Les résultats d’une première partie du dernier sondage du très sérieux Centre Palestinien de Recherche et d’Enquêtes ( PSR ) conduit en Judée Samarie et dans la bande de Gaza entre les 13 et 15 décembre, dans la foulée de ce qui passe pour deux victoires palestiniennes, à Gaza et à l’ONU, montrent une remontée spectaculaire du Hamas dans l’opinion publique palestinienne, avec une préférence pour Hanyeh aujourd’hui. Un soutien presque égal au Fatah rendant une réconciliation possible. Préoccupant, compte tenu de l’idéologie de destruction pure et simple d’Israë l du Hamas clairement affichée lors de la visite de Khaled Meshal dans la Bande de Gaza.
Résumé des résultats concernant les questions internes palestiniennes
Le Centre Palestinien de Recherche et d’Enquêtes ( PSR ), institut très fiable, vient de publier les résultats de son sondage mené dans la bande de Gaza et en Judée Samarie. Résultats significatifs obtenus dans la foulée de ce que les Palestiniens, mais pas uniquement, considèrent comme deux victoires palestiniennes remportées contre Israë l. Le PSR résume ces résultats concernant les questions internes palestiniennes dans ce communiqué de presse :
« Les événements de ces dernières semaines ont donné un sérieux coup de pouce au Hamas semblable à ce qui a suivi l’épisode au cours duquel la frontière de Rafah avec l’Égypte avait été violée début 2008.
Le quatrième trimestre 2012 montre un changement radical dans l’attitude du public en faveur du Hamas. La popularité d’Hanyeh a augmenté de manière significative, ce qui lui permettrait de l’emporter sur Abbas si de nouvelles élections présidentielles avaient lieu aujourd’hui. Une élection parlementaire, si elle se tenait aujourd’hui, donnerait un nombre presque égal de voix au Hamas et au Fatah.
En outre, une évaluation positive de l’opinion des conditions de vie dans la bande de Gaza augmente considérablement et l’écart dans la perception publique des conditions de vie en Cisjordanie par rapport à celles que l’on trouve dans la bande de Gaza se creuse en faveur de celle-ci ; cet écart a été enregistré pour la première fois dans notre précédent sondage en septembre dernier.
Inutile de dire que l’issue de la dernière guerre de Gaza entre le Hamas et Israë l a provoqué ce changement, un sujet que nous allons bientôt aborder dans notre prochain communiqué de presse.
Les résultats sont également plutôt positifs pour Abbas. L’évaluation des conditions en vigueur en Cisjordanie est plus positive aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a trois mois. De même, l’évaluation positive des résultats d’Abbas augmente dans ce sondage.
Ces résultats ont pu être générés par le résultat de la guerre diplomatique livrée à l’ONU entre l’Autorité palestinienne et Israë l. L’arrêt des manifestations et des affrontements internes qui ont éclaté en Cisjordanie il y a plus de trois mois pour protester contre la hausse des prix et la détérioration des conditions économiques pourrait également avoir contribué à la perception générale du public de l’amélioration des conditions générales en Cisjordanie.
Enfin, les résultats montrent une augmentation spectaculaire du niveau d’optimisme quant aux chances de réconciliation et de réunification de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par rapport à la situation non seulement il y a trois mois, mais, et ce qui est le plus important, depuis la séparation [ entre Hamas dans la bande de Gaza et Fatah en Judée Samarie ] en Juin 2007  » .
Ce qui est vécu comme une victoire militaire du Hamas par les Palestiniens
Le PSR évoque ce qui serait une victoire militaire. Le cessez-le-feu auquel Israë l et le Hamas ont consenti, le fait qu’Israë l n’a pas envoyé de troupes terrestres dans la bande de Gaza, ou encore l’allégement léger du blocus, sont considérés, en effet, dans le monde arabo-musulman comme des victoires remportées contre l’État hébreu.
A titre d’exemple, à la fois dérisoire mais significatif, pour marquer cette « victoire  » un nouveau parfum, cher, d’ailleurs, vient d’être lancé dans la Bande de Gaza. Il porte le nom d’une roquette locale lancée par centaines contre les populations civiles d’Israë l, le M-75
M-75 ornant en maquette géante la grand place de Gaza où Khaled Meshal, chef du bureau politique du Hamas, a tenu, pour sa première visite en ce lieu, une réunion monstre pour célébrer cette « victoire  » ainsi que l’anniversaire de la fondation du mouvement terroriste. Il tenait un langage guerrier, réitérant le crédo du Hamas : la destruction pure et simple d’Israë l.
Des manifestations semblables, autorisées par Mahmoud Abbas, une nouveauté, ont été organisées par le Hamas en Judée Samarie, à Naplouse et Hébron, notamment. Sur fond d’augmentation des troubles anti-israéliens...
Une « victoire  » avec quelque 1.500 sites terroristes pris pour cible et des centaines de victimes...
On peut s’interroger sur la réalité de cette « victoire  » lorsque l’on sait que Tsahal a porté des coups très sérieux contre le Hamas. Dans son bilan de l’Opération Pilier de Défense, l’armée israélienne, en effet, fait état de « 1.500 sites terroristes visés, parmi lesquels dix-neuf leaders terroristes du Hamas et du Jihad Islamique, trente contres de commandement de premier ordre, 980 rampes de tirs souterraines, cent quarante tunnels utilisés pour le trafic d’armes, soixante-six utilisés pour des activités terroristes, quarante-deux salles d’opération et bases du Hamas, vingt-six sites utilisés pour la fabrication et le stockage d’armes ainsi que des dizaines de sites et rampes de lancement pour fusées longue portée  »
Quant au bilan humain, du fait des attaques terroristes à la roquette et au missile lancés depuis Gaza contre Israë l, côté israélien il y a eu six morts et cent quarante blessés. Côté palestinien, le bilan est bien plus lourd à en croire les chiffres donnés : près de cente soixante-dix morts et mille deux cents trente-cinq blessés au moins. On notera, en passant, qu’un certain nombre de victimes palestiniennes ont été touchées par des projectiles palestiniens....
Pourtant Israë l avait pris un ensemble de mesures pour minimiser ces chiffres. Or, le Hamas utilise sa population comme boucliers humains et à des fins de propagande, Et la différence entre le nombre de victimes des deux côtés est censé prouver ce qui serait une violence délibérée israélienne. Par ailleurs, si la construction d’abris est incontournable en Israë l, il n’en va pas de même dans la bande de Gaza, pourtant toujours à l’origine des conflits armés. Car, et le Hamas le dit clairement, comme le relevait Palestinian Media Watch le 9 décembre dernier, citant, entre autres, l’un de ses dirigeants s’étant exprimé à la télévision gazaouie, Al Aqsa TV, le 18 novembre, pendant l’Opération : « les dirigeants du Hamas recherchent le martyre ( la mort pour Allah ). Vous voulez nous effrayer avec ce que nous aimons ( la mort)  ».
Quant aux dégâts matériels importants, ils ne semblent guère compter beaucoup étant donné que ce qui a été détruit sera reconstruit.Par le Qatar, déjà sur place, entre autres.
On ajoutera à cela la magie du verbe qui, souvent, caractérise ces cultures.
On comprend mieux, dès lors, pourquoi ce qui s’est passé dans la Bande de Gaza pendant huit jours en novembre est vécu et présenté comme une victoire telle qu’elle redore le blason du Hamas aux yeux de l’opinion publique palestinienne.
Une victoire diplomatique de Mahmoud Abbas, mais sur le moyen et le long terme ?
Comme le souligne PSR, Mahmoud Abbas, qui perdrait face à Hanyeh, le « Premier ministre  » du Hamas dans la Bande de Gaza, si des élections présidentielles se tenaient aujourd’hui, se porte néanmoins bien aux yeux de son opinion publique, d’éventuelles législatives mettant Hamas et Fatah à égalité. Cela peut s’expliquer par « le résultat de la guerre diplomatique livrée à l’ONU entre l’Autorité palestinienne et Israë l  ». Il est indéniable, en effet, que ce combat a été remporté par le Président palestinien car ce sont cent trente-huit pays qui ont voté en faveur de l’entrée de « la Palestine  » comme État observateur non membre au sein de l’organisation internationale. Y compris une bonne partie des pays européens. Mahmoud Abbas est donc rentré en héros à Ramallah.
On pourra objecter qu’il y a à l’Assemblée Générale de l’ONU, ONU, ce « machin  » disait de Gaulle, à laquelle s’était adressé Mahmoud Abbas après que sa demande d’État a échoué l’année dernière devant le Conseil de Sécurité, une majorité automatique contre Israë l. Ce qui explique, toutes les incohérences scandaleuses que relève UN Watch, cet Observatoire de l’ONU qui décortique et dénonce des manÅ“uvres anti-israéliennes de cette organisation internationale censée gérer les affaires du monde...Ainsi, le Président du CRIF, Richard Prasquier, écrit-il dans un éditorial : « UN Watch nous rappelle que l’Assemblée générale de l’ONU au cours de la session 2012 a passé 26 résolutions condamnant pour son action un pays particulier. La Syrie, l’Iran, la Corée du Nord et la Birmanie ont été une fois la cible de critiques. Israë l l’a été 22 fois (85% des résolutions)  ». Qu’attendre, dans ces conditions, quoi que ce soit d’équitable et de positif de l’ONU...
Il n’en reste pas moins que les choses étant ce qu’elles sont ce vote onusien peut être qualifié de victoire diplomatique. Regrettable, certes, si les Palestiniens l’utilisent à mauvais escient, en traduisant Israë l devant la Cour Pénale Internationale comme l’y pousse, par exemple, Human Rights Watch qui n’a pas peur de renier ses engagements. Ce que dénonce également UN Watch ManÅ“uvres attrayantes à court terme pour les ennemis d’Israë l mais qui, sur le moyen et long terme, ne pourraient que repousser toute perspective de paix...
En attendant, PSR, estime que les changements enregistrés dans la popularité respective des deux dirigeants pourrait conduire à une unité palestinienne retrouvée, souvent annoncée mais irréalisable jusqu’ici, compte tenu des divergences entre Fatah et Hamas. Or, lorsqu’on connaît le credo du mouvement terroriste, réitéré récemment à Gaza par son chef politique, Khaled Meshal, à savoir la destruction pure et simple d’Israë l qui serait remplacé par un État palestinien, la perspective d’une « union nationale  » a de quoi inquiéter...