L’ancienne conseillère Culture et Communication de François Hollande de 2014 à 2016, ministre de la Culture de 2016 à 2017, va succéder à Irina Bokova à la direction de l’UNESCO. Soulagement pour ceux qui craignaient l’élection du Qatari Hamad Bin Abdulaziz al-Kawari, candidat en bonne place, bien qu’antisémite avéré et ancien ministre d’un pays sponsor du terrorisme. Audrey Azoulay, dont la nomination doit être confirmée en novembre, a dit souhaiter que l’UNESCO redevienne « la conscience des nations  ». Pourra-t-elle tenir cet engagement alors qu’en octobre 2016 elle gardait le silence à propos des votes de la France lors de l’adoption par l’UNESCO de résolutions aberrantes ?
Nobles buts, basses manœuvres , inquiétudes, islamisme, antisémitisme
Nombreuses péripéties et rebondissements autour du choix de celle qui va finalement succéder à Irina Bokova à la tête de l’UNESCO, qui se présente comme « l’organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture  » et a comme slogan : « Construire la paix dans l’esprit des hommes et des femmes  ». Or, on ne peut que constater l’échec de cet organisme onusien. Largement dà » sans doute à sa politisation extrême et à un parti-pris anti-israélien relevant de l’absurde qui a totalement dénaturé ce que sont ses buts affichés. Audrey Azoulay a d’ailleurs repris à son compte une remarque de Léon Blum pour qui « l’UNESCO devait être la « conscience des Nations unies  », ajoutant : « C’est bien cela que nous devons retrouver  ».
Parachutée comme candidate à la dernière minute par François Hollande, elle ne semblait avoir aucune chance alors que l’un de ses adversaires, « ministre de la Culture  » qatari Hamad Bin Abdulaziz al-Kawari, avait mené une longue campagne, utilisant des moyens énormes, semblait avoir gagné d’avance. Ce qui avait suscité bien des inquiétudes, ce dernier étant un antisémite avéré et citoyen d’un pays sponsor du terrorisme. Le 11 octobre dernier l’intellectuel tunisien Mezri Hadad, ancien ambassadeur de son pays auprès de l’UNESCO et président du Centre international de géopolitique et de prospective analytique (CIGPA), s’insurgeait contre cette perspective : « Un islamiste et antisémite à la tête de l’UNESCO ?  » dans les colonnes d’Atlantico. En effet, écrivait-il, on pouvait redouter que « le candidat du Qatar, par ailleurs soutenu par l’Iran et la Turquie et galvanisé par la diplomatie du carnet de chèque, risquait sérieusement de l’emporter  ». Il poursuivait : « Si cela devait arriver, ce serait une défaite affligeante des Lumières face à l’obscurantisme et cela signifierait que la vénérable institution sera implicitement placée sous l’autorité « spirituelle » de Youssef Qaradaoui, le chef de l’internationale islamiste. Plus affligeant et plus grave encore, l’UNESCO, qui traverse une crise financière et morale sans précédent et qui a besoin d’une réforme radicale dont les candidates française ou égyptienne sont porteuses, serait dirigée par un islamiste à l’antisémitisme bien prononcé  ». Avertissement étayé notamment par un constat sans appel du Centre Wiesenthal. Qaradaoui, ce théologien phare des Frères musulmans, antisémite notore, qui prône le terrorisme, est considéré comme terroriste par plusieurs pays arabes et interdit d’entrée dans des pays occidentaux majeurs.
Maroc, un Conseiller juif du roi, grand admirateur d’Arafat, ayant épousé ’la cause palestinienne’ au mépris des réalités
D’autres estimant que la direction de l’UNESCO devait revenir à un pays arabe, ce qui aurait été une première. Mais on connaît les dissensions du monde arabe...Et c’est finalement la candidature d’Audrey Azoulay qui l’a emporté. Si divers groupes antisémites lui reprochent bruyamment sa judéité on constate pourtant sa proximité avec le Maroc, son père, journaliste et économiste, étant l’un des conseillers financiers de Mohamed VI, après avoir été celui du roi Hassan II. Très engagé pour la paix et le dialogue interculturel, il est Président de la Fondation Anna Lindh. Toutefois, son empathie pour des personnages tels que Yasser Arafat laisse rêveur. Ainsi, au lendemain de la mort de celui qui fut chef terroriste, se disant très triste, André Azoulay déclarait « Le président Arafat aura été à la fois l’incarnation la plus exigeante de tous les combats du peuple palestinien et il aura été aussi celui qui a forgé la légitimité d’une paix entre Palestiniens et Israéliens  ». Il ajoutait : « Il aura été le grand résistant que l’on sait et il aura été, l’histoire l’écrira un jour, l’homme qui aura donné la légitimité à la paix  ».
Cinq plus tard, rendant à nouveau hommage au chef terroriste Arafat, André Azoulay, « en appelait au rétablissement et à la sauvegarde de tous les droits moraux, matériels et spirituels pour les Palestiniens de Jérusalem-Est « confrontés au quotidien à un état d’exception  ». Et estimait que « Jérusalem est née pour être divisée et pour rassembler  ». Sa fille décrivait d’ailleurs ainsi son enfance dans une interview du JDD de févier 2014 : « J’ai grandi dans un milieu très à gauche« ... »politisé sur le conflit israélo-palestinien. Mais à la maison, on ne parlait pas beaucoup de politique intérieure, plutôt de politique internationale  ». Toujours selon elle, née et élevée en France, elle ne connut l’antisémitisme qu’en entrant à l’ENA. Un « antisémitisme vielle France  » dit-elle. À ce propos on s’étonnera qu’elle n’ai jamais entendu parler de « l’antisémitisme décomplexé  » qui sévit pourtant au Maroc où, enfant, elle passait souvent ses vacances....
En octobre 2016 André Azoulay déclarait ouvertement lors d’un colloque du Forum euro-méditerranéen des jeunes leaders : « La tragédie palestinienne est au cÅ“ur de nos réflexions†, ajoutant “Tant que le peuple palestinien sera dans la situation actuelle, je suis un être amputé, mutilé, en danger de mon judaïsme. Comment est-ce que je peux être juif tant que le peuple palestinien n’a pas retrouvé sa liberté, sa justice et sa dignité et vivre dans son Etat a côté d’un Etat israélien ?†Propos rapportés par Le Mondejuif.info. Ou par le site H24.info, Maroc, qui citait la conclusion de la réflexion du père de la Directrice de l’UNESCO nouvellement élue : « le peuple palestinien rétabli dans ses droits est le grand garant de la stabilité et de la sécurité d’Israë l ». Antienne aussi connue qu’absurde, déconnectée de la réalité, illusion qui, pour paraître généreuse est de fait porteuse de tragédies en encourageant les dirigeants palestiniens dans la voie de la violence dans laquelle ils ont engagé leur population. C’est ne pas vouloir voir une région à feu et à sang, où Israë l est le seul îlot de paix, ne pas vouloir voir les violations graves des droits de l’homme auxquelles sont soumis les Palestiniens gérés par l’Autorité palestinienne ou le Hamas, état de choses que l’on cherchera en vain sur des sites des Nations Unies ou encore la corruption endémique dans ces Territo. C’est ne pas vouloir voir la culture généralisée d’incitation au terrorisme mise en place depuis Arafat, puis Abbas ou le Hamas, qui fait des Palestiniens de la chair à canon, la jeunesse palestinienne notamment. Un système crapuleux offrant des primes financières alléchantes pour les terroristes emprisonnés ou leur famille, s’ils sont tués, avec, pour ce faire, une utilisation indécente des fonds versés par les pays donateurs, au premier rang desquels la France....
Prises de position du père, silences concomitants de la fille
Mais peut-on affirmer pour autant qu’Audrey Azoulay partage cet aveuglement, au mieux aberrant, de son père ? On note qu’à l’époque où cette déclaration a été faite, deux résolutions réécrivant l’histoire juive et chrétienne à Jérusalem étaient adoptées par l’UNESCO, après des résolutions similaires précédentes en avril 2016. Suscitant une réaction limpide du Président du CRIF d’alors, Roger Cukierman : « cette décision est une négation délibérée de l’histoire ; elle ignore le lien historique du judaïsme avec Jérusalem, capitale spirituelle du Peuple Juif vers laquelle tous les Juifs dans le monde ont prié depuis des milliers d’années. L’UNESCO tente de réécrire une partie de l’histoire de l’humanité et prouve encore une fois que la mauvaise foi et la haine d’Israë l ne connaissent aucune limite. Comment la France a-t-elle pu voter un tel texte, à la différence des autres puissances occidentales ?". En mai 2016, Haïm Korsia, grand rabbin de France dénonçait pour sa part « une atteinte à l’Histoire et à l’honneur  », histoires juive et chrétienne confondues.
Dans ces résolutions successives de l’organe « culturel  » de l’UNESCO, soit toute référence au caractère juif des sites concernés est occultée et seules les appellations arabes sont utilisées – on cherchera en vain le Mont du Temple, par exemple -, soit il y est fait allusion bien que ces sites soient qualifiés de « palestiniens  », pour le Tombeau des Patriarches à Hébron, par exemple. On nage en pleine absurdité.
Audrey Azoulay était alors ministre de la Culture de la France, après avoir été conseillère de François Hollande à Culture et Communication pendant plus d’un an. A-t-elle protesté contre ces contre-vérités historiques ? Sans doute guère plus qu’en octobre 2016. Quand la France récidive, choisissant cette fois l’abstention, manÅ“uvre hypocrite, lors du vote d’une nouvelle résolution illettrée de l’UNESCO. Que le CRIF commentait ainsi : « le Crif déplore que notre pays ait manqué une nouvelle fois l’opportunité et le courage de s’exprimer clairement sur la réalité historique du caractère juif de Jérusalem.  » Ajoutant cette remarque : « Le Crif constate avec intérêt qu’aucun pays européen n’a apporté sa voix à cette odieuse résolution et que seuls 24 pays, sur les 58 qui composent le comité exécutif, dont la totalité des pays arabes ou musulmans, ont voté ce texte qui s’inscrit une nouvelle fois dans la falsification historique concernant Jérusalem et le peuple juif  ».
On est bien loin là de « la conscience des nations  » qu’avait rappelée la directrice sortante
D’autant que Irina Bokova, alors directrice de l’UNESCO, prend fermement position dans la foulée de ces résolutions aberrantes. Elle déclare notamment « l’héritage de Jérusalem est indivisible et chacune de ses communautés ont droit à la reconnaissance explicite de leur histoire et de leur lien avec la ville.  ». Bien qu’elle ne soit pas responsable de la manière dont les pays membres des divers comités votent, elle a eu l’honnêteté intellectuelle et le courage d’énoncer des évidences mises à mal par des positions anti-israéliennes évidentes, alors que d’autres se taisent ou sont activement complices  » Irina Bokova n’a pas hésité à se mettre à dos les pays qui proposent et soutiennent systématiquement de telles inepties. Elle a d’ailleurs reçu des menaces de mort à la suite de la parution de ce communiqué....
États-Unis et Israë l se retirent de l’UNESCO, le Canada se dit préoccupé par les attaques contre Israë l
Certes, l’élection de l’ancien ministre de la culture du Qatar aurait été catastrophique. On verra ce que donnera celle de l’ancien ministre de la Culture de la France...On note que le 12 octobre, à la veille du dernier tour des cette élection, les États-Unis et Israë l ont annoncé se retirer de l’UNESCO. Le Département d’État américain choisissait de garder un simple statut d’observateur et faisait ce commentaire « cette décision n’a pas été prise à la légère et reflète les inquiétudes des États-Unis concernant les arriérés financiers à l’UNESCO, le besoin de reformer fondamentalement cette organisation et le parti-pris anti-israélien persistant de l’UNESCO  ». « Une décision courageuse et éthique  » commentait le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, qui dénonçait en cette organisation onusienne « un théâtre de l’absurde  » et annonçait avoir demandé à son ministère des Affaires étrangères de préparer le retrait israélien en parallèle. Par ailleurs, si le Canada se dit « déçu » de la décision des deux pays, il a lui aussi de « vives préoccupations » sur le fait « qu’Israë l ait été particulièrement ciblé par les critiques dans le cadre de décisions prises par l’UNESCO », a signalé Brianne Maxwell, du ministère des Affaires mondiales.
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Quant à la nouvelle directrice, « après l’annonce de sa nomination, Mme Azoulay s’est tout de suite exprimée sur la crise que traverse l’UNESCO, affirmant que les pays membres de l’organisation devaient s’y « impliquer, chercher à la renforcer, et non pas la quitter  », nous dit Radio-Canada. Une critique voilée des décisions américaine et israélienne. S’est-elle prononcée sur les raisons invoquées pour les départs de ces deux nations de l’organisme qu’elle va diriger ou les réticences du Canada, élément central ? Cela ne semble pas avoir été le cas. Un nouveau silence préoccupant...
Post Scriptum
Le 16 octobre 2017 se tiendra à Jérusalem une conférence de presse pour présenter les dernières découvertes faites lors des excavations menées depuis deux ans par l’Autorité des Antiquités d’Israë l sous l’arche Wilson, dans les tunnels du Mur des Lamentations. Lieu que l’on peut découvrir ici
À propos de Jérusalem il faut également voir ou revoir la magistrale leçon d’histoire du dernier documentaire en date du réalisateur Pierre Rehov