Si l’on voulait la preuve, qu’en France, les gouvernements changent, mais que le Quai d’Orsay reste inflexible, il suffit d’évoquer le dialogue, qui a eu lieu ces dernières vingt-quatre heures, à l’occasion du point de presse du porte-parole du Ministère.
S’agissant de l’enquête des autorités bulgares concernant l’attentat terroriste de Burgas, à l’été dernier, ayant provoqué la mort de six personnes, dont cinq israéliens, un intervenant avait demandé, hier, si la position de la France, à propos du Hezbollah, suspecté d’être impliqué dans cet attentat pourrait changer « si les bulgares disent qu’ils étaient impliqués dans l’attentat  ».
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Très courageusement, le diplomate (dans tous les sens du mot) avait répondu que les conclusions de l’enquête devant être « présentées aujourd’hui dans l’après-midi par le ministre de l’intérieur bulgare. Nous n’allons pas préjuger de ces conclusions. Nous allons attendre de voir ce qu’il en sort et c’est à ce moment là que la France réagira officiellement et prendra officiellement position  ».
Et que croyez-vous qu’il advint de la position française, le lendemain, mercredi, lorsque les autorités bulgares ont, effectivement, expressément – comme tout un chacun s’y attendait – mis en cause le Hezbollah ?
Eh bien, « droit dans ses bottes  » le porte-parole du Quai d’Orsay a estimé que cela ne changeait en rien la position de la France, défenseur acharné du mouvement terroriste libanais, aux ordres de l’Iran, aidé, en cela par la Syrie, d’où, sans doute, l’intervention israélienne, il y a quelques jours en territoire syrien, pour empêcher un renforcement du potentiel de nuisance du Hezbollah.
Mais, excusez-nous, d’avoir été aussi brutal, n’étant pas diplomate.
Car, c’est en termes prudents que cela a été dit : « Nous avons bien pris note des déclarations du ministre de l’intérieur bulgare au sujet de l’attentat de Burgas. Nous en tirerons les conséquences, en coordination avec nos partenaires européens. Diverses options sont à l’étude  ».
A l’exemple d’autres pays, on aurait pu penser qu’une seule solution allait s’imposer : placer au « ban de la société internationale  » ce mouvement terroriste.
Pas du tout.
D’ailleurs, son nom même n’est pas évoqué.
D’ailleurs, la veille, le porte-parole avait cru bon devoir rappeler que « l’inscription sur les listes de l’Union européenne par définition relève d’une décision unanime à 27  ».
Ce qui va, évidemment, permettre à la France de maintenir sa position, profitant de certaines hésitations de quelques membres de l’Union européenne.
Car, il est évident qu’à 27 il est beaucoup plus difficile, pour ne pas dire impossible, d’adopter des points de vue communs, dans la mesure où plus un groupement humain est vaste et moins des liens de solidarité peuvent s’établir et perdurer.
Alors qu’il a été impossible d’établir une véritable Union à 6, ce n’est pas à 27 qu’on y arrivera.
Il n’est pas évident qu’à la lumière des conclusions, après plus de six mois d’enquête des autorités bulgares, les Etats-Unis, qui, comme le Canada et l’Australie, ont déjà placé officiellement le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes (comme Israë l, bien évidemment), arrivent à persuader les 27 membres de l’Union européenne d’en faire de même.
L’attitude du porte-parole du Ministère français prouve que depuis plusieurs décennies, la France n’a toujours pas été convaincue du caractère dangereux de cette organisation, qui, rappelons-le, au passage, est suspectée d’avoir été impliquée dans le carnage du Centre culturel juif de Buenos-Aires, en 1994, ayant fait 84 morts, sans parler des attentats-suicides de1983 contre des militaires américains (241 morts) et….français (58 morts) à Beyrouth…..
La France s’est toujours considérée comme un soutien du Liban et l’alliance, depuis 2006, de ce mouvement terroriste musulman avec le parti chrétien du général Michel Aoun (le Courant patriotique libre) a, sans doute, mais à tort, renforcé sa « sympathie  » à son égard.
Il est curieux que la France se montre plus « royaliste  » (excusez-nous, nous voulions dire plus « européenne  ») que les Pays-Bas, qui ont inscrit le Hezbollah sur leur liste d’organisations terroristes en 2004.
De Mitterrand, en 1983, à Hollande, en 2013, le Quai d’Orsay n’a pas modifié ses positions, pas plus, d’ailleurs, que sous les présidences Chirac et Sarkozy….
Quelle belle – mais funeste – constance….