Chaque négociation arabo-israélienne contient une asymétrie fondamentale : Israë l abandonne de la terre, qui est tangible ; les Arabes font des promesses, qui sont éphémères. La solution américaine de longue date a été cependant de presser Israë l de prendre des risques pour la paix alors que l’Amérique équilibrait les choses en donnant des assurances du soutien des USA à la sécurité d’Israë l et à ses besoins diplomatiques.
C’est sur la base de telles assurances solennelles qu’Israë l a entrepris par exemple, le retrait de Gaza. De façon à atténuer ce risque, le président George W. Bush a donné l’engagement écrit que l’Amérique soutiendrait l’absorption par Israë l de blocs d’implantation majeurs dans tout accord de paix, s’opposerait à tout retour aux lignes de1967 et se tiendrait fermement opposé au soi-disant droit de retour palestinien en Israë l.
Depuis 2 ans et demi, le gouvernement Obama a refusé de reconnaître et de réaffirmer ces assurances. Puis la semaine dernière, dans son discours au département d’Etat, le président Obama les a définitivement descendues en flammes. Il a déclaré que le conflit arabo-israélien devrait de fait être résolu le long « des lignes de1967 avec des échanges mutuellement agréés  ».
Rien de neuf ici, a déclaré Obama, trois jours plus tard. « Par définition, cela signifie que les partie elles-mêmes – Israéliens et Palestiniens – négocieront une frontière qui sera différente de celle de 1967.
Cela ne signifie rien de tel. « Mutuellement  » signifie que les deux parties doivent s’entendre. Et si une partie ne le fait pas ? Alors, par définition, vous êtes de retour aux lignes de 1967.
Cela n’est pas simplement une proposition rhétorique. Trois fois, les Palestiniens se sont vus offrir exactement cette formule – lignes de 1967 plus des échanges – à Camp David en 2000, à Taba en 2001, et pendant les négociations de 2008 entre Olmert et Abbas. A chaque fois, les Palestiniens ont dit non, et sont repartis au loin.
Et cela demeure leur position aujourd’hui. Les lignes de 1967. Point final. De fait, en septembre, les Palestiniens vont aller aux Nations Unies pour obtenir que le monde ratifie cela précisément – un Etat palestinien sur les lignes d e 1967. Pas d’échanges.
Remarquez comment Obama a sapé la position de négociations d’Israë l. Il exige qu’Israë l aille à des pourparlers de paix en ayant déjà renoncé à sa revendication sur le territoire gagné pendant la guerre de 1967 – sa seule pièce de marchandage. Rappelez-vous : que la ligne de 1967 passe droit à travers Jérusalem. Ainsi le point de départ de négociations serait que le Mur Occidental et même le quartier juif de Jerusalem soit palestinien – territoire étranger pour lequel Israë l doit maintenant marchander.
L’idée même que le site le plus saint du Judaïsme soit étranger ou que le Quartier juif de Jérusalem est légitimement ou historiquement ou démographiquement arabe est une absurdité. Et l’idée que pour les garder, Israë l devrait donner des parts de lui-même est une farce.
Obama n’a pas seulement déplacé les buts sur les frontières. Il l’a aussi fait sur le soi-disant « droit de retour  ». Inonder Israë l avec de smillions d’Arabes détruirait le seul Etat juif du monde tout en créant le 23ème Etat arabe et un deuxième Etat palestinien – pas exactement ce que nous signifions quand nous parlons d’une « solution à deux Etats  ». C’est pourquoi cela a été la stratégie politique des USA de s’opposer catégoriquement à ce « droit  ».
Pourtant, lors de son discours au département d’Etat, Obama a simplement refusé de réaffirmer cette position – et il l’a encore refusé dans un discours supposé correctif trois jours plus tard. Au lieu de cela, il a déclaré qu’Israë l doit négocier le droit de retour avec les Palestiniens après avoir donné chaque pouce de territoire. Marchander sur quoi, dites SVP ?
Pas de problème. « Le Statu Quo est insoutenable, a déclaré Obama, et Israë l doit aussi agir audacieusement pour faire progresser une paix durable  ».
Israë l aussi ? Quelles mesures audacieuses pour la paix les Palestiniens ont-ils prises exactement ? Israë l a fait trois offres de conciliation radicales pour établir un Etat palestinien, il s’est retiré de Gaza et a essayé de renouveler des négociations depuis plus de deux ans. Pendant ce temps, les Palestiniens de Gaza ont tiré des roquettes sur les villes et les villages israéliens. Et sur la Rive Occidentale, le président palestinien Mahmoud Abbas a rejeté l’offre du Premier ministre israélien d’alors, Ehud Olmert, il s’est écarté des négociations avec Benjamin Netanyahou et il défie aujourd’hui les USA en ne recherchant pas des pourparlers de paix, mais un Etat instantané – sans paix, sans reconnaissance d’Israë l – aux Nations Unies. Et pour rendre ce refus méprisant de tout processus de paix sans ambiguïté, Abbas donne son accord pour se joindre au Hamas génocidaire dans un gouvernement d’unité, dont même Obama reconnaît qu’il rend toute négociation impossible.
La réponse d’Obama à cette implacable intransigeance palestinienne ? La récompenser – en abandonnant les assurances de Bush, en légitimant les frontières de 1967 et en refusant de réaffirmer le rejet par l’Amérique du « droit au retour  ».
La seule question pendante est de savoir si cette stratégie politique perverse et en définitive funeste est née d’une profonde antipathie envers Israë l ou de l’arrogance d’un amateur balourd qui refuse de voir qu’il sape non seulement la paix mais la possibilité même de négociations.
http://www.washingtonpost.com/opini... israel/2011/05/26/AGJfYJCH_story.html
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