Ces jours-ci nous avons été les témoins de trois événements convergents qui, tous, portent le même message. L’important journal qu’est le New York Times a publié l’opinion d’un professeur de philosophie juif estimant que contester le droit d’exister d’un Etat juif n’a rien d’antisémite[1]. Le journal Charlie Hebdo[2] annonçait quant à lui la disparition « dans quelques années » d’Israël, qualifié « d’Atlantide en sursis » car, selon lui, « Israël se suicide à petit feu ». Enfin, Shlomo Sand, après nous avoir expliqué que le peuple juif et la Terre d’Israël n’existaient pas, a publié un livre dont le titre est tout un programme « Comment j’ai cessé d’être juif »[3].
Nous sommes
ainsi fixés sur les finalités
profondes de la critique d’Israël ou sur l’intention inavouée des
conseils
réputés amicaux sur la politique qu’il faudrait suivre.
Comment faire face à ce poison mental insidieux qui finit par pénétrer
certains
milieux de l’opinion juive autant qu’israélienne ? Elle a quelque
chose de
pathétique et rappelle que bien des Juifs, 65 ans après la création
d’un Etat
d’Israël, 70 ans après la Shoah, 50 ans après l’exclusion des Juifs des
pays
arabes, sont prêts à enfiler à nouveau les habits indignes du dhimmi ou le manteau passe muraille de
l’Israélite du XIX°
siècle. Mais la démission peut être aussi silencieuse quand des Juifs,
des
jeunes surtout, s’éloignent des réalités juives parce qu’elles
deviennent trop
lourdes et problématiques à porter.
Ne s’est-on
pas suffisamment rendu compte que ce
sont là des voies qui mènent inéluctablement à la destruction ? Et
comment
se comporter ainsi alors que la bonne nouvelle d’une souveraineté juive
est
parvenue à nos oreilles. Il faut croire que certains ont des yeux pour
ne pas
voir et des oreilles pour ne pas entendre.
C’est toute
une éducation qui est à refaire et
dans laquelle Israël ne semble pas avoir très bien réussi jusqu’à ce
jour.
C’est une nouvelle façon d’être un homme juif ou une femme juive qui
doit nous
inspirer: une façon d’assumer notre existence souveraine de sujet de
l’histoire
face au monde et aux autres, sans gloriole mais avec une conviction
puissante
et inébranlable.
En ce temps de Pessah, c’est l’entrechoc entre la génération servile de
la
sortie d’Egypte et celle de la liberté qui se produit. Telle est
l’épreuve Ã
laquelle nous appelle l’existence contre vents et marées d’un Etat juif
qui est
là pour durer n’en déplaise aux prophètes de la démission.
[1]
Joseph Levine, « On questioning
the Jewish State », 9 Mars 2013
[2]
« Israël, l’Atlantide en sursis », 19 mars 2013, http://www.charliehebdo.fr/news/israel-atlantide-sursis-789.html
[3]
Flammarion, Mars 2013.
*Chronique sur Radio J, du vendredi 29 mars 2013.