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Un silence terrible
Par David Horovitz, rédacteur en chef du Jerusalem Post - Traduit par Albert Soued pour www.nuitdorient.com
Article mis en ligne le 15 janvier 2007

« Quand on fait le bilan, c’est une honte ! » dit Irwin Cotler, ex-ministre de la Justice du Canada et procureur général. Instruites par l’échec innommable de la communauté internationale pour empêcher le massacre massif des Juifs par Hitler, les Nations Unies ont adopté la « Convention sur la Prévention et la Punition du Crime de Génocide », en 1948.

Cette convention impose aux signataires la responsabilité de punir non seulement le crime de génocide mais aussi, « la conspiration pour commettre un génocide et l’incitation directe et publique au génocide ».

Si cette désignation est quelque peu lourde, il y a un moyen plus aisé de se souvenir de cette loi, tout simplement en l’appelant « plus jamais cela ! ». Mais l’histoire des crimes de masse a montré que quel que soit son nom, cette convention est traitée en permanence avec mépris.

Homme généralement calme, Cotler élève la voix involontairement, devant les manquements outrageants constatés : « En aucune circonstance l’Onu n’a agi pour prévenir un génocide. Nous avons eu génocide après génocide, et àchaque fois l’Onu n’a pas agi ou a agi tardivement ».

Il explique en s’insurgeant : « Un génocide est en cours au Darfour et les médias donnent encore le nombre de morts de 2002, soir 200 000 ; or 450 000 êtres humains ont été assassinés. De même les médias parlent de 2,5 millions personnes déplacées ; or selon le coordinateur des Nations Unies pour l’aide humanitaire, on est plus près de 4 millions. Il y a des atrocités de masse, des viols de masse, des expulsions forcées, le bombardement et l’incendie de villages. En 2005, l’Onu a adopté une résolution interdisant au Soudan les attaques offensives. Personne ne l’a obligé àl’appliquer. Et en aoà»t 2006, le Conseil de Sécurité a demandé l’installation d’une force internationale et àce jour elle n’est pas en place. Le monde sait ce qui se passe au Darfour et personne n’agit. Au Rwanda, le monde savait et 800 000 personnes sont été tuées ! »

Et Cotler répète des phrases qu’il a depuis longtemps polies : « Quand on arrive àl’Iran, cet Etat a signé la convention  »plus jamais cela !«  en 1949 et l’a ratifiée en 1956. Les propos d’Ahmedinejad sont clairement des appels au génocide et contreviennent àla convention signée. C’est une plaidoirie pour le plus horrible des crimes, le génocide, insérée dans la haine la plus virulente, l’antisémitisme. Cet appel est propulsé par une intention déclarée publiquement, celle d’acquérir des armes nucléaires dans ce but et magnifiée par des défilés dans les rues de Téhéran de missiles Shihab-3 drapés dans le slogan »Effacez Israë l de la carte« Or les remèdes sont clairs. Devant une culpabilité flagrante, le prétendu engagement universel aux valeurs humaines et la loi offrent de nombreuses possibilités de prévenir un génocide annoncé et de punir ceux qui le préconisent ». Cotler les cite avec lassitude :

  • punition par le biais de la convention que j’appelle « plus jamais cela ! » qui autorise l’ONU àimposer toute sanction au régime Iranien
  • débat et action personnelle initiés par le Secrétaire Général qui a l’autorité personnelle de référer tout sujet qui menace la paix et la sécurité dans le monde au Conseil de Sécurité
  • porter les faits devant la Cour Internationale de Justice, àl’initiative de l’Onu ou d’un état membre, comme cela a été fait contre Israë l àpropos de la Barrière de Sécurité
  • poursuites criminelles contre Ahmedinejad àla Cour Criminelle Internationale
  • placer cet homme et d’autres suspects sur une liste noire leur interdisant l’entrée dans certains pays.

« La route de la prévention d’un génocide en formation est largement ouverte mais où est la volonté de la suivre ? »

Cotler visite fréquemment Israë l et il est la cheville ouvrière d’un groupe, comprenant le Pr Alan Dershowitz, qui prépare des mesures légales contre les plans génocidaires d’Ahmedinejad. Il dit clairement que le Canada a l’intention de mener une action : « j’ai parlé au ministre des Affaires Etrangères et au premier ministre. Ils envisagent un des »remèdes« cités et ils le feront »

Cotler est en pourparlers avec des membres du Comité juridique du Sénat américain, avec le gouvernement hongrois qui examine cette question, avec l’Argentine, qui a récemment expédié des mandats d’arrêt contre l’ex président Hashemi Rafsanjani et d’autres officiels Iraniens, impliqués dans les attentats contre des bâtiments de la communauté juive de Buenos Aires en 1994.
Il a aussi de grands espoirs de voir l’Allemagne agir seule ou àla tête de l’Union européenne depuis le 1/1/07. Cotler a écrit au nouveau secrétaire général de l’Onu Ban Ki Moon qui a jugé inacceptables les propos d’Ahmedinejad, le jour de son installation.

Mais alors qu’en est-il d’Israë l, le pays le plus explicitement visé ? Cotler a rencontré des membres du gouvernement en septembre. Il soupire « j’ignore pourquoi Israë l se tient dans l’ombre et n’agit pas àtravers l’un des »remèdes« puisqu’il est directement menacé »

On peut présumer que l’expérience des instances internationales n’encourage en rien Israë l àfaire appel àelles et ce pays ne souhaite pas être àla tête d’une telle action ? mais devrait intervenir pour pousser d’autres nations àassumer leur responsabilité. Malheureusement les nations ne reconnaissent pas, ni ne connaissent leurs obligations.

Quand il était ministre de la justice du Canada en 2004, Cotler rappelle « Je peux vous affirmer que 3 ministres de la Justice du G8 n’étaient vraiment pas au courant du génocide en cours au Darfour. Les gens vivent dans des bulles. On doit leur apporter les faits et sonner l’alarme ! »

En Juin dernier les Iraniens envoient une délégation àla première rencontre du Conseil pour les droits humains de l’ONU àGenève qui incluait un procureur général de Téhéran, Saïd Mortazavi. Ce dernier était impliqué dans l’arrestation illégale, la torture et le meurtre d’une journaliste Canadienne Zahra Kazemi. Le Canada a demandé son arrestation. N’attendant même pas la réaction de la Suisse, Motazavi s’est enfui de Genève. Cotler commente « Ceci vous démontre ce qu’on peut faire s’il y a la volonté de le faire »

Par contre, 3 mois plus tard, un homme qui entraîne manifestement des terroristes et qui menace d’éliminer un état appartenant aux Nations Unies, Ahmedinejad, se présente au siège de l’Onu àNew York. Aucune liste noire ne l’a arrêté. Aucune poursuite judiciaire pour ses incitations génocidaires. Il était libre de pontifier sur la manière de « parvenir àla paix, la tranquillité et au bien être de tous, dans un monde en proie àla domination militaire et ? àla propagation du terrorisme » devant un auditoire extasié àl’Assemblée Générale de l’Onu, organe ostensiblement dédié àempêcher la menace de l’usage de la force par un état contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un autre état. Ses hôtes n’ont rien perçu de l’ironie de la situation, mais Ahmedinejad lui l’a probablement perçue.
La récente et bruyante négation de l’holocauste par l’Iran a provoqué des vagues de protestations indignées. Cotler ne s’en plaint pas. Mais quand tant de gens s’indignent devant la négation d’un génocide passé, il se demande pourquoi on en trouve si peu qui cherchent àprévenir un autre.

Ni le Conseil de Sécurité ni l’Assemblée Générale de l’Onu n’ont débattu des intentions du président Iranien de détruire l’Etat d’Israë l. Ahmedinejad s’est moqué des sanctions tardives et anémiques de l’Onu qui devaient sanctionner et arrêter son programme nucléaire et il a bien précisé que personne n’arrêterait ce programme. Pourquoi penserait-il différemment de la convention « plus jamais cela ! » , devenue un slogan vide de sens.