Aujourd’hui, la France accueille, pour une visite d’État, le président de l’État d’Israë l, Shimon Pérès. Bien plus qu’un geste fort dans une relation d’amitié renouée et renouvelée entre nos deux pays, le président Sarkozy a accompli, en lançant cette invitation, une oeuvre de reconnaissance et de justice.
En effet, Shimon Pérès, sans aucun doute, demeure, dans cette région du monde, l’un des amis les plus fidèles de la France, de sa culture, de sa langue, de son héritage et de ses valeurs.
Cette visite d’État, la première organisée en France depuis l’élection présidentielle, est aussi un hommage rendu à ce pays - « fait marquant de l’histoire du XXe
siècle  » , disait Nicolas Sarkozy devant le Crif -, dont l’action rayonne bien au- delà de ce peuple « à la géographie si étroite, mais à l’histoire si vaste  » , comme a l’habitude de dire le président israélien. La France et les Français peuvent s’honorer de recevoir Shimon Pérès, dont l’amitié avec notre pays remonte aux origines même de l’État d’Israë l, et qui incarne pour tous, y compris pour la plupart des dirigeants arabes, les chances d’arriver dans cette région à une paix durable.
C’est en 1948 que David Ben Gourion lui confie la mission de chercher un soutien vital pour l’État hébreu à peine naissant, mais déjà attaqué, et de trouver un partenaire qui accepterait de fournir à Israë l les moyens de lutte pour sa survie. Shimon Pérès propose de se tourner vers la France. Il pensait, confie- t- il, que la France avait souvent rencontré le destin du peuple juif : des destins, parfois en opposition, mais le plus souvent en harmonie, des relations de passion.
Shimon Pérès savait que la France n’était pas seulement celle de Vichy, mais surtout, et par- dessus tout, celle de l’abbé Grégoire, celle de Zola, celle de Camus, celle de cette armée des ombres dont l’auteur de cette magnifique expression, Joseph Kessel, arpentait à cette époque les routes du jeune État juif et rencontrait Shimon Pérès, alors jeune directeur général du ministère de la Défense.
C’est à ce moment que se forge un destin singulier, celui d’un leader qui traversera plus de six décennies - exceptionnelle longévité politique - à servir son pays pour le conduire inlassablement sur la route de la sécurité et de la paix. Mais c’est surtout à cette date que se noue cette amitié qui jamais ne se démentira entre Shimon Pérès et la France. Ni les années de brouille, suite à l’embargo de 1967, ni les petites phrases assassines des uns et des autres de nos responsables politiques aveuglés par les sirènes des pétrodollars ou par le mirage du nouveau Che, qu’a incarné Yasser Arafat, ne l’en dissuaderont. Il savait que, tôt ou tard, les démocraties se retrouvent et qu’Israë l est la seule démocratie du ProcheOrient.
Shimon Pérès ne connaît pas seulement le monde politique français. Il noue des relations avec les intellectuels et les artistes de notre pays : Jean- Paul Sartre et Simone de Beauvoir, André Malraux, Simone Signoret et Yves Montand, Raymond Aron ou, plus tard, Charles Aznavour, Sophie Marceau ou Gérard Depardieu, lorsque ceux- ci tournent en Israë l.
Ilaime à rappeler que les puissances ne se jugent pas seulement à l’aune de leurs capacités économiques ou militaires, mais sur leurs aptitudes morales et culturelles. Il garde la conviction que l’alliance avec la France est une conjugaison entre deux intelligences et qu’à ce titre, les mésententes politiques, aussi vivaces puissent- elles être, ne seront que passagères.
C’est à cette fidélité- là aussi que la France rend aujourd’hui un hommage solennel, en l’accueillant en visite d’État.
Shimon Pérès reste également l’exemple de la ténacité et de l’efficacité. Rarement homme politique aura connu autant de déboires, autant de revers électoraux. Sans jamais désespérer, Shimon Pérès en est sorti à chaque fois renforcé, grandi et comme rehaussé d’une aura qui l’accompagne aujourd’hui dans l’exercice de la magistrature suprême d’Israë l, fonction à laquelle il donne un éclat sans précédent et qui ne peut que favoriser la paix auquel le monde et les Français aspirent.
Visionnaire, homme d’État : les qualificatifs ne manquent pas pour désigner celui qui disait, dans l’un de ses livres ( Que le soleil se lève), que la paix était la seule fatalité à laquelle il croyait car les gens ont le droit de rêver comme ils ont le droit de manger et de boire. Oui, vous avez raison Monsieur le président, les peuples du Proche- Orient ont le droit de rêver à la paix, et nous soutiendrons leur démarche. Oui, bienvenue à Shimon Pérès, pour son passé et l’avenir qu’il représente entre nos deux pays.
Cette visite d’État que vous allez conduire cette semaine dans notre pays nous honore. Bienvenu, Shimon Pérès ! * Député de Paris. Président du groupe d’amitié France- Israë l à l’Assemblée nationale.