Bandeau
DESINFOS.COM
Slogan du site

Depuis Septembre 2000, DESINFOS.com est libre d’accès et gratuit
pour vous donner une véritable information indépendante sur Israël

’Antisémitisme Kasher’ en Allemagne
Benjamin Weinthal, Jerusalem Post, Berlin | Adaptation française* de Sentinelle 5768 ©
Article mis en ligne le 18 août 2008
dernière modification le 17 août 2008

La cloche a sonné pour le premier round d’un combat judiciaire entre l’éditorialiste juif allemand célèbre Henryk Broder et Evelyne Hecht-Galinski, une critique antisioniste irréductible d’Israël, qui se trouve être elle-même une juive allemande. En question : savoir si Broder peut écrire que les déclarations faites pas Hecht-Galinski sont antisémites.

Dans une lettre ouverte à Monika Piel, directrice du ‘Westdeutsche Rundfunk’ (Radio d’Allemagne de l’ouest), Broder s’est référé à Hecht-Galinski en écrivant que « les déclarations antisémites et antisionistes sont sa spécialité ».

Le programme ‘Hallo Ü-Wagen’ de la radio Westdeutsche Rundfunk avait invité Hecht-Galinski de parler du 60ème anniversaire d’Israël, et Broder a mis en question la pertinence des qualifications de Hecht-Galinski comme expert d’Israël, alors qu’elle avait mis en équivalence par le passé le gouvernement israélien avec l’Allemagne nazie.

Bien que Hecht-Galinski n’ait pas soulevé d’objection légale à son portrait d’antisioniste, elle veut que Broder retire l’étiquette antisémite. La dispute compte nombre d’intrications, dont la première provient du système judiciaire allemand. Une injonction temporaire interdit à Broder de publier sa lettre ouverte sur son site ‘Internet’ « Die Achse des Guten » (L’axe du Bien).

Comme ce fut rapporté dans le journal ‘Aachener Zeitung’ jeudi, l’avocat de Hecht-Galinski, Gernot lehr, est en faveur d’un arrangement pour résoudre le conflit.

Cependant, Broder a déclaré au ‘Jerusalem Post’ qu’il s’oppose à un accord « permettant aux antisémites de décider ce qu’est l’antisémitisme. C’est comme si les pédophiles pouvaient décider ce qu’est le véritable amour pour les enfants ».

Un arrangement « musèlerait » son droit à la liberté de paroles et poserait un précédent judiciaire inacceptable pour une critique future des Juifs qui élèvent à grand bruit des remarques antisémites et diabolisent Israël, dit-il.

Après L’audience de mercredi à Cologne, l’avocat de Broder, Natan Gelbart, a déclaré au ‘Post’’ que la Cour régionale déciderait le 3 septembre si l’injonction temporaire serait annulée ou réduite.

Il a déclaré que la Cour avait reconnu que l’ordre de restriction était trop étendu, et que la Cour n’était pas consciente de la nature des tirades anti-israéliennes de Hecht-Galinski.

Hecht-Galinski a applaudi aux parallèles entre la politique israélienne et le nazisme, et laissé écumer sa rage contre un ‘lobby pro-israélien mondial’ qui cherche à empêcher la critique de l’Etat juif.

Son avocat Lehr a dit au ‘Post’ qu’il ne souhaitait pas commenter le dossier jusqu’au jugement de la Cour.

Après sa victoire juridique l’an dernier devant une Cour d’Appel à Francfort, qui affirma que la déclaration de Broder, journaliste du magazine ‘Der Spiegel’, que des Juifs sont aussi capables que les non juifs de faire à grand bruit des déclarations antisionistes et antisémites, Broder ajouta : « il y a des infirmières qui tuent leurs patients, des avocats qui commettent une fraude à l’assurance. Pourquoi ne pourrait-il pas exister des Juifs antisémites ? »

La deuxième intrication jouera dans la société allemande. Le père de Hecht-Galinski, Heinz Galinski, était un rescapé d’Auschwitz et il était devenu le premier président de la communauté juive allemande de Berlin après l’Holocauste. Il a aussi servi comme président de Conseil Central des Juifs d’Allemagne.

Certains des critiques de Hecht-Galinski disent qu’elle fait mauvais usage de la stature de son père décédé, en tant que personnalité publique estimée, pour monter une campagne anti-Israël publique. Elle a invoqué la phrase « en tant que fille d’Heinz Galinski » pour défendre ses critiques d’Israël.

Dans un entretien sur ‘Deutschlandradio’ l’an passé, elle a défendu les remarques des évêques catholiques allemands Georg Maria Hanke et Walter Mixa, qui, alors qu’ils visitaient Israël en 2007, mettaient Israël en équivalence avec l’Allemagne nazie.

« Ce matin nous avons vu des images du ghetto de Varsovie à Yad Vashem et ce soir nous allons dans le ghetto de Ramallah » disait Hanke. Pour Mixa,
Ramallah était « comme un ghetto » avec « presque le même racisme ».

Hecht-Galinski déclara à celui qui l’interrogeait à la radio qu’elle trouvait l’analogie nazie « très modérée », et qu’elle « regrettait » la décision par le cardinal allemand d’alors, Karl Lehmann, de présenter des excuses au nom de ses collègues.

Mais des excuses pour de telles remarques sont de mise, suggéra le Pr. Alvin Rosenfeld, directeur du programme d’études juives à l’Université de l’Indiana, et expert reconnu de l’antisionisme juif.

« Tous ceux qui mettent Israël dans le même sac que les nazis en faisant des analogies obscènes entre la politique d’Israël et le ghetto de Varsovie s’égarent dans un terrain très discutable, et doivent être très légitimement soumis à une forte critique », selon Rosenfeld au ‘Post’.

Son essai, « Progressive’ Jewish Thought and the New Anti-Semitism » (pensée juive progressiste et le nouvel antisémitisme), traduit en allemand, affirme que des déclarations anti-israéliennes malveillantes et des livres de nombre de Juifs britanniques et américains contribuent à l’antisémitisme moderne.

En ajoutant des commentaires sur Hecht-Galinski, Rosenfeld a cité le rapport du département d’Etat des USA « antisémitisme contemporain mondial », qui définit le fait de « faire des comparaisons entre la politique israélienne contemporaine et celle des nazis » comme antisémite.

Du côté européen de l’atlantique, l’Agence de l’UE pour les Droits fondamentaux, anciennement dénommée Centre Européen de Surveillance du Racisme et de la Xénophobie, a émis une « définition opérationnelle de l’antisémitisme » qui déclare que « tirer des comparaisons entre la politique israélienne contemporaine et celle des nazis » est une manifestation d’antisémitisme.

Joint à son domicile de Malsburg-Marzell, dans le Bade-Württemberg, mercredi soir, Hecht-Galinski a refusé tout commentaire et renvoyé vers son avocat.

Lors de ses apparitions fréquentes sur les media, Hecht-Galinski avance qu’un « bâillon tacite » existe en Allemagne pour empêcher la critique d’Israël.
“Le lobby juif et israélien, avec son réseau actif, s’étend sur le monde” pour écraser toute critique d’Israël, a-t-elle dit dans un entretien à la ‘Deutschlandradio’ dans un entretien l’an passé.

« Pour qu’un juriste crie ‘à la faute’ en prétendant que le ‘lobby pro-Israël’ sort pour réduire au silence toute critique légitime d’Israël, est en soi rien de moins qu’un autre piège rhétorique du manuel standard de l’antisionisme » dit Rosenfeld. « Si Henrik Broder montrait encore un exemple de son comportement mensonger, son compte serait bon ».

Les critiques des media en Allemagne ont observé la présence ubiquitaire de quelques Juifs anti-israéliens à qui l’on fournit des plateformes dans les principaux supports de la presse, pour alimenter la critique de l’Etat juif.

Dans un courriel au ‘Post’, le secrétaire général du conseil central des Juifs d’Allemagne, Stephan J. Kramer, a écrit : « Je partage l’opinion de M. Henryk Broder. C’est un phénomène rare de trouver même en Allemagne des juifs s’exprimant eux-mêmes de manière antisémite et antisioniste ; Mme Hecht-Galinski en est le pincipal représentant ; elle essaie à l’évidence de s’extraire de sa haine de soi par des déclarations antisémites et antisionistes. Le Conseil Central soutiendra M Henryk Broder dans ce procès, si Mme Hecht-Galinski croit qu’elle doit résoudre le problème devant les Cours de justice ».

Dans un entretien avec Deutschlandradio en 2006, Hecht-Galinski décrivait le Conseil Central des Juifs d’Allemagne comme le porte-parole du gouvernement israélien en Allemagne ».

Broder, considéré comme un expert reconnu de l’antisémitisme en Allemagne, a témoigné devant le Comité des affaires intérieures du Bundestag (Parlement allemand) en juin. « L’antisémite moderne ne croit pas aux ‘Protocoles des Sages de Sion’. Mais à la place, il fantasme sur le ‘lobby d’Israël’, supposé contrôler la politique étrangère de l’Amérique », a-t-il dit aux parlementaires.

Et en référence à la « culture de la mémoire », si l’Allemagne est dévorée par l’Holocauste et la période entre 1933 et 1945, elle ne parvient pourtant pas à voir la politique génocidaire de l’Iran comme une menace réelle contre les Juifs, Broder dit : « Pour l’antisémite moderne il va sans dire que chaque année, le 27 janvier, il va commémorer la libération d’Auschwitz. Mais dans le même temps, il milite pour le droit de l’Iran à posséder des armes nucléaires. Ou bien il inverse la relation causale et prétend que c’est Israël qui menace l’Iran et pas le contraire ».

Broder cite le parlementaire Norman Paech, porte-parole du troisième plus grand parti allemand, la Gauche, comme exemple d’antisémitisme contemporain en Allemagne. Paech est en faveur d’armes nucléaires pour l’Iran et emploie une terminologie nazie quand il parle d’Israël dans les media.

« Consacrez votre attention à l’antisémitisme moderne qui porte le masque de l’antisionisme, et à ses représentants. Vous trouverez certains de ces derniers dans nos propres rangs » a dit Broder aux politiciens de l’ensemble de la classe politique présents à l’audience du Comité des affaires Intérieures.


http://www.jpost.com/servlet/Satell...;pagename=JPost%2FJPArticle%2FShowFull



Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 4.5.87
Hébergeur : OVH