Membre de la fédération nationale des journaliste israélienne, numéro carte presse 9025, et me trouvant à Genève pour quelques jours, je me suis trouvée au festival Paléo de Nyon (en Suisse) et je vous fait parvenir l’article suivant, illustrant un bon exemple de désinformation.
Un énorme tracteur tire une tondeuse, faisant en droite ligne des allers retours entre le grand chapiteau et l’immense podium. S’agitent 3 700 partenaires, à distinguer du staff selon une subtile hiérarchie de badges.
Une myriade de poubelles jaunes, blanches et vertes alignées dans les champs. Les camions Theatrans, lettres jaunes sur fond noir, viennent de Paris.Je passe sans badge sous un superbe échafaudage de bambous de quelque 8 mètres de long. Beignets de crevettes et de bananes, crèpes vietnamiennes près des yourtes mongoles.
Les entrées du Dome Asie Village du monde sont marquées Eingang. Champagne cuvée festival : dix francs suisse la coupe. Un mini champ de tournesols jouxte le pavillon japonais.
De hauts parasols se balancent dans un grincement de marina. Sinon, rien : merguez brochettes crèpes tartiflettes géantes sono et spots au quintal.
A la conférence de presse, le responsable des programmations demande la complicité des médias dans le cadre de l’intéret supérieur du Festival. Un autre s’élève contre les besoins d’une consommation mercantile.
Premier jour de programmation, mardi 19 juillet : Ravi Shankar, Lenny Kravitz et le trio Joubran, présenté par le service de presse comme « le trio palestinien Joubran ». « ...Samir Joubran, issu d’une famille de Nazareth en Palestine »...« suit les cours du centre musical de Nazareth à l’age de neuf ans »... (dans quelles limbes, dans quel pays ?).
Sur tout ce long texte, le mot Israel n’est pas prononcé une seule fois, ce qui lui donne une allure assez suréaliste. Sur la promo visuelle, diffusée sur grand écran avant le spectacle, un globe terrestre, puis zoom sur le Proche Orient et, barrant toute la carte à l’emplacement d’Israel, le mot : Palestine, avec Jérusalem en arrière plan.
L’interview de Samir Joubran se déroule (en hébreu) dans une grande cordialité. Ce jeune surdoué du oud, arabe catholique n’ayant d’autre passeport qu’israélien, s’est produit souvent en Israel jusqu’il y a cinq ans, entre autres aux cotés de Sapho , à Jéusalem ,(Binyané Haouma). A la fin de son concert, donné avec ses deux frères, il devait joliment remercier ses parents, qui vivent tranquillement à Nazareth.
S’il a choisi d’habiter Ramallah, c’est aussi parce que sa femme est américano palestinienne. Il évoque l’épanouissement du oud, cite Jamil et Mounir Bachir, Elias, le groupe Boustan, et insiste sur le style musical spécifique palestinien. Lui qui a joué au Larzac devant deux cents mille spectateurs, il veut transcender les frontières, et explique en riant que si Fouad Ben Eliezer est qualifié d’irakien, lui meme, Samir Jubran,se revendique palestinien de par ses racines, sa culture, ses sources musicales.
Il affirme avoir ignoré le tour de passe passe géographique accompli par le festival, en ajoutant que sur ses disques, et c’est exact, une carte indique les contours d’Israel, de la Cisjordanie et de Gaza.
Il conclut en affirmant qu’il « fait de la musique, pas la guerre ». Et lorsqu’il va de festival en festival, il le fait muni d’un passeport israélien.
Alors, messieurs du festival Paléo ? Plus royalistes que le roi ? Nazareth en Palestine, provoc ou impéritie du festival de Nyon, en... dans quel pays déjà ?