Personne n’en parle dans les médias occidentaux, une campagne de persécution systématique a pris place dans la bande de Gaza et dans une moindre mesure en Cisjordanie. Le silence général autour de cette campagne contribue à son intensification. Les victimes sont les Chrétiens palestiniens, en particulier la petite communauté de Gaza.
Les persécuteurs sont les divers groupes islamistes dont les actions ne sont que les manifestations d’un militantisme et d’une bigoterie qui ne cessent de croître dans la région. La population chrétienne est peu nombreuse, entre 2 et 3000 âmes, et du fait de l’évolution ambiante, elle tend à devenir invisible sur le plan civique.
Depuis le coup d’état du Hamas en juillet 2007, la situation des Chrétiens est devenue intenable. Enhardies par l’indifférence des autorités, les organisations islamistes ont commencé à viser les institutions chrétiennes et les personnes par l’intimidation, le harcèlement et les menaces d’enlèvement, en permanence, et sans aucune impunité.
A Gaza City, l’Association biblique « Teachers Bookshop » a subi de nombreuses attaques, notamment à la bombe en avril 2007. Son propriétaire, Rami Khader Ayyad, a été enlevé en plein jour et trouvé mort le 7/10/07. L’année suivante, les institutions chrétiennes ont subi de nombreuses attaques à la bombe, notamment les écoles. En mai 2008, l’école américaine de Beit Lahya a été atteinte et en été 2008, l’école des sÅ“urs Zahwa Rosary Sisters et l’école El Manara, la librairie de YMCA et le Commonwealth War Cemetery également. Les attaques ont lieu souvent la nuit, sans autres victimes que les gardes.
On pense que les coupables sont les groupes salafistes comme Jaish al Islam, Jaish al Ouma… Les Comités de Résistance Populaires les plus en vue ont décrété que la présence chrétienne devait être éliminée de Gaza, car elle diffuse une culture pro-occidentale et anti-islamique. Et les autorités du Hamas, que font-elles ?
Elles se sont contentées de critiquer ces attaques et les arrestations sont rares, et, quand elles ont lieu, les suspects sont libérés rapidement, sans jugement. Ce fut le cas des 2 terroristes de Jaish al Islam qui ont attaqué la YMCA.
Ces persécutions ne sont pas le fait de simples groupuscules, mais il s’agit d’un large processus d’islamisation de la société palestinienne dans lequel le Hamas est partie prenante. Les cadres du mouvement divisé du Fatah n’en sont pas exempts. Les Comités populaires de résistance, par exemple, ont été fondés par d’anciens officiers du Fatah qui cherchaient à assouvir leur zèle religieux.
La situation en Cisjordanie est différente, du fait que la population chrétienne est plus nombreuse et les forces laïques y sont plus puissantes. Néanmoins la tendance anti-chrétienne y rend amère la vie de cette communauté. Al Ayam, un journal local, attire l’attention sur le « rachat obligatoire des terres chrétiennes », à Bethlehem, Ramallah et al Bireh. Les puissants clans et les forces de sécurité palestiniennes ont mis en place des méthodes pour s’emparer des terres chrétiennes, par de faux documents de propriété, par le squat, l’expropriation ou l’intimidation. Le journaliste Abd alNasser al Najjar se plaint que les autorités ou les ONG ne protègent pas les Chrétiens…
Officiellement on clame l’unité nationale entre Musulmans et Chrétiens et les représentants de la Communauté Chrétienne confirment cette annonce. Mais sur le terrain, les Chrétiens de l’Autorité Palestinienne ont peur, la population de Bethlehem, par exemple, étant passé de 60% en 1990 à 20% aujourd’hui. Et on peut craindre que la minuscule communauté de Gaza ne disparaisse dans peu de temps.
Mais ces événements ne sont que le reflet d’un processus général qui est en cours dans tout le Moyen Orient et dont les médias occidentaux et les ONG ne parlent pas, préférant ignorer cette dure réalité du terrain. Et le résultat est l’agonie d’une très vieille communauté du Moyen Orient. (1)
Note de la traduction
(1) Cette tendance à la disparition des très anciennes communautés chrétiennes du Moyen Orient est très visible au Liban, en Irak, en Egypte particulièrement. Pourtant elles charrient des cultures ancestrales (copte, maronite, chaldéenne, grecque-orthodoxe…) qui risquent de s’évaporer du patrimoine mondial.