Bandeau
DESINFOS.COM
Slogan du site

Depuis Septembre 2000, DESINFOS.com est libre d’accès et gratuit
pour vous donner une véritable information indépendante sur Israêl

Droit au retour palestinien = annihilation d’Israë l
Amos Oz
Article mis en ligne le 8 janvier 2001
dernière modification le 22 juillet 2003

En Israë l, le parti pour la paix devrait àprésent reconsidérer sa position : trente années durant, nous avons dit et répété que la paix ne pouvait se faire tant qu’Israë l administrait une autre nation. Certains ont même avancé que c’est parce qu’Israë l s’obstinait àadministrer une autre nation que la paix nous échappait. Mais notre gouvernement ne s’obstine plus guère.

Pour l’heure, Israë l suggère aux Palestiniens un accord de paix fondé sur les frontières de 1967 et comportant quelques modifications bilatérales mineures. Il propose de démanteler les implantations juives dispersées au sein du territoire palestinien, de faire de Jérusalem-Est la capitale de la Palestine et de placer les Lieux saints controversés sous souveraineté arabe. C’est l’offre la plus généreuse que puisse faire Israë l aux Palestiniens. Et ce, au prix d’une fracture sans précédent de la société israélienne et d’un séisme politique. Le peuple juif doit renoncer radicalement àplusieurs de ses prétentions historiques et théologiques, ànombre de ses vieux rêves et àses aspirations religieuses.

La nation palestinienne rejette cette paix. Ses responsables réclament àprésent ouvertement le « droit au retour » de centaines de milliers de Palestiniens chassés ou ayant fui leurs foyers lors de la guerre de 1948, tout en méconnaissant cyniquement le sort de centaines de milliers de juifs chassés ou ayant fui leurs foyers dans les pays arabes au cours de cette même guerre.

La reconnaissance du « droit au retour » palestinien revient àabolir le droit àl’autodétermination du peuple juif. Il fera du peuple juif une minorité ethnique àla merci des Arabes, une « minorité protégée », comme le souhaiteraient les intégristes musulmans.

La reconnaissance du « droit au retour » équivaut àl’annihilation d’Israë l.

La résolution initiale de l’ONU, en novembre 1947, adoptait la création de deux Etats, arabe et juif, sur cette terre convoitée. Cependant, le droit au retour revendiqué aujourd’hui par les Palestiniens signifie qu’« au lieu de deux Etats pour deux nations », il y aura en fin de compte deux Etats arabes sur cette terre.

Face àl’absolue radicalisation des revendications palestiniennes, les pacifistes israéliens ne peuvent plus prétendre que c’est l’histoire habituelle. Ils ne peuvent plus soutenir non plus, comme ils l’ont fait durant des décennies, que « l’occupation israélienne des territoires palestiniens est le seul obstacle àla paix ».

Il conviendrait que les colombes d’Israë l revoient leur position. Au lieu de proclamer que l’occupation des zones palestiniennes fait obstacle àla paix, nous devrions dire que, même sans la paix, administrer une autre nation est une erreur. Une dangereuse erreur. L’occupation, consolidée par des dizaines de petites implantations catapultées au cour du territoire palestinien dans l’intention d’interdire tout futur compromis, fragilise Israë l plus qu’elle ne le renforce. Israë l en ressort affaibli et dans une situation contestable.

Je n’adhère pas àl’idée fallacieuse et stérile de la séparation unilatérale. Israë l doit maintenant déployer ses forces le long de lignes conformes aux réalités démographiques. Il doit se retirer des zones de peuplement palestiniennes et permettre aux Palestiniens de créer un Etat indépendant, tout de suite, même sans un accord de paix.

Les nouvelles délimitations ne seront pas prises pour des frontières permanentes mais pour base àdes amendements pendants lors de futures négociations de paix. Entre-temps, toute attaque palestinienne menée contre ces lignes ne sera pas considérée comme un « attentat terroriste » mais comme l’agression d’un Etat souverain contre le territoire de son voisin, habilitant Israë l àexercer son droit àl’autodéfense.

Un signe du revirement de l’attitude de refus des Palestiniens serait la volonté de négocier avec Israë l non « le droit au retour » mais une solution globale, nationale et humanitaire au problème des réfugiés de 1948. Israë l devrait s’engager moralement en ce sens. Cela fait, les deux gouvernements pourront alors négocier le tracé de frontières pacifiques.

Traduit de l’anglais par Sylvie Cohen.