Boker Tov amis auditeurs de Radio J. La date de l’attentat de Bruxelles, la veille des élections européennes, n’est évidemment pas une coïncidence. Le terrorisme a toujours fondé son action sur l’impact psychologique que ses actes entraînent. L’Europe implose de l’intérieur et le résultat des dernières élections en constitue une preuve supplémentaire, aussi bien par la montée des partis nationalistes, que par l’ampleur de l’abstention.
Mais il y a un autre signe qui en est le nom, c’est la montée de la haine d’Israë l sous toutes ses formes. L’histoire n’a pas toujours de sens, mais les événements qui s’y déroulent peuvent en avoir. Les sociétés civiles en Europe souffrent de problèmes sociaux, économiques, politiques mais l’antisémitisme n’a jamais un remède, au contraire il est toujours le symptôme qui révèle la maladie.
La haine d’Israë l rassemble aujourd’hui des personnes qui, en théorie ne devraient jamais boire un café ensemble, et pourtant elles partagent cette idée. Lorsque des enfants de bonne famille quittent l’Europe pour s’engager dans les mouvements djihadistes ou lorsque des Allemands élisent à nouveau un député néo-nazi dont le slogan électoral est « mettons les gaz », il faut regarder la réalité en face avec courage.
Nos Sages nous ont enseigné que celui-ci consistait justement à contenir sa colère. Une manifestation ou une condamnation de plus ne changeront rien à la situation de danger dans laquelle les Juifs en Europe se trouvent. Il ne s’agit pas non plus de diaboliser tel ou tel parti de droite ou de gauche, dont les discours populistes et racoleurs polluent nos oreilles, mais avant tout de redonner son sens à la politique, ou plutôt au politique.
Le politique est le souci fondamental de transmission d’un ensemble de valeurs, et non la conquête du pouvoir par des politiciens. La haine d’Israë l, et encore une fois épargnons le poncif selon lequel on a le droit de critiquer la politique d’Israë l, où la liberté d’expression est entièrement souveraine, doit être un obstacle rédhibitoire à l’exercice de la politique. Il ne s’agit pas de prôner une tolérance zéro des actes antisémites, mais d’en éradiquer le principe même.
Le mode opératoire de l’attentat de Bruxelles ressemble à celui de Mohammed Merah, détermination, sang-froid, indifférence totale à l’égard des victimes, préparation minutieuse de l’évacuation des lieux, mais ce qui frappe le plus c’est que la haine chez ce tueur semble banale.
On croyait cette époque révolue, mais elle n’était qu’en suspens, et c’est cela qui est le plus grave, que la haine d’Israë l soit devenue la norme, les affaires courantes, comme on dit ; et qu’en revanche, l’amour d’Israë l ne soit qu’une parenthèse, un état de grâce passager en Europe, où le temps des remords et de la mauvaise conscience ne durent guère.