Le Xème Sommet de la Francophonie vient de se tenir à Ouagadougou, capitale du Burki Faso, Israë l n’ayant même pas été invité, comme dans le passé d’ailleurs.
Désormais, cette Organisation internationale, dont les prémisses remontent à 1970, et qui s’est dotée d’une véritable structure juridique en 1997 seulement, compte 49 « Etats  » membres (dont certains d’ailleurs, comme le Québec, le Nouveau-Brunswick ou la Communauté française de Belgique ne sont pas des entités souveraines), 4 Etats associés et 5 Observateurs.
Conçue initialement pour être un instrument de coopération culturelle, puisqu’ayant vocation à regrouper des Etats ayant la langue française en « partage  » (partage plus ou moins important si l’on songe par exemple à la place du français en Bulgarie, à La Dominique, au Cap Vert, voire en Egypte…) cette Organisation, sous l’impulsion de la France, veut mettre l’accent sur son rôle politique.
Israë l aurait certainement sa place au sein de cette Organisation, qui regroupe un ensemble de pays représentant environ 10% de la population mondiale (mais compte tenu de la remarque que nous venons de faire - il n’y a que moins de 180 millions de francophones, qui ne représentent qu’un peu plus de 3% de la population mondiale).
Il y a une dizaine d’années encore, avant l’immigration massive de l’ex-Union soviétique, on considérait que près de 20% des Israéliens parlaient français, ce qui représentait environ un million de personnes (le Liban en compte 1,5 million).
Le pourcentage de francophones a, depuis, certainement sensiblement diminué, mais leur nombre a dà » se maintenir. En tout cas, il y a certainement plus de francophones en Israë l qu’en Andorre, aux Seychelles ou au Vanuatu (ex-Nouvelles Hébrides).
Au lendemain de la Déclarations de principes de 1993, suite aux accords d’Oslo, et de la normalisation de ses rapports avec la Jordanie, en 1994, Israë l avait d’ailleurs posé des jalons en vue de son admission.
Mais, alors que l’Egypte, le Maroc et la Tunisie n’avaient, semble-t-il, pas émis d’objections, il n’en fut pas de même du Liban qui, déjà , sous la férule de la Syrie, occupant une partie de son territoire, déclara qu’elle mettrait son veto à l’admission d’Israë l .
Il faut pourtant admettre que la France, qui il faut bien le reconnaître - et c’est ce que l’on reproche d’ailleurs à l’Organisation internationale de la francophonie - a son mot à dire, n’a rien fait pour lever cet obstacle.
En principe, il n’y a pourtant pas de « droit de veto  » : les décisions sont prises par voie de « consensus  » et en cas de vote, la majorité des 9/10èmes des membres présents et votants est requise.
Seulement, les conditions dans lesquelles, à défaut de consensus, on recourt au vote ne sont pas définies par les textes.
Et il semble bien que la menace plusieurs fois réitérée par le Liban (les « sommets  » se tiennent tous les deux ans et, en 2002, il se tint précisément à Beyrouth) a suffi pour écarter l’inscription à l’ordre du jour de l’admission d’Israë l.
Les gens de mauvaise foi ont beau jeu de dire qu’Israë l n’a jamais posé officiellement sa candidature.
Mais, on comprend parfaitement la prudence des gouvernements israéliens successifs, qui ne voulaient pas courir le risque d’essuyer un camouflet.
A de nombreuses reprises, différentes démarches furent, pourtant, entreprises auprès des autorités françaises par des associations, telle l’Association France-Israë l, mais sans résultat.
Jamais, le gouvernement français n’a tenté de faire revenir le Liban sur son hostilité de principe.
Notons au passage ; qu’après une « lune de miel  » entre le président Chirac et le premier ministre libanais de l’époque, Rafik Harari, les rapports se sont récemment tendus. à la suite du vote de la France au Conseil de sécurité à propos de la présence des troupes syriennes au Liban, d’où l’absence du président libanais Lahoud de Ouagadougou..
Car, parodiant en quelque sorte l’héroïne de Molière, clamant : « Et s’il me plaît à moi d’être battue…  », le Liban se complaît en effet sous la botte syrienne.
Toutefois, pour en revenir à la position de l’Organisation internationale de la francophonie au regard d’Israë l, elle se rattache à la tendance à la « ghettoïsation  » d’Israë l dans la société internationale.
Il faut savoir, par exemple, qu’Israë l n’a jamais été élu au Conseil de sécurité ou au Conseil économique et social des Nations Unies et qu’il ne fait pas partie de la Commission économique de l’Asie occidentale de l’Organisation mondiale. Et il y a une trentaine d’années, Israë l fut, sous la pression des Etats arabes, pratiquement exclu de tout groupe régional de l’UNESCO, sans parler de la non-reconnaissance persistante du Maguen David Adom par le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
De telle sorte que lorsque d’aucuns considèrent qu’Israë l bénéficie de l’adage « deux poids, deux mesures  », de fait c’est plutôt l’inverse qui est vrai.
* David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international