C’est à l’initiative du CRIF qu’a été commémoré l’attentat de Munich au Comité olympique français à Paris le 5 septembre. Cérémonie sobre au cours de laquelle hommage a été rendu aux onze athlètes assassinés dans ce qui fut un acte barbare, raciste, mettant aussi à mal les valeurs olympiques de fraternité et de paix. Alors qu’aujourd’hui perdurent ces courants de haine antisémite, contraires à ces valeurs. Une commémoration n’ayant rien de politique, soulignait le ministre des Sports, l’une des personnalités qui s’exprimèrent ce soir-là .
Onze athlètes assassinés
Une présence quasi tangible des onze athlètes israéliens assassinés lors des Jeux Olympique de Munich aura marqué la commémoration de l’attentat au cours duquel ils furent tués par des terroristes palestiniens de Septembre Noir. Tangible par des films d’archives, en noir et blanc, dans lesquels on voyait otages israéliens, terroristes, policiers allemands et ce village, censé être un havre de paix et de fraternité, mais qui « n’était plus olympique.. en ce 5 septembre où l’on a basculé dans l’horreur  », témoignait Jean-Jacques Mulot, Président de la Fédération de l’Aviron aux J.O. De 1972.
Présence aussi à travers des témoignages. Comme celui de l’athlète israélienne, Esther Roth Shahamarov, relatant dans un entretien filmé le déroulement de cette journée où elle fut réveillée très tôt et mise à l’abri avec d’autres sportifs israéliens, alors que déjà deux athlètes avaient été assassinés dans leur dortoir. Assassinés et « mutilés atrocement  », rappelait le Président du CRIF, Richard Prasquier, alors interne en médecine à l’Hotel-Dieu à Paris, pour qui le souvenir de l’attentat « brà »le encore dans la mémoire  ». « Un abject attentat dont les images sont très présentes dans notre mémoire collective  » disait Suzanne Wasum-Rainer, Ambassadeur d’Allemagne à Paris, reconnaissant ce qui fut alors l’échec de la police allemande, mais soulignant que « les relations entre Israë l et l’Allemagne tirent leur force de l’histoire  ». Elle nommait chacun des athlètes assassinés, avait une pensée pour leur famille, nommant aussi le policier allemand tué au cours d’une fusillade.
L’Allemagne offrit alors aux terroristes une rançon illimitée ou de hauts fonctionnaires allemands en échange de la libération des neuf athlètes pris en otage, qui n’avaient pas été assassinés immédiatement. Offres déclinées par les terroristes exigeant la libération de deux cents terroristes en prison en Israë l. Alors Premier ministre, Golda Meir rejetta toute négociation avec eux se refusant à créer un précédent qui aurait mis en danger tout Israélien à l’avenir.
Parmi les proches des athlètes, Murielle Schor, Administratrice du Consistoire et Adjointe au Maire du XVII ème, évoquait avec émotion, la mémoire de son oncle, le plus jeune frère de son père venu faire ses études de médecine en France. Kehat Schor, qui avait été champion de tir en Roumanie, avait émigré en Israë l et était alors l’entraîneur de l’équipe israélienne de tir. Ce fut une journée d’angoisse pour toute sa famille, y compris à Paris, avant son dénouement tragique. Un attentat « qui fit découvrir la violence du terrorisme  », dit-elle, soulignant que « tout le monde doit être concerné  ».
Des J.O . qui ne furent arrêtés qu’une seule journée
Une journée où alterna angoisse et espoir sur place également, rapportaient Esther Roth Shahamarov et Jean-Jacques Mulot, les deux témoins directs de l’attentat. Qui tous deux soulignaient aussi qu’après l’assassinat des onze athlètes israéliens, neuf d’entre eux ayant été tués à l’aéroport de Munich lors de la tentative faite pour les libérer, la décision fut prise alors de n’arrêter les Jeux que pendant une seule journée. Au nom de « retombées économiques, de la vie des athlètes, du désir de spectacle de nos sociétés  », commentait Richard Prasquier.
Valérie Fourneyron : « crime haineux impardonnable, violant la trêve olympique  »
S’exprimant au nom du gouvernement mais soulignant la caractère non politique de cette commémoration, Valérie Fourneyron, Ministre des Sports, de la Jeunesse, de l’Éducation populaire et de la Vie associative, dénonçait les terroristes et leur « crime haineux, impardonnable  » ayant « violé la trêve olympique...pris la vie de onze innocents, profané le sanctuaire olympique  ». Elle y opposait « la paix et la fraternité  » qu’elle avait ressenties en visitant récemment le village olympique des J.O. de Londres, affirmant que « le France n’oublie pas  » et que « l’histoire des Jeux Olympiques est à jamais marquée  ».
Ce en quoi la rejoignait Yossi Gal, Ambassadeur d’Israë l à Paris, dénonçant « une attaque contre la paix, la tolérance, les valeurs des J.O.  » et « un symbole de la lâcheté des Palestiniens et des terroristes, de leur idéologie de haine et de mort  ».
Politique évoquée, toutefois, dans le discours du Maire de Paris, lu par son Adjoint, Pierre Shapira, disant « la nécessité de combattre toutes les sortes de racisme, y compris l’antisémitisme  », ajoutant que cet attentat aux J.O. de Munich « avait été la conséquence dramatique du conflit embrasant le Moyen-Orient, la paix passant par l’existence de deux États, l’État d’Israë l inconditionnellement reconnu par tous  ».
Permanence de la haine antisémite, nécessité de la vigilance, de la mémoire et de l’idéal olympique
Plusieurs intervenants relevèrent que cet acte de haine antisémite n’était pas un moment isolé. Ainsi, le Grand rabbin de France, Gilles Bernheim, soulignait que « la menace terroriste perdure  », comme on l’a vu en Bulgarie où, récemment, « des Israéliens ont été tués  », rappelait Yossi Gal.
Autre rappel quant à la permanence de cette haine aujourd’hui par Richard Prasquier, évoquant les « athlètes qui refusent de défiler avec des sportifs israéliens, des athlètes qui refusent de se mesurer à des athlètes israéliens et sont ensuite accueillis en héros en rentrant dans leur pays  ».
Même haine constatée par le passé, par le Président du CRIF, rappelant les J.O. de Berlin de 1936. Qui s’ouvrirent sous des saluts hitlériens alors que persécutions et déportations nazies avaient déjà commencé en Allemagne. Ce qui ne put convaincre le Comité International des J.O. de renoncer à leur tenue à Munich. Le Grand Rabbin de France évoquant, pour sa part, le sort du champion de boxe, Victor Pérez, né à Tunis, déporté à Auschwitz, assassiné en janvier 1945 au cours d’une Marche de la Mort.
« Nous ne devons pas oublier  », notait le Président du Comité olympique français, Denis Masseglia, rendant hommage à « ces sportifs qui n’avaient rien demandé d’autre que de réaliser leur rêve aux JO de Munich  », car « l’idéal olympique doit inspirer un monde meilleur..la paix par l’olympisme, un message mis à mal en ce jour-là  » et « on ne peut construire l’avenir sans la mémoire  ».
Respect des valeurs olympiques, sport fondé sur le respect de la personne, mais aussi nécessaire vigilance, étaient évoqués aussi par Alain Alvin-Berod, philosophe et Président du think-tank « Sport et Citoyenneté  ».
Le CRIF et son Président furent remerciés pour avoir pris l’initiative de cette commémoration. « A Paris, berceau de l’olympisme, avec Pierre de Coubertin  » expliquait Richard Prasquier, notant que « 6 mois plus tard Herzl y entendait des cris de haine  ». Une grande cérémonie se tenait aussi à Munich, à l’aéroport, où furent tués les neuf otages israéliens et un policier allemand, en présence des familles.
De nombreuses personnalités ont assisté à cette cérémonie. Parmi elles le vice-Président du Sénat, des élus appartenant à tous les partis politiques, des représentants d’associations, ou encore Latifa Ibn-Ziaten, la mère de la première victime de Mohammed Merah.