Nombre de mes amis juifs et israéliens sont aujourd’hui anxieux et perplexes. Ils ne comprennent pas le discours d’Ariel Sharon et sa volonté d’évacuer Gaza dans un contexte où le Hamas s’arme et se prépare à de nouveaux assauts.
Les gens vivant dans les implantations vont être injustement arrachés de chez eux et tout perdre alors que ce sont des héros. Comme si tout cela ne suffisait pas, certains se demandent si Bush n’est pas en train d’infléchir sa politique et de trahir Israë l.
Je voudrais ici répondre point par point, pour tous ceux qui s’intéressent aux affaires de cette région, cruciales pour l’avenir de notre Civilisation.
1. Il est évident que l’Autorité palestinienne sous Abbas ne vaut guère mieux que l’Autorité palestinienne sous Arafat. Les groupes les plus extrémistes gardent leur force, la modernisent et espèrent l’utiliser. Le discours palestinien reste le même. Il y a donc toujours, d’un côté, une démocratie prête à respecter ses engagements, et de l’autre côté un ramassis de crapules et de fanatiques sanguinaires, racistes et négationnistes.
Un point a changé, et un seul : tout espoir, même minime, de parvenir à une paix effective dans le court, et peut-être dans le moyen terme, apparaît clairement voué à l’échec. Il est, en ces conditions, plus rationnel de régler la question de la séparation d’avec la Cisjordanie et Gaza de façon à ce que soient tracées les frontières les plus optimalement défendables.
Il est plus rationnel de rendre ces frontières aussi hermétiques que possibles. Maintenir les implantations de Gaza impliquerait des coà »ts nettement supérieurs aux avantages. La décision d’évacuation est ainsi explicable. Ce qui ne veut pas dire qu’elle soit moralement admissible.
2. La population arabe palestinienne est aujourd’hui imprégnée d’antisémitisme et veut l’épuration ethnique, et c’est répugnant. Se séparer de gens répugnants ne doit en aucun cas être interprété comme un acte donnant une prime au caractère répugnant de ces gens. Depuis le temps d’Hitler, personne n’a souhaité l’épuration ethnique autant qu’Arafat et ses disciples. Les Israéliens de Gaza sont victimes d’une injustice moralement inadmissible, c’est indiscutable ; ce sont des héros, c’est indiscutable aussi, et j’espère vivement qu’ils seront traités comme tels (dans le monde civilisé, pas en France, bien sà »r)...
3. L’évacuation crée-t-elle une situation dangereuse ? La possibilité que Gaza passe aux mains du Hamas est extrêmement envisageable, mais d’ores et déjà l’Autorité palestinienne agit sous l’ombre portée du Hamas. De nouvelles attaques palestiniennes sont fort possibles. Le retour à une vague d’attentats suicides est improbable si les frontières sont effectivement hermétiques. L’hermétisme des frontières n’empêchera pas, en cas d’attaques, les ripostes et les destructions de nids de vipères par Israë l qui dispose des moyens logistiques pour faire le nécessaire.
L’évacuation ne crée donc pas davantage de dangers (tant qu’Israë l garde au sud la maîtrise de la ligne Philadelphia qui sépare Gaza de l’Égypte, et il n’est pas prévu qu’il en soit autrement). Elle crée même la possibilité d’un État palestinien. Or un État qui agresse son voisin peut se voir déclarer une guerre nette, sans que soit utilisé le vocabulaire spécieux parlant de « colonisation  » et de « territoires occupés  ». Un État agresseur peut être conduit à un changement radical de régime. Sharon, tout bien pesé, me semble faire ce qui doit l’être pour son pays, même si c’est difficile.
4. Passons à Bush. George Walker Bush est un homme imprégné d’éthique judéo-chrétienne. Il ne trahira jamais Israë l. Il ne fera jamais d’Oslo bis. Il a simplement des responsabilités planétaires. Il doit montrer qu’il « fait confiance  » à Abbas, qu’il a des « exigences  » vis-à -vis d’Israë l. Il « souhaite  » même un État palestinien, mais pour les mêmes raisons que Sharon : pour que les instances palestiniennes soient à pied-d’Å“uvre et puissent une ultime fois ne pas manquer une occasion de manquer une occasion. La brève création d’un État sera sans doute le meilleur moyen de l’écraser et de reléguer la pathologie palestinienne dans le révolu, dans un contexte de démocratisation de toute la région où des racistes vomitifs tels qu’Abbas ou les gens du Hamas n’ont pas davantage leur place que Zarqawi, Saddam et les Assad...