M. le Président de l’État d’Israë l, M. l’Ambassadeur, Mesdames et Messieurs. Nous apprécions le grand honneur que vous faites à l’Association France-Israë l en recevant notre délégation.
France-Israël, cest lassociation des Français amis dIsraël, quelle que soit leur appartenance politique ou religieuse. Cest une association ancienne qui portait à sa naissance en 1926 le nom de France-Palestine. Cest un nom révélateur des mensonges où nous vivons concernant le nationalisme palestinien dont personne ne parlait avant 1967.
Un de nos grands écrivains, Georges Duhamel, a écrit que les peuples ont deux histoires, celles qui s'inscrit dans les chancelleries et celle qui sinscrit dans le cur des peuples. Sachez, M. le Président, que la France compte beaucoup damis dIsraël, mais que, dans le climat français actuel, il leur faut aujourdhui du courage pour exprimer publiquement leur attachement à Israël, du courage social surtout et quelquefois du courage physique.
En ce qui concerne lhistoire des peuples qui s'inscrit dans les chancelleries, nous voudrions vous dire notre rêve. Nous rêvons que votre voyage d'État en France inaugure une ère nouvelle. Il est pour nous un rayon de soleil dans un ciel bien sombre.
Nous voulons rêver que, par-delà les relations bilatérales qui sont normales entre États fré-quentables, la diplomatie française relancera une coopération politique. Nous voulons rêver quelle cessera de souffler sur lincendie proche-oriental, quelle cessera dy entretenir linstabilité et la tension comme elle la fait depuis plus de trente ans.
19 février 2004, hôtel Marigny, résidence des Chefs d'État étrangers : le président Moshé Katsav reçoit une délégation de France-Israël sous la conduite de son président, lingénieur général Michel Darmon. |
Nous voulons rêver quelle ninvoquera plus ce principe pervers et immoral de l'échange de la terre contre la paix, principe totalement nouveau dont lapplication na jamais été invoquée dans lHistoire à lencontre dun pays qui a réussi à vaincre ses agresseurs. Jamais, sauf à lencontre dIsraël. « Il ny a quune valeur d'échange possible pour la paix, cest la paix »(1). La paix nest pas le préalable à la sécurité. Cest la sécurité qui, avec l'éradication de la haine, est le préalable à la paix. Quant à donner ou ne pas donner des territoires, cest laffaire dIsraël et dIsraël seul. Nul na de titres à lui dicter sa politique.
Nous voulons rêver que la diplomatie française ne contestera plus la souveraineté dIsraël sur Jérusalem, ni le droit dIsraël à une force de dissuasion nucléaire.
Nous voulons rêver que la France et toute lEurope ne garderont plus le silence devant lantijudaïsme qui se déchaîne dans les dictatures arabes, le plus virulent que le monde ait connu depuis lantijudaïsme de lAllemagne hitlérienne. Nous voulons rêver que lEurope comprendra que cet antijudaïsme – féroce et non condamné – a préparé le terrain au terrorisme.
Nous voulons rêver que lEurope comprendra que son silence devant lantijudaïsme de là-bas a rendu possible la résurgence de lantijudaïsme ici.
Pour que ce rêve devienne réalité, il faudrait peut-être quun autre rêve saccomplisse. Il faudrait quIsraël aide davantage ceux qui veulent laider. Il faudrait aussi que tous les Israéliens comprennent que le conflit dans lequel ils sont plongés nest pas un drame à deux personnages, les Israéliens dun côté, les Arabes de lautre. Cest un drame à trois personnages, le troisième étant lEurope qui entretient la Ligue arabe dans ses délires politiques. Le problème palestinien nest pas la cause de vos épreuves. Il est linstrument de vos épreuves. Sachez, M. le Président, quil y a, ici en France et en Europe, des secteurs influents, des secteurs du pouvoir où, malgré les bonnes paroles, vous n'étes pas en territoire ami. Vous ne trouverez pas beaucoup de Français pour vous le dire.
Tant que lEurope, et surtout la France dois-je ajouter avec peine, ne changeront pas leur politique étrangère, au delà des relations bilatérales bien sûr, vous naurez pas la paix. Beaucoup dincantations à la paix que vous entendez ici sont des modèles dhypocrisie et, bien souvent, des signes de lâcheté. LEurope est certainement lun des terrains les plus importants du combat pour quIsraël puisse vivre en paix. Il y a des conclusions à tirer de ce constat et je souhaite pouvoir vous en parler en une autre occasion.
Israël est un peuple qui traverse le temps et le nouvel État juif a malheureusement hérité du sort injuste que le monde a réservé à lhomme juif au long des siècles. En tant que Français, nous ne cesserons pas de combattre cette injustice. Nous ne cesserons pas de soutenir Israël sur le chemin qui est le sien, celui du courage, celui de la volonté, celui de l'éthique. Lhistoire du 20ème siècle noffre pas à ladmiration des hommes daventures humaines plus belles que la re-naissance dIsraël sur sa terre.
(1) Citation de Pierre-Elyakim Simsovic, auteur du livre Israël, 50 ans d'état [disponible à France-Israël].