Les tensions entre israéliens et américains ne sont pas nouvelles. Elles ont déjà eu lieu dans le passé car les gouvernements, de droite en particulier, avaient du mal à supporter le statut de vassal des Etats-Unis et comme des adolescents vis-à -vis de leurs parents, ils avaient tendance à se rebeller. Mais parfois la situation prenait une tournure dramatique.
Eviter l’erreur de 1990
L’épisode de 1990 est encore présent dans les mémoires lorsque le premier ministre Yitzhak Shamir avait réclamé, auprès de George Bush père, une garantie pour un prêt de dix milliards de dollars pour aider à l’installation des juifs qui arrivaient en masse d’URSS. Le président américain avait exigé, en contrepartie, qu’aucun juif russe ne puisse s’installer en Cisjordanie ou à Gaza. Shamir refusa ce diktat en espérant que le lobby pro-israélien, l’AIPAC (American Israel Public Affairs), ferait son travail habituel auprès du Congrès. Mais à la surprise générale, les lobbyistes n’avaient pas réussi à convaincre la majorité de l’opinion américaine qui avait alors appuyé Bush à 85%. L’AIPAC a dà » se résoudre à prendre fait et cause pour son président. Le prêt ne fut pas consenti mais les conséquences ont été payées plus tard puisque George Bush manqua sa réélection en 1992 et que Shamir perdit les élections durant la même année. On avait alors critiqué le premier ministre israélien d’avoir agit avec légèreté avec un lobby qu’il faut en permanence caresser dans le sens du poil car rien n’était acquis d’avance.
Contrairement à 1990, Benjamin Netanyahou a demandé le soutien de l’AIPAC qui vient de conseiller à Barack Obama de « prendre des mesures immédiates pour apaiser la tension avec l’Etat hébreu  » et de mettre fin à « l’escalade rhétorique de ces derniers jours qui détourne des problèmes urgents que sont la volonté de l’Iran de se doter d’armes nucléaires  ». Barack Obama avait clairement fait part, en juin 2008 à l’AIPAC, de son engagement à défendre les intérêts des Etats-Unis ainsi que d’Israë l, tout en proposant un mélange de diplomatie, de menaces et de force militaire plus souple que celui utilisé par l’administration Bush. Pour contrer cette position minimaliste et pour ne pas renouveler l’épisode maladroit d’Yitzhak Shamir, Netanyahou a décidé de se rendre personnellement aux Etats-Unis pour la conférence annuelle de l’AIPAC, au cours de laquelle son discours tendra à s’assurer que le lobby ne le laissera pas tomber dans son bras de fer avec Barack Obama.
Convergence de vue nationale israélienne
Il a aussi obtenu de la chef de l’opposition, Tsipi Livni, qu’elle l’accompagne à Washington pour assister elle aussi au congrès. Il s’agissait de montrer aux américains que, face à ce problème, il n’y avait aucune divergence de vues avec l’opposition qui acceptait de faire front uni face aux exigences américaines. Reçue à la Maison Blanche, Tsipi Livni a déclaré que « les citoyens israéliens devaient savoir que les Etats-Unis comprenaient les menaces qui planaient sur eux et les dangers que comporterait tout règlement diplomatique  ». Elle devait aussi insister sur la nécessité de sévères sanctions à l’encontre d’un Iran volontairement hésitant. Elle a souligné que tous les israéliens étaient unis face à cette menace et qu’Israë l pourrait s’entendre avec le monde libre afin d’empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire. Elle a ajouté que s’ouvrait à présent une opportunité de coopération avec certains pays arabes modérés de la région, sensibles eux-aussi à la menace nucléaire.
Il est fort probable que le président américain sera impressionné par cette unité israélienne et qu’il comprendra la position de Netanyahou de ne pouvoir attendre indéfiniment le bon vouloir des iraniens.