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L’expulsion britannique d’un diplomate israélien ne constitue pas un tremblement de terre.
Par Marc Brzustowski, pour http://lessakele.over-blog.fr et www.aschkel.info.
Article mis en ligne le 25 mars 2010

Le Professeur Gerald Steinberg, du Département de Sciences Politiques de l’Université Bar-Ilan explique, dans un article sur Ynet, que certains députés de la Knesset auraient tort de multiplier les propos amers concernant l’attitude britannique après « l’affaire de contrefaçon de passeports ». Cette réaction était prévisible. Cet Etat, comme bien d’autres, ne souhaite pas que les passeports de ses citoyens fassent l’objet de falsification, particulièrement dans le cadre d’une élimination ciblée. Si jamais c’était le cas, - et aucune preuve d’une culpabilité avérée n’a été apportée à cette affaire al-Mabhouh -, tout ce qu’un quelconque pays allié dans la lutte anti-terroriste puisse sérieusement escompter, c’est simplement qu’aucun procédé de cet ordre ne soit jamais révélé.

UPDATE : alors que la controverse semblait pouvoir s’en tenir là, des éléments proches du Gouvernement britannique font preuve d’une volonté d’alimenter la surenchère : « The Independent » ajoute, aujourd’hui, que Londres exigerait des garanties publiques, de la part d’Israël, avant d’accueillir un nouveau représentant de ses services de renseignement. L’attitude londonienne devient contre-intuitive : 1) ce qui est secret ne peut être « public » ; 2) Il n’existe à ce jour aucune preuve d’une quelconque implication, sinon une suspicion d’usage de faux ; 3) La politique d’ambiguïté reste le maître-mot dans ce domaine et Israël ne donnera pas suite à une telle exigence. Celle-ci, si elle est avérée au-delà du cercle médiatique servant à répandre rumeurs et contre-rumeurs, ne ferait qu’alimenter une crise diplomatique sur fond de supputation et de défiance réciproque. 4) Il existe bien d’autres domaines de coopération de premier plan, concernant, par exemple, le nucléaire iranien et les sanctions économiques, où de telles « crises » artificielles s’avèrent contre-productives pour l’ensemble du camp dit « occidental ». Le fait même que Ramin Mehmanparast, le porte-parole des Affaires étrangères iranien, ce matin, saute à pieds joints sur l’affaire, pendant qu’Ahmadinedjad demande des sanctions contre Israël, à propos de Jérusalem, démontre à quel point les prises de position anglaises ou américaines, ces derniers temps, nourrissent la main qui cherche à les étrangler. Sont-ce les signes avant-coureur d’une capitulation « occidentale » dans la lutte anti-terroriste, plus ou moins orchestrée par Washington, alors que Benjamin Netanyahou quitte le cercle des commissions bilatérales pour tenter d’assouplir les positions respectives ? Le point de vue illustré par G.Steinberg ne vaut que dans la mesure de la recherche d’un modus-vivendi ou gentlemen-agreement.

La discrétion nécessaire et suffisante entourant cette affaire n’a plus été de mise, à partir de la diffusion d’images vidéo troublantes. Même si on en reste aux supputations et aux tentatives de mettre un autre état en cause, Israël, il y a, dans un cas semblable, toujours un prix à payer. Ce tribut a été exigé uniquement parce que l’opération a été éventée, bien plus qu’en ce qui concerne l’action en soi. C’est la rançon réclamée, sous forme d’assurance-risque, pour se prémunir, à l’avenir, des éventuelles approximations et de l’amateurisme de quelque service que ce soit.

Par conséquent, ceux qui arguent que la réaction britannique adoptée constitue un geste « sans précédent entre pays amis » expriment des préoccupations exagérées et se laissent aller à l’émotion, mauvaise conseillère. Cette expulsion représente une réponse à l’embarras suscité par l’affaire, qui consiste à chercher à clore le dossier une fois pour toutes, sans provoquer un tremblement de terre.

Plus encore, la Grande-Bretagne s’achemine vers des élections. L’actuel gouvernement travailliste est perçu comme bien plus proche d’Israël que ne le souhaitent la plupart des intellectuels et universitaires de gauche, dans le pays, qui voudraient le voir prendre des mesures de rétorsion et de boycott, visant à interdire le sol anglais aux dirigeants israéliens. Si on suit la virulence de ces tendances antisionistes, ce Gouvernement, en ne prenant aucune mesure dans l’affaire des passeports, s’expose à des attaques frontales au Parlement. Le calcul politique interne a donc été fait à l’économie.

On doit donc garder à l’esprit que nous ne sommes pas confrontés à une suspension des relations entre les agences de renseignement. Il est même déjà question du retour d’un remplaçant du représentant des services secrets renvoyé de Londres. Au plus s’agit-il de turn-over. Il doit être possible de prendre acte de la protestation et s’attendre à ce que d’autres pays impliqués malgré eux dans cette affaire suivent ce mouvement.

Cela constitue aussi une occasion pour les Ambassadeurs d’Israël à travers le monde de soulever la question des autres moyens disponibles pour empêcher les actes terroristes qui peuvent frapper n’importe lequel des états-partenaires. Les pays qui protestent le plus sont précisément ceux qui devraient agir de manière bien plus énergique pour déjouer de tels actes de terreur. Indirectement, ils soulignent aussi, en filigrane, le droit d’Israël de se défendre et le fait indubitable que le modus operandi, tel que celui qui aurait été employé à Dubaï provoque bien moins de dégâts et de pertes collatérales que bien d’autres moyens contre-terroristes, lorsqu’ils impliquent des troupes au sol.



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