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Elections israéliennes et avenir de la paix
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 24 janvier 2013

La France, qui n’est jamais en retard pour donner de « bons conseils  » n’a pas failli àses habitudes. Ainsi, dès hier, le ministre français des affaires étrangères Laurent Fabius a souhaité que le prochain gouvernement israélien engage « très vite  » des négociations avec les Palestiniens, estimant que 2013 ne devait pas être « une année blanche pour la paix. Pour nous, l’une des questions majeures, c’est le conflit israélo-palestinien, or dans la campagne (électorale israélienne), ce thème n’a recueilli qu’un intérêt assez mineur  », a ainsi déclaré M. Fabius sur France Info.

La belle affaire……

On aimerait que Laurent Fabius nous dise, plutôt, comment la France compte sensibiliser la société internationale et plus particulièrement ses partenaires européens àla situation au Mali, alors que, par ailleurs, les Etats africains, pourtant, eux-mêmes, les premiers concernés, n’ont pas l’air de s’y intéresser beaucoup.

Mais, pour en revenir au conflit israélo-arabe, qui soutient le conflit plus direct entre Palestiniens et Israéliens, il n’est pas certain – et c’est un euphémisme – que les résultats des dernières élections constituent un élément positif.

En effet, bien que nous ne soyons pas un spécialiste des questions de politique interne, il ne nous paraît pas évident que le prochain gouvernement israélien mettra, en priorité, àson ordre du jour la question des négociations avec les Palestiniens.

Bien d’autres questions, tout aussi importantes certes, sont àrégler : problèmes sociaux et conscription des jeunes orthodoxes, par exemple.

Mais, surtout on ne voit pas sur quelle majorité Benyamin Netanyahou, qui – seul élément quasi certain – sera renouvelé comme Premier ministre, pourra s’appuyer pour proposer àl’autre Partie l’ouverture de négociations sur des bases raisonnables.

Il n’est pas besoin d’être grand devin, pour écarter l’idée d’un gouvernement de gauche, a priori plus ouvert àdes concessions concernant .les constructions dans les Territoires et àJérusalem.

Reste l’option d’un gouvernement reposant sur le Likoud et les amis d’Avigdor Libermann et très certainement sur le parti du centre-laïc de Yaïr Lapid (qu’il n’est pas sà»r de revoir aux prochaines élections….).

Or, déjàils ne sont pas sur la « même longueur d’ondes  ».

Le parti de Benyamin Netanyahou est résolument hostile àtoute concession sur les « implantations  » et n’a accepté qu’àcontre coeur l’idée d’un Etat palestinien.

En revanche, Yaïr Lapid est, certes, favorable àun arrêt des constructions dans les Territoires, mais refuse toute idée d’un partage de Jérusalem.

Or, sur ce point, il est évident que les Palestiniens ne renonceront jamais àl’idée d’établir leur capitale sur au moins une partie de Jérusalem-Est.

D’ailleurs – au risque d’irriter certains internautes – il nous paraît difficile de soutenir qu’Israë l a vocation àexercer sa souveraineté sur le quartier arabe et le quartier chrétien ou arménien de la vieille ville.

Reste qu’en tout état de cause, ces deux partis, loin d’être tout àfait d’accord sur la question des négociations, n’auront pas àeux seuls la majorité àla Knesset et qu’il leur faudra l’appui soit de la « Maison juive  » de Naftali Bennett (expressément opposée àl’idée d’un Etat palestinien) soit du parti Shass, hostile àtoute concession territoriale, voire de ces deux groupes.

Autrement dit, il n’y aura pas de majorité gouvernementale ouverte àune négociation.

Une fois encore, les électeurs israéliens se sont laissés tenter par des personnes nouvelles en politique, mais sans véritable programme quant àl’avenir du pays dans son environnement territorial.

D’ailleurs, il nous a semblé que le but immédiat des candidats était d’être élu.

C’est certes le désir de tout candidat, mais il nous semble que généralement l’important pour un pays n’est pas d’avoir de vieux « chevaux de retour  » ou de « nouvelles têtes  » mais de véritables programmes de gouvernement.

Nous n’avons jamais caché nos réticences àsoutenir le mouvement pour « La paix maintenant  », dont nous déplorions les efforts déployés pour faire pression sur les Juifs de la Diaspora au lieu de se concentrer sur le corps électoral israélien, pourtant seul compétent àdécider de l’avenir du pays.

Mais, il est vrai – et une fois encore une très large majorité d’Israéliens s’est prononcée en ce sens – qu’il n’est pas question d’un « paix àtout prix  ».

Toutefois, entre tout ou rien, nous pensions que les électeurs israéliens sauraient faire la part des choses et, en déposant leur bulletin de vote dans l’urne, se préoccuperaient de savoir quel serait le programme de gouvernement qu’ils voulaient voire triompher.

On nous reprochera, certainement, de nous faire, encore, des illusions sur la maturité des électeurs, quel que soit d’ailleurs le pays concerné.

Mais, Israë l est sur le pied de guerre depuis près de 65 ans……

Il est temps de s’en rendre compte, car les problèmes économiques et sociaux internes s’en ressentent, indépendamment de la crise économique et financière mondiale.