Jouer au ’martyr’ est un puissant symbole de marée montante intellectuelle pour la délégitimation d’Israë l.
L’état déplorable des départements d’études du Moyen-Orient sur les campus du premier cycle universitaire [’College’ aux USA, Ndt] a été un sujet de grave préoccupation pour beaucoup de ceux qui suivent la destinée déclinante des connaissances en Amérique.
Qu’un champ entier de l’étude académique ait grandi au cours du dernier quart de siècle en cherchant à délégitimer Israë l et le sionisme, ce n’est pas nouveau. Mais des efforts pour faire quelque chose à ce sujet valent d’être rapportés.
A quel point la situation est-elle mauvaise ? Assez mauvaise pour qu’au Collège Gratz, une institution juive non affiliée, située dans la région de Philadelphie, on perçoive qu’il fallait créer un nouvel institut spécialement conçu pour constituer une réponse académique aux départements d’études du Moyen-Orient qui sont des foyers d’antisionisme. Des orateurs lors d’un dîner local, cherchant à galvaniser le soutien au projet, ont remarqué que des préjugés envahissants à l’Université contre Israë l, caractéristiques du discours intellectuel sur les campus à travers le pays, nécessitent une réponse académique enracinée dans la connaissance.
Mais comment se fait-il que des gens supposés intelligents aient adhéré à la notion que la présence de Juifs dans leur antique patrie, et leurs tentatives pour y défendre leur présence, soient une offense contre les Arabes.
Comme il se trouve, vous n’avez pas besoin de retourner au Collège pour observer comment les conversations parmi les élites sur les sujets juifs sont en train de changer. Au lieu de cela, une visite à une représentation d’une pièce britannique très applaudie, qui a ouvert dans un théâtre en dehors de Broadway à New York cette semaine, vous donnera un indice sur le sens dans lequel le vent souffle.
La pièce est « Mon nom est Rachel Corrie », adaptation des lettres et des courriels d’une membre du « Mouvement de Solidarité International », groupe qui proclame son opposition à l’existence d’Israë l, et dont les membres cherchent activement à empêcher l’armée israélienne d’agir contre les cibles terroristes.
UNE VIE DE SAINTE
Corrie, une Américaine de 23 ans d’Everest, Washington, était l’un des « Internationaux » installée dans la ville frontière de Rafah, où Tsahal cherchait à démolir des tunnels utilisés par les Palestiniens pour apporter des armes et des explosifs à Gaza, et les utiliser contre des cibles juives (pratique qui continue jusqu’à ce jour).
Au cours d’une tentative israélienne d’abattre une structure abritant l’un de ces tunnels passant de l’Egypte vers Gaza en mars 2003, elle se plaça devant un bulldozer israélien. Mais elle glissa sur un monceau de détritus, et fut tuée dans ce que Tsahal détermina être un accident, mais que ses accompagnateurs accusèrent de meurtre.
C’était - comme toutes les morts qui ont résulté de la guerre palestinienne pour détruire Israë l - une perte de vie absurde. Mais pour les activistes de gauche comme l’acteur acclamé Alan Rickman et l’ancienne rédactrice en chef du ’Guardian’ Katherine Viner, la vie et la mort de Corrie étaient un matériau parfait pour une Å“uvre conçue pour faire avancer la cause pour laquelle elle a donné sa vie : la délégitimation de l’Etat d’Israë l.
Vous n’avez pas besoin de perdre votre temps à discuter les mérites artistiques de la pièce. Malgré les éloges qu’elle reçut à Londres, la pièce sur Corrie est la déclamation en solo d’une femme sur scène dépourvue d’attractivité littéraire ou dramatique, aussi susceptible d’entraîner son auditoire dans le sommeil qu’elle l’est de l’envoyer sur les barricades.
Mais « Mon nom est Rachel Corrie » n’est pas de la simple propagande ; c’est une polémique avec un objectif clair : la création d’une sainte laïque. Et pas seulement une sainte ordinaire. C’est l’hagiographie d’un type particulier de sainte : la victime d’une accusation de meurtre juif.
La première partie apparemment interminable de la pièce est consacrée à sa vie après son retour à Washington. Mais la banalité de sa vie et les observations ne sont pas sans objectif. La Rachel Corrie qu’on nous montre est une Anne Frank non juive d’un nouvel âge.
Elle est décrite comme une enfant américaine sensible qui a quitté Gaza, où elle a fini d’interroger sa croyance dans l’humanité des Israéliens qui combattaient ses copains palestiniens.
Vu à travers la vision tunnelaire particulière de Corrie, Israë l est une puissance du mal dont le seul objectif semble être de rendre malheureux les Arabes palestiniens non violents.
Dans sa version de Gaza, les groupes terroristes étaient invisibles. La décision palestinienne de lancer l’intifada, qui a créé la lutte dont elle a été témoin, n’est jamais mentionnée. Tout ce qu’elle voit, c’est une population palestinienne résistant à « l’oppression » israélienne, avec une indulgence digne de Gandhi.
Israë l à travers quoi Corrie passe brièvement sur sa route vers Gaza, est une ardoise blanche. Bien qu’elle s’oppose à l’antisémitisme, l’Etat juif est pour elle, et pour les auteurs de la pièce, simplement une extension de la méchante politique étrangère américaine, et de sa puissance militaire. Sa seule réaction aux signes de vie juive, est de remarquer qu’elle n’a jamais vu auparavant une étoile de David utilisée comme symbole de « colonialisme ».
Comme Corrie se bat de l’autre côté du registre, la mort d’un millier de Juifs du fait de ses potes non violents ne vaut pas la peine d’être mentionnée.
Sa réaction à un courriel de sa mère s’interrogeant sur la violence palestinienne est une déclamation passionnée justifiant toutes les mesures que les Palestiniens pourraient prendre pour combattre les Israéliens. Les attentats suicide à la bombe obtiennent le certificat de cashrout de Corrie parce que les doux Palestiniens qu’elle rencontre le valent bien - et pas les Israéliens sans visage.
LA PUISSANCE D’UN MENSONGE
La pièce se conclut sur cette note modérée. Ce qui suit est une cassette audio enregistrée de l’une des complices de Corrie, clamant qu’elle a été tuée délibérément.
Après cela, on projette à l’auditoire une véritable vidéo de Corrie âgée de 10 ans, affirmant son opposition à la faim dans le monde, avant que les lampes ne s’éteignent.
Nous pouvons pousser un éclat de rire face aux prétentions des auteurs d’une camelote aussi larmoyante, comme Oscar Wilde le fit il y a un siècle quand il écrivit au sujet d’une autre pièce de foutaise sentimentale : « Il faudrait avoir un cÅ“ur de pierre pour lire la mort de la Petite Nell sans rire ».
Mais ce serait une faute de sous-estimer la puissance d’un mensonge, même aussi transparent, comme celui de la version mythique de Rickman et Viner sur cette Corrie mal avisée.
Il existe une tradition d’utilisation du théâtre en tant que chaire politique brutale, et vous pouvez aisément imaginer que ce ramassis aura une longue durée de vie, faisant le tour des provinces et des campus des collèges, où un nombre énorme de membres d’auditoires naïfs pleurera encore sur la mort de l’innocente petite Rachel aux mains des Juifs rapaces.
Alan Rickman and Katherine Viner - et tous ceux qui ont applaudi leur travail - veulent croire que Rachel Corrie est morte pour les pêchés de l’Amérique au Moyen-Orient.
Mais si vous croyez cela, il n’y a pas un long chemin à faire pour penser, comme Corrie apparemment l’a fait, que les Juifs d’Israë l méritent de mourir, aussi. Comme l’écrivain britannique Tom Gross l’a noté lors du lancement de la pièce, ses promoteurs, comme Corrie elle-même, auraient pu prendre le temps d’en apprendre davantage sur les nombreuses autres Rachel, les femmes et les filles juives massacrées par des Palestiniens, au nom du jihad que Corrie soutenait.
Oui, ce qui fait que « Rachel Corrie » vaut d’être remarqué, c’est que cette introduction de la perfidie israélienne et de l’état de victimes des Palestiniens sont vraiment présentés dans beaucoup de classes américaines.
Ceux qui se demandent comment la vérité peut aussi facilement marcher sur la tête, doivent seulement se balader depuis le théâtre de ’West Village’ où le spectacle sera joué jusqu’à la fin de l’année, puis visiter pratiquement tous les campus où un département d’études du Moyen-Orient a pris pied.