Si diverses initiatives existent depuis des années pour tenter de faire connaître le sort des quelque 850.000 Juifs contraints de fuir les pays arabo-musulmans dans la foulée de la création de l’Israë l moderne et de ceux qui y périrent, et tenter de leur rendre justice, le gouvernement israélien n’avait jamais commémoré auparavant ce que fut l’histoire tragique de ceux que le réalisateur Pierre Rehov a appelé « Les Exilés du Silence  ». Tant le parcours de ces réfugiés qui, pour un grand nombre, ont bâti Israë l, a été tu, alors que la propagande anti-israélienne instrumentalisait le sort des « réfugiés palestiniens  », qualité héréditaire pour l’ONU, une exception confortée par l’UNRWA qui perpétue le problème. En ce 30 novembre 2014, pour la première fois, Israë l commémore leur histoire.
Violations massives des droits des citoyens juifs des pays arabes ou iraniens
« Des Juifs avaient vécu en terre arabe pendant des milliers d’années et nombre de leur communautés existaient avant l’avènement de l’islam. Mais au XXème siècle, avec la montée du nationalisme arabe et le conflit en Palestine, les nouveaux régimes arabes commencèrent une campagne de violations massives des droits de leurs citoyens juifs. Les pays arabes ont exproprié les Juifs autochtones et dénaturalisé, expulsé, arrêté, torturé et assassinés nombre d’entre eux.
Le récit du départ des juifs des pays arabes diffèrent dans les détails selon les pays et d’une famille à l’autre, mais en substance les histoires sont similaires  ». A ces pays arabes, Israë l ajoute l’Iran d’où durent fuir aussi nombre de citoyens juifs, dans un bref rappel figurant sur le site du ministère des Affaires étrangères israélien depuis le 30 novembre 2014, date qui sera désormais annuelle pour commémorer l’histoire des Juifs que le réalisateur Pierre Rehov a appelé « les Réfugiés du Silence  », son documentaire bouleversant retraçant leur histoire.
Deux poids deux mesures
Un second documentaire, « Les Otages de la Haine  » retraçant en parallèle le sort ultra-médiatisé et instrumentalisé des « réfugiés palestiniens  ». Ces réfugiés-là , selon l’ONU, pouvaient être toute personne ayant vécu sur des territoires qui devinrent Israë l, au moins deux ans avant leur départ. Un grand nombre n’ayant donc rien de « palestinien  » car nombre d’Arabes y avaient afflué de pays avoisinant en voyant le développement apporté par les communautés juives locales. La plupart avaient fui leur domicile y ayant été incités par des pays arabes avoisinants, leur ayant demandé de laisser le champ libre pour pouvoir envahir ces territoires et « jeter les Juifs à la mer  ». D’autres fuirent en ayant pris peur, les rumeurs d’exactions allant bon train. Le nombre de départs forcés ayant été très limité.
Autre différence de taille, alors que les Juifs qui avaient fui les pays arabes et avaient été logés dans des camps de toile de fortune, sans aide de la communauté internationale, repartant à zéro, ont contribué à construire l’Israë l moderne, les « réfugiés palestiniens  » bénéficient d’un statut d’exception héréditaire, la majorité d’entre eux étant en realié des descendants des personnes déplacées d’origine. Un organisme onusien leur est consacré, l’UNRWA, au détriment de tout autre réfugiés sur la planète et, bien loin de trouver des solutions en contribuant à les réinsérer dans leurs divers pays d’accueil, perpétue le problème en en ayant fait des assistés permanents, sans obtenir que ces « pays d’accueil  » pourtant « frères  » les intègre au sein de leur société. On sait qu’au Liban, par exemple, ils sont traités en personnes de seconde classe interdits de toutes sortes de professions ou même de quitter leur village - « camps  » - sans permis.
Commémoration de l’histoire occultée de ces réfugiés
Israë l, pour commémorer enfin l’histoire de ces Juifs, a donc fait de ce 30 novembre une Journée nationale de commémoration. Un film a été réalisé pour l’occasion. Il retrace l’histoire d’un Juif irakien dont la famille fut contrainte de fuir son pays. Documentaire en hébreu, sous-titré en arabe et en anglais.
Le Premier ministre Benyamin Netanyahou, déclarait à cette occasion : « Les pays arabes, qui n’ont jamais accepté la déclaration des Nations Unies sur la création d’un Etat juif, obligèrent les Juifs vivant dans leurs territoires de quitter leurs maisons tout en laissant leurs biens derrière eux. Dans plusieurs cas, les déportations ont été accompagnées de pogroms et de violences contre les Juifs. Nous avons agi - et nous continuerons à agir – pour que ni eux, ni leurs revendications ne soient oubliés  ».
Pour le Président israélien Reuven Rivlin « La voix des Juifs des pays arabes et d’Iran doit être entendue dans le système éducatif, dans les médias, dans les arts, et dans les institutions officielles du pays, car il a besoin de se faire entendre aussi sur la scène internationale, afin de réparer cette injustice historique, et d’assurer des réparations financières  ».
Déplorant une occultation israélienne de cette question, le Président dénonçait une injustice « contre un million de Juifs, les immigrants en provenance de pays arabes et d’Iran, dont l’histoire a été reléguée en marge du narration sioniste. En effet, cela vient trop tard, à une trop petite échelle et n’a plus d’impact sur la conscience publique. Et pourtant, il est important de chercher à corriger, ce qui ne devrait pas être sous-estimé. C’est la nature de la guérison de la conscience, qui a le pouvoir de dissoudre le résidu, changer l’avenir, et d’établir une nouvelle conscience, qui illuminera le passé avec la lumière de la justice historique. Au fil des ans, les réfugiés des communautés arabes ont estimé que la création [ d’Israë l ] elle-même, les repoussait dans un coin. L’établissement [ de l’État ] lui-même brouillé leurs traces à partir des pages de l’histoire officielle. Comme si les immigrants en provenance des pays arabes n’ont pas défilé fièrement le long des routes de « la colonne de feu et de fumée  », de l’histoire de notre peuple  ».
Le Président de l’État hébreu développait sa réflexion, notant que : « Les Juifs des pays arabes sont nés sionistes de Sion. Il n’a pas été nécessaire de promouvoir l’idée au sein de leurs communautés ou de les convaincre de l’importance du retour du peuple à sa terre, la mise en place de l’État ou de la construction du pays. Ils n’osaient pas concevoir le plan « Ouganda », après tout, l’Ouganda, était pour eux l’exil, pas le salut. L’amour de Sion était et reste dans leur sang. Ils s’en sont nourris avec le lait de leur mère, les versets de la prière, et les histoires de leur père.
Même avant l’annonce de la création de l’État, et surtout après, les Juifs dans les pays arabes et en Iran, se sont retrouvés emprisonnés dans leur propre pays, soumis à des restrictions et au harcèlement, exposés sans protection, à des massacres et des pillages - des émeutes de Tripoli à Eden. Beaucoup ont été expulsés. D’autres ne purent faire face au harcèlement et furent forcés de quitter leur pays, laissant derrière eux des vies entières, des souvenirs, la tombe de leurs parents, une langue, une culture et des biens  ».
Le président ajoutant : « Pendant des années, leurs voix n’ont pas été entendues, et leurs pertes ne se sont pas exprimées. Les tragédies horribles qui se sont produites pour notre peuple ont attiré le plus d’attention. Beaucoup d’immigrants ont été envoyés loin des positions de pouvoir, relever les défis de la périphérie, à Dimona, Beit She’an et Hatsor Haglilit. On leur a demandé de développer des villes à partir de rien, de traiter le sol du désert aride, et d’assurer quotidiennement la protection des frontières de l’État d’Israë l. Ce n’est pas la méchanceté qui les a fait exclure des premières lignes de la direction du jeune État, mais l’exclusion provoque la frustration et la douleur revient. Leurs voix ont été mises en sourdine, mais les mots sont restés dans leur bouche tout le temps, même s’ils ont été dits en hébreu avec un accent persan ou arabe, ce qui en Israë l, était considéré comme langues ennemies et considéré une source de honte. Il a fallu du temps, trop longtemps, pour que les récits des immigrants juifs des pays arabes et d’Iran soient entrés dans la conscience de l’opinion publique israélienne. Et aujourd’hui, nous avons la chance d’entendre leur histoire dite d’une voix forte, fière et éloquente, de la bouche de leurs fils et filles. Cette voix, cette histoire, doit être entendue dans le système éducatif, dans les médias, dans les arts, et dans les institutions officielles du pays, car elle doit se faire entendre sur la scène internationale aussi, afin de réparer une injustice historique, et assurer des réparations financières  ».