L’Hebdo du Médiateur, ce samedi. Je suis un peu las, après une semaine bien remplie à Paris mais aucun autre rédacteur de la Ména n’est disponible pour regarder cette émission qui nous concerne souvent. Alors je m’y colle.
Et je fais bien. C’est justement Thierry Thuillier l’invité principal de Jean-Claude Allanic. Ca commence par des questions à propos de la couverture des attentats de Madrid.
J’attends. Je m’attends au pire, après le reportage réalisé par la Ména, sous la houlette d’Ilan Tsadik, au sujet d’une nouvelle imposture audiovisuelle gigantesque à caractère antisémite de France 2. (lire le reportage). Ca se passait dans l’émission « Un Å“il sur la Planète » et Thierry Thuillier est impliqué jusqu’aux oreilles.
Le pire arrive. A l’abjection de l’émission, qui présentait un faux scoop à la A Dura en direct, va bientôt s’ajouter le mensonge et le manque de respect minimum pour l’intelligence du téléspectateur. Mais ces nouveaux outrages à l’information, ces circonstances aggravantes à un cas d’anthologie d’incitation à la haine ethnique sur chaîne publique commencent par une mise en condition des téléspectateurs.
Allanic a vraisemblablement reçu des centaines de fois l’article d’Ilan, envoyé par des citoyens qui demandaient à FR 2 des explications (la Ména a - à nouveau ! - été la seule institution médiatique à mentionner l’imposture et à lui consacrer une enquête approfondie) ainsi que quelques messages se réjouissant de ce que la chaîne se soit encore arrogé le droit incongru de stigmatiser la monstruosité des juifs en public. Pourtant, le médiateur a choisi de ne passer à l’écran que deux emails de la seconde sorte. Deux messages louant Thuillier pour son travail de faussaire.
C’est oralement qu’Allanic fait état de certaines critiques de téléspectateurs. Lesquelles ? Quel en est l’argument ? On n’en saura rien encore, il faut deviner.
Quant à citer la source de l’accusation d’imposture formulée par la Metula News Agency contre FR2 et ses Bachi-bouzouks de l’info, faut pas rêver, la série Bayard s’est éteinte avec la fin des années soixante.
On nage donc en pleine nébuleuse. Thuillier est soudain mal à l’aise. Malgré le parterre de roses qu’Allanic lui a confectionné, son visage et ses gestes expriment une grande tension. C’est lui qui va expliquer l’argument : certaines personnes ont affirmé que nous avions prétendu que la mort de trois enfants palestiniens se serait produite durant le tournage du reportage. Il n’en est rien. Comment les téléspectateurs auraient-ils pu croire que c’était ce que nous affirmions, puisque nous avons précisé que nous ne savions pas si les militaires israéliens étaient en train d’utiliser des balles réelles ou des balles en caoutchouc.
Je cite de mémoire, c’est pour cela que le texte n’est pas entre guillemets mais je vous assure qu’il ne trahit en rien la plaidoirie de Thuillier.
Et nous n’avons jamais dit que les Israéliens venaient de tuer trois enfants palestiniens. Il s’agissait de l’évocation de faits s’étant déroulés à cet endroit par le passé.
C’est vrai, vous ne l’affirmez pas dans votre reportage, mais, ce qui est largement pire, par votre montage des propos et des images, suivant un schéma authentiquement goebbelsien en la circonstance, vous le faites dire à la personne que vous interviewez et à son parfait insu de surcroît (c’est la Ména qui a mis au courant les militantes de Mahsom Watch de ce que FR2 avait fait dire à Yvonne Mansbach).
Le cas est grave, très grave. L’affaire Juppé, en perspective, ressemble à une péripétie de Bugs Bunny. Là , la chaîne de télévision officielle de la république française accuse, par Thierry Thuillier interposé, dans un premier temps, les soldats d’un Etat hyper démocratique d’avoir assassiné trois enfants palestiniens « pour avoir donné un coup de pied à la barrière de sécurité » et dans un second temps, elle affirme n’avoir jamais prétendu cela.
Non seulement Thuillier ne présente-t-il pas d’excuses aux téléspectateurs pour abjurer sa forfaiture, encore sent-on que la chaîne est à deux doigts de crier à la calomnie de la Ména (en continuant de ne pas la citer).
Pourtant, les journalistes de France 2 se sont bien à nouveau livrés à une imposture caractérisée, suivie d’un parjure, pathétique de simplisme et d’outrecuidance.
Si Thuillier savait (et il savait, bien évidemment) que les soldats qui sont filmés dans son émission ne tirent pas sur des enfants palestiniens, pourquoi le commentaire amène-t-il les téléspectateurs à des conclusions opposées ? Pourquoi, aussi, évoque-t-il la possibilité de l’usage de balles réelles, s’il a conscience de ce que personne n’a été blessé ?
S’il sait que ses images ne montrent pas l’événement qui est relaté dans l’entrevue qu’il conduit avec Yvonne Mansbach, Thuillier a bien évidemment l’obligation déontologique de le faire savoir au public. Cette obligation naissant de l’amalgame indéniable qui apparaît sur la pellicule et dans la bande son, le fait de ne pas avoir prononcé le texte de l’imposture mais de l’avoir mis en scène, ne vaut pas dispense au journaliste de l’obligation d’expliquer clairement au téléspectateur la signification de ce qu’il voit et de ce qu’il entend.
Mais ce qui est encore plus tragique que les aboutissants de l’analyse médiatique que nous venons de faire, c’est que ce qui figure sur le reste du reportage que nous incriminons et que le médiateur a choisi de ne pas remontrer ce samedi, fait de Thierry Thuillier et de France 2 des menteurs caractérisés, pris, si j’ose dire, la main dans le sac.
C’est que, non content de fabriquer trois nouveaux A Dura, le directeur de l’information internationale de la chaîne publique poursuivait dans son Å’il sur la planète, par une attaque en règle contre l’insensibilité des médias israéliens relativement à la perte de civils arabes. Or, l’observation de ce commentaire de Thuillier me permet d’affirmer que ce journaliste a bien eu l’intention de faire croire aux téléspectateurs ce qu’il a le front de nier désormais dans l’Hebdo du Médiateur. En effet, Thuillier conclut : « Une liberté de parole, une révolte qui ne trouve que peu d’écho dans l’Israë l d’aujourd’hui. Cet incident est tellement commun, qu’il ne fait pas une ligne dans la presse d’Israë l. »
Allons, si l’incident suggéré (tellement commun !) de l’assassinat des trois enfants palestiniens n’apparaît pas dans cette partie du reportage, à quel incident Thuillier fait-il donc allusion ? Il n’y a pas d’autre incident dans ce reportage ! C’est à ce détail que la plaidoirie de ce collègue tourne à la bouffonnerie sinistre qui lui vaut cette première fessée de la part de confrères…
Et puisque désormais il affirme à Jean-Claude Allanic que le jour du tournage aucun enfant palestinien n’a été tué par les Israéliens, et que cette remarque concerne des événements s’étant déroulés antérieurement, Thuillier sait également que lesdits événements - dont les faits sont abondamment disputés par les différents protagonistes - sont au nombre de trois et qu’ils se sont déroulés à trois dates distinctes sur une période de dix mois. Conséquemment, deux choses dans sa remarque prennent soudain un éclairage saisissant :
1. S’exprimant au sujet d’un incident unique (cet incident est tellement commun qu’il ne fait…) nous établissons que Thierry Thuillier réunit effectivement et explicitement trois événements allégués anciens en un seul qui n’existe que virtuellement et que dans son émission.
2. Il a l’immense audace d’accuser la « presse d’Israë l » de ne pas consacrer une ligne à UN événement qu’il vient d’inventer. A la question dramatique pour le journaliste : Comment la presse israélienne aurait-elle pu commenter un événement qui n’a pas eu lieu ? s’ajoute également celle-ci, non moins dramatique pour FR2 : Est-il concevable de porter une telle accusation, surtout sur une chaîne d’Etat, surtout lorsque l’on remplit la fonction de chef de l’information internationale ?
A mon tour de rappeler, ce que Thuillier et Allanic n’ont pas jugé nécessaire de préciser cet après-midi, à savoir que personne n’a jamais été tué par des soldats israéliens pour avoir donné un coup de pied dans une barrière et que cette autre accusation, digne aussi des Protocoles des Sages de Sion, qui figure sur cet Å“il borgne que la TV de la France officielle a jeté sur Israë l, doit également être publiquement précisée et retirée.
Evidemment, les mensonges ajoutés durant l’Hebdo du Médiateur sur le dol médiatique initial ont lourdement aggravé la responsabilité de Thuillier et de France 2 dans cette affaire. Au vu de ces événements (au pluriel) je suis persuadé que des démocrates français responsables ne vont pas tarder à demander à madame Chabot de prendre les sanctions les plus fermes face à cet autre manipulateur d’images, trop sà »r, décidément, de détenir le droit de calomnier Israë l en public et par trop persuadé, pour le surplus, que l’on peut impunément inciter la planète à la haine d’un peuple. Et si FR2 ne réagit pas de manière responsable et rapide, je parie que l’affaire ira au CSA et si ça ne suffit pas à endiguer l’incitation à l’antisémitisme à sa source, au Conseil d’Etat et même au Tribunal européen, s’il y a lieu.
Car ce dernier voyage à Paris m’a rassuré sur une chose au moins : Dans les ministères où j’ai été reçu ainsi qu’auprès des démocrates français, à Primo-Europe, de plus en plus de personnes se lèvent pour arrêter la peste à tout prix. Il me semble que les racistes et les antisémites institutionnels en ont bientôt fini de manger leur pain blanc. Camus aimerait.