Ce que le kamikaze humanitaire guette, ce n’est pas les dégâts qu’il va faire, mais les dégâts qu’on va lui faire. Et ce sont ces dégâts inversés qui sont censés faire des dégâts.Le kamikaze humanitaire est un kamikaze d’un genre mutant, tout à fait neuf, parfaitement inédit : c’est un kamikaze oxymore. C’est l’idée que les dégâts seront extrêmement collatéraux, diffus, les explications très confuses, les analyses rendues très compliquées puisque le mot humanitaire, lâché comme une bombe, est brandi comme l’arme à laquelle on ne peut rien rétorquer : on ne fait pas la guerre à la paix.
Les kamikazes humanitaires
Yann Moix
Article mis en ligne le 6 juin 2010