Un pan de la réalité bien concrète de la vie à Gaza – ou des Territoires gérés par l’Autorité palestinienne - n’est quasiment jamais évoqué par nos médias pourtant si sensibles et bien-pensants : le sort des femmes palestiniennes dans le Hamasland. Un reportage palestinien dans une prison de Gaza le 15 juin 2010 est édifiant.
« Crimes éthiques  » à Gaza
Pour contrer les accusations de tortures et de saleté l’Autorité palestinienne a décidé d’organiser une visite de journalistes dans la prison centrale pour femmes d’Ansar à Gaza et des interviews de huit détenues, réunies dans une seule pièce, apprend-t-on dans un reportage. Visite soigneusement préparée on l’imagine.
Ces femmes ont été condamnées à des peines de prison pour « vols, crimes et chèques sans provision.  » Mais aussi, et c’est contre cela que tous les humanistes devraient s’élever pour « questions éthiques.  » Un exemple de ce que cela signifie est donné avec le cas de « Samia, 35 ans. Condamnée à de la prison pour ce qui est décrit comme « une accusation éthique  » après que des voisins l’aient accusée d’avoir été enceinte illégalement, bien qu’elle n’ait jamais été enceinte. Expliquant la situation, Samia a déclaré que son crime a été un adultère, ajoutant que cela est devenu un sujet de controverse parmi ses voisins. Elle a finalement été accusée et emprisonnée.  »
« Ce que j’ai fait était haram – interdit- , mais cela a été un moment funeste et je ne m’en suis pas rendu compte avant qu’il ne soit trop tard,  » dit-elle. Lorsque son père est tombé malade elle a été envoyée en prison pour cette « inculpation éthique  » et 44 jours plus tard il est sorti de l’hôpital et est venu la voir.
Le pardon lui a été refusé et Samia dit que son père « a refusé de la voir près de lui, bien que j’ai promis de rester à la maison après avoir été relâchée.  » Elle dit qu’elle a passé 45 minutes avec son père, lui expliquant que l’accusation d’une grossesse illégitime était fausse et que les tests ont montré qu’elle n’avait pas été enceinte et que cette accusation venait de rumeurs lancées par des voisins.
Sans être pardonnée par son père, Samia n’aurait eu nulle part où aller si elle était relâchée de prison. La Bande de Gaza est une série de petites communautés dans lesquelles la plupart des gens se connaissent ainsi que leurs familles au sens large. Il est donc impossible d’y être anonyme et le pardon est essentiel.
Une préoccupation centrale pour Samia et la plupart des autres femmes dans cet établissement....
Les femmes inculpées de « crime éthique  » sont traitées à part, expliquait Suleiman [ le Colonel qui gère la prison ] parce que nous craignons que si on les relâche de prison leur famille les tuera.  » Il a dit que les tribunaux et les procureurs « interviennent pour résoudre ce type de problème et que parfois ils laissent ces femmes en prison jusqu’à ce que les hommes de la famille interviennent et acceptent un pardon.  »
Le directeur précisait que « le gouvernement de facto de Gaza prévoit de construire une nouvelle prison, plus grande, après que l’établissement As-Saraya ait été démoli pendant un raid aérien israélien pendant les premiers jours de la dernière guerre d’Israë l contre Gaza en 2008-2009. Le nouvel établissement aura plus d’une pièce pour les femmes et une capacité de 500 lits au lieu des 300 d’Ansar.  »
En Cisjordanie aussi
La déléguée palestinienne en France, en réponse à une question posée lors d’une conférence de presse à Paris le 9 mars dernier, admettait que « le Président Mahmoud Abbas n’a toujours pas signé le décret criminalisant les ’crimes d’honneur’ mais que la résistance à l’occupation est ce qui prime tout.  » Crime d’honneur signifiant l’assassinat d’une femme accusée d’avoir « fauté  »....que l’accusation soit vérifiée ou pas d’ailleurs...
C’est la loi jordanienne qui est appliquée dans les Territoires administrés par l’Autorité palestinienne et les chiffres dont on dispose sont très certainement en dessous de la réalité étant donné que ce type de crime n’est pas censé en être un dans la société palestinienne
« Pierre Rehov évoquait déjà ce sujet de la place peu enviable de la femme dans la société palestinienne dans son documentaire de 2006 « Suicide Killers » . Il y examine, grâce à des témoignanges inédits receuillis sur place, cette culture si peu compréhensible pour nous qui produit des »shahids« - bombes humaines-. »