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Le Quai d’Orsay et les « manifestations pacifiques »
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 31 mars 2010

Lors de son point de presse du lundi 30 mars, le porte-parole du Quai d’Orsay a été interrogé sur « l’arrestation de certains Palestiniens qui manifestaient pacifiquement à Jérusalem, à l’occasion du dimanche des Rameaux ». Le diplomate a ainsi présenté cet événement, tel qu’a dû le lui raconter le Consul général de France à Jérusalem, dont l’impartialité dans le conflit israélo-palestinien reste encore à démontrer : « Abbas Zaki, membre du Comité central du Fatah, a été arrêté dimanche avec une quinzaine d’autres personnes à l’occasion d’une marche pacifique depuis la basilique de la Nativité à Bethléem jusqu’au checkpoint dit de la « Tombe de Rachel » » (souligné par nous).

Il est évident, tout d’abord, que l’évocation de la qualité de dirigeant politique du leader de la manifestation ne pouvait laisser insensibles les autorités israéliennes, chargées de faire respecter l’ordre à Jérusalem, où un rien peut envenimer la situation.

En second lieu, c’est faire preuve d’une grande naïveté que de feindre d’ignorer que, surtout, au Moyen-Orient, une manifestation sur la voie publique peut rapidement dégénérer.

Enfin, et surtout – ce que ne fait, évidemment, pas le porte-parole du Quai d’Orsay – le choix de l’itinéraire choisi pour cette manifestation, qui devait aboutir à la « Tombe de Rachel » ne pouvait être innocent.

Bien évidemment, le point d’arrivée avait été, très vraisemblablement choisi, par rapport à la décision annoncée il y a quelques semaines par le Premier ministre israélien d’inscrire le « tombeau de Rachel » sur la liste des lieux saints juifs, situés en Cisjordanie, auxquels le gouvernement israélien entendait veiller pour assurer leur maintien en bon état.

Jusqu’à preuve du contraire, le « tombeau de Rachel » ne fait pas partie des lieux saints chrétiens, même si le retour à leurs sources pourrait conduire certains chrétiens à le revendiquer également…..

Le fait qu’officiellement, « cette marche était organisée par une ONG chrétienne pour protester contre les restrictions d’accès à Jérusalem imposées aux chrétiens palestiniens à l’occasion du dimanche des Rameaux » ne justifie en rien la place de choix occupée, dans cette manifestation, non pas par un dignitaire religieux, mais par un responsable politique.

Et, lorsque le diplomate français appelle à « la remise en liberté d’Abbas Zaki et des personnes arrêtées à l’occasion d’une manifestation pacifique, en soutien à la liberté d’accès à la Ville sainte pour une importante fête religieuse chrétienne », il nous semble que le porte-parole du Quai d’Orsay laisse entendre, insidieusement, qu’Israël porterait atteinte à la liberté religieuse des chrétiens.

Il n’est évidemment jamais venu à l’idée des autorités françaises de s’interroger sur les raisons pour lesquelles – heureusement - aucun désordre n’est jamais survenu dans ou aux alentours des lieux de culte chrétiens, sauf, précisément, en novembre 2002, à l’Eglise de la Nativité à Bethléem, qui avait été prise d’assaut par des terroristes palestiniens.

La leçon a été tirée de cet incident et, malheureusement, les autorités israéliennes sont amenées, parfois, à prendre des mesures de sécurité pour éviter des débordements de nature à troubler gravement l’ordre public.

Il est évident que les autorités israéliennes doivent trouver un équilibre entre deux libertés publiques fondamentales : d’une part la liberté religieuse et d’autre part le maintien de la sécurité et de l’ordre public.

Malgré les mesures de sécurité prises par la police israélienne pour retreindre l’accès de l’Esplanade des Mosquées, on n’a jamais entendu dire que les mosquées étaient désertes.

Il en a, certainement, été de même, pour le dimanche des Rameaux pour les Eglises chrétiennes de Jérusalem.

Que n’eut-on pas entendu si, par malheur, des incidents violents s’étaient produits, sinon lors de cette « manifestation pacifique », du moins à sa suite.

A croire que les diplomates français ignorent les débordements violents constatés au cours de manifestations tout aussi pacifiques à Paris……

Alors de grâce, un peu plus de réalisme et moins de « prêchi-prêcha »…..



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