Ce 8 aoà »t 2009, la convention du Fatah chargée de renouveler les organes du parti (en place depuis la précédente Assemblée Générale tenue en 1989) a reconduit Mahmud Abbas dans ses fonctions de dirigeant. Ce dernier s’est immédiatement montré à la hauteur de la confiance accordée, en déclarant : « nous sommes là pour libérer la terre de Palestine et y créer un Etat palestinien avec Jérusalem comme capitale  ».
La convention a alors pu confirmer les orientations et objectifs historiques du mouvement : « Jérusalem, toute la ville de Jérusalem, ainsi que tous les villages arabes qui l’entourent, constituent la ligne rouge qui ne sera franchie par aucun mouvement ou groupe palestinien », voire encore : « le peuple palestinien continuera à produire des victimes tant que Jérusalem ne sera pas reconquise, et vidée de tous les colons Juifs  »...
Voici donc qui a le mérite d’être clair contrairement aux ambivalences du discours d’ouverture de la convention dans lequel Mahmud Abbas avait dans le même temps, encouragé la fierté du peuple palestinien (« redonner au mouvement son rang, son rayonnement et son âme afin de le conduire vers la liberté et l’indépendance), tout en ménageant l’opinion internationale en proposant une reprise des pourparlers de paix (pour s’attirer les bonnes grâces de l’administration américaine et se présenter aux israéliens comme étant le partenaire incontournable), en se réservant néanmoins « le droit de recourir à la résistance légitime, garantie par la loi internationale  » (légitimant ainsi le recours au terrorisme).
En radicalisant son discours, Mahmud Abbas, entend rompre avec cette contradiction fondamentale entre la position consensuelle d’une solution négociée avec Israë l et la vocation spécifique du Fatah telle que décrite dans la Charte de l’Olp. En effet, le mot Fatah (qui est le nom de l’organisation politique et militaire palestinienne fondée par yaser Arafat au Koweit en 1959), signifie « Mouvement National Palestinien de Libération  » dont l’objectif est de « libérer tout le territoire palestinien de l’entité sioniste  ». D’ailleurs, si Yasser Arafat a laissé entendre dans les années « 90  » que la doctrine initiale était abandonnée, il n’a jamais modifié le nom de son parti, véritable appel au combat systématique contre toute présence juive sur le territoire de la Palestine mandataire qui interdit corrélativement toute idée de compromis avec l’entité sioniste.
Désormais, le Président de l’Autorité Palestinienne s’est replacé dans la droite ligne des membres du Fatah (présents à la convention) établis au Liban, en Syrie ou en Jordanie qui n’entendent pas coexister aux cotés d’un Etat juif amputant la majeure partie de la Palestine dans sa délimitation géographique établie par la Société des Nations entre 1920 et 1947. Il se retrouve également en harmonie avec Jibril Rajoub, dignitaire du Fatah et ancien conseiller de Yasser Arafat qui avait, dès avant la reconduction de Mahmud Abbas à son poste, confirmé sa volonté de poursuivre la lutte armée.
De même, le leader du Fatah respecte enfin l’expression populaire de la rue palestinienne qui a démocratiquement choisi la poursuite du combat contre l’entité sioniste. Mahmud Abbas qui a perdu les élections législatives en 2006 au profit du Hamas (qui contrôle la bande de Gaza), a certes fait son mea culpa dans son discours d’ouverture en reconnaissant ses erreurs, ses faibles performances, son manque de discipline, l’absence de prise en compte de l’opinion palestinienne. Il s’était toutefois permis, en réponse au Hamas qui avait refusé aux 400 membres du Fatah installés à Gaza de participer au congrès de Bethleem (leur départ était également programmé au moyen d’ambulances), de qualifier le mouvement de résistance islamique de « prince des ténèbres qui divise la patrie et la nation, qui nuit à la démocratie ». Désormais, Mahmoud Abbas confirme la juste analyse du Hamas qui craignait que les membres du Fatah ne soient devenus des traîtres à la cause qu’ils sont censés défendre. Finies donc les divergences de vues avec les palestiniens de la bande de Gaza qui se sont d’ailleurs considérablement réarmés depuis la dernière confrontation du mois de janvier 2009 et qui se retrouvent de ce fait en manque d’argent pour financer leurs activités, depuis la suspension des transferts de fonds décidée un temps par Mahmud Abbas.
La position de Mahmud Abbas s’inscrit également dans les recommandations des dirigeants arabes comme le Roi Abdallah d’Arabie Saoudite qui a, dans une lettre adressée aux délégués du congrès, demandé aux palestiniens de s’unir car les divisions internes sont plus nuisibles à leur cause que « l’ennemi israélien » : « L’ennemi arrogant et criminel n’a pas été capable, durant des années d’agressions continuelles, de nuire à la cause des Palestiniens plus que les Palestiniens eux-mêmes ces derniers mois  ». Dans cette missive du Roi Saoudien, Israë l est présenté comme l’ennemi agressant les palestiniens, les méprisant et les assassinant, raison pour laquelle les palestiniens doivent se focaliser sur la guerre et mettre un terme à leurs querelles stérile et autres divisions internes.
En réalité, le revirement de position de Mahmud Abbas était prévisible. Bien que manifestant une volonté de faire la paix avec Israë l, il s’était réservé, dès avant l’engagement de la convention, « un droit d’opposition  » à l’Etat juif, c’est-à -dire le droit de poursuivre la lutte (armée ou non) contre Israë l. En outre, lors de l’ouverture du congrès, Mahmud Abbas a été largement contesté au sein de son propre mouvement, non seulement vis-à -vis de ses positions à l’égard d’Israë l mais également compte tenu de l’opacité dans l’emploi des fonds du mouvement ou encore eu égard à sa possible participation à un complot avec les israéliens pour éliminer Yasser Arafat <http://www.lemonde.fr/sujet/7919/yasser-arafat.html> (c’est du moins l’accusation portée par Farouk Qadoumi <http://www.lemonde.fr/sujet/ae96/farouk-qadoumi.html> , fondateur également du Fatah). Le Président de l’Autorité palestinienne n’avait d’autres choix que de représenter une synthèse de la doctrine palestinienne afin que cessent les multiples contestations de sa propre légitimité, objet des débats houleux lors de l’ouverture du congrès.
Pour autant, cette position de Mahmud Abbas se justifie certainement par la frilosité de l’Etat hébreu qui se comporte comme s’il doutait de sa propre légitimité : Israë l a permis à Marwan Barghouti (condamné à cinq peines de prison à perpétuité) de s’exprimer depuis sa prison israélienne sans avoir au préalable, exigé une réciprocité de la part des palestiniens et la communication d’informations concernant Guilat Shalit (détenu par le Hamas depuis plus de trois ans). Marwan Barghouti ne s’est donc pas privé d’exiger, le retour aux frontières (imaginaires) de 1967 (c’est-à -dire l’évacuation de la Cisjordanie et de Jérusalem), le retour des réfugiés palestiniens de 1948 dans leurs foyers (alors qu’il n’y a aucun foyer palestinien en Israë l), voire encore la libération des détenus politiques. De même, le député arabe à la Knesset Ahmed Tibi s’est rendu au congrès alors qu’il n’est pas, à priori, membres du Fatah. Le député arabe israélien s’est alors associé aux palestiniens en lançant « Nous, arabes israéliens, sommes indissociables du peuple palestinien  », tout en insultant les juifs et l’Etat qui le rémunère : « La paix ne pourra se faire avec les colonies ou les colons. Sortez de nos terres Palestiniennes, débarrassez-nous de votre présence, dégagez ! ». Le président israélien était pourtant très optimiste avant ces déclarations et a avait m ême proposé une reprise des négociations dès la clôture du congrès...