférence sur le Liban - à tort ou à raison - en France il semble inévitable d’inviter toutes les composantes libanaises à y participer. Et il est incontestable que le Hebollah fait partie du paysage politique libanais,même si on le déplore. Pour les Libanais au premier chef, d’ailleurs. Mais sa montée en puissance est sans doute due, en partie, aux carences des partis au pouvoir au pays du Cèdre. Car le Hezbollah joue un rôle caritatif négligé par ailleurs. Dans un schéma semblable à ce qui s’est passé pour le Hamas dans les Territoires palestiniens.
Quelles qu’en soient les raisons, ce parti a recueilli plus de 10 % des voix aux dernières élections libanaises de 2005. Et en 2004 il remportait 20 % des voix pour les élections municipales. Comment l’exclure dès lors ? Et, en cela, et même s’ils ont plus de sang sur les mains qu’un Carlos, ils sont l’un des éléments de la donne dans la région.
Il semble que les représentants du Hezbollah entendront des critiques très claires en France. Bernard Kouchner s’est engagé à évoquer avec eux le dossier des soldats israéliens kidnappés sur le territoire d’Israë l en été dernier et à tout mettre en oeuvre pour leur libération. Il est évident que le nouveau ministre des Affaires étrangères travaille en plein accord avec le Président du République sur ce dossier.
Ce sont d’ailleurs les Libanais eux-même qui ont décidé de la composition de la délégation qui viendra à Paris pour cette conférence.
Le Maire de Paris, très proche des Libanais, vient de demander qu’un signe de vie des soldats soit exigé avant la venue des participants à la conférence. Un peu tard pour que cela soit faisable, certes. Mais cela a été dit.
Ce qui va compter, ce sera le langage qui sera tenu avec ce mouvement. Il semble que cela sera un langage qui fera preuve de la plus grande fermeté. Et c’est cela qu’il faut exiger.