« Homo sum et humani nihil a me alienum puto  ». « Je suis homme, et rien de ce qui est humain ne m’est étranger  » écrivait l’auteur latin Terence
Jusqu’où la déchéance dans l’inhumain devra-t-elle se révéler pour que nous prenions enfin conscience qu’il est temps d’être lucides sur la réalité de notre société, sur la réalité de notre aveuglement ?
Je suis un être humain et ce que ces monstres ont fait subir à Ilan ne peut s’inscrire dans le registre de l’humain.
Je suis une mère et la torture, les mutilations infligées au si bel enfant de Madame Halimi doivent aussi nous meurtrir dans ce qui a construit notre humanité.
Et plus encore, au-delà de la barbarie endurée- désespérément endurée dans cette cité où l’on n’a pas voulu voir ni entendre- par un si jeune être humain respectable, dont les fils de la courte vie ont maintenant été sectionnés à la lame de la sauvagerie, c’est aussi une atteinte d’un autre ordre qui a été commise.
Dans l’indifférence des voisins, des amis et des familles de ses tortionnaires, Ilan a péri après trois « semaines de cristal  ».
Malgré le déni d’une certaine presse, d’un France Soir ce matin, le même qui a limogé B. Lefranc quand il a publié les caricatures, Ilan a été humilié, massacré, sacrifié parce qu’il était juif.
Un chroniqueur à la télévision faisait un parallèle avec le Moyen-âge, ses invasions barbares et ses épidémies.
Mais ici, la plus terrible épidémie n’est ni le virus aviaire ni la grippe australe : c’est bien l’épidémie insidieuse d’antisémitisme, dont les germes et la production sont cultivés dans certaines dictatures, dans certains discours religieux ou politiques, qui nous menace.
Il ne faut plus minimiser le péril ni surtout se supposer hors d’atteinte.
C’est aussi l’humanité de nos valeurs que l’on assassine.
Les différentes institutions juives disent leur révolte et leur solidarité ; que les non-juifs témoignent et qu’ils soient convaincants.
Ce « gang des barbares  », comme il a la médiocrité abjecte de se nommer, ne pourrait plus se livrer à ces atrocités si l’épidémie était, enfin, circonscrite.
Je ne suis pas juive et tout ce qui manifeste de l’antisémitisme doit me toucher pour la raison même que je suis un être humain.