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Quelques enseignements des élections municipales israéliennes
par Samuel Ghiles Meilhac, doctorant àl’EHESS, ancien étudiant àl’IPRIS
Article mis en ligne le 19 novembre 2008

Alors qu’il faut attendre les élections législatives du 10 février prochain pour savoir qui de Tsipi Livni du parti centriste Kadima ou de Benjamin Netanyahou du parti de droite Likoud succédera àEhoud Olmert àla tête du gouvernement israélien - la faiblesse du Parti Travailliste est telle que les chances pour Ehoud Barak d’occuper le fauteuil qui fut le sien de 1999 à2001 sont pratiquement nulles- les Israéliens ont renouvelé leurs conseils municipaux le 11 novembre dernier. Quels enseignements peut-on tirer des résultats ?

Primauté des enjeux locaux

Ces scrutins sont, comme c’est d’ailleurs le cas dans de nombreuses élections locales en Europe, àobserver àl’aune d’enjeux avant tout locaux : le logement, les transports, la sécurité, l’image de l’équipe municipale sortante... L’affiliation àun parti politique national n’est pas le facteur principal est les questions de politique étrangère ne sont pas primordiales. Cela étant, les résultats des deux « villes capitales  » du pays ( Tel-Aviv est reconnue par la communauté internationale comme l’actuelle capitale du pays et accueille toutes les ambassades étrangères, Jérusalem est le siège du gouvernement israélien et seul un accord israélo-palestinien sur le partage de la ville sainte permettra de trouver une solution àcet état de fait ) apportent des enseignements utiles àla compréhension des récentes évolutions de la société israélienne.

Victoire laïque àJérusalem, bon score d’un outsider àTel Aviv

A Jérusalem, la défaite du candidat religieux, Meir Porush , est une surprise. Ces dernières années, la ville s’est progressivement vidée de ses habitants laïcs, laissant penser que les partis religieux, au pouvoir depuis 2003, étaient en train de gagner « l’autre conflit  », pour reprendre l’expression du journaliste israélien Marius Schattner, sur l’identité d’un État qui se veut àla fois « juif et démocratique  ». C’est le laïc Nir Barkat qui l’a emporté, profitant des divisions au sein du monde religieux. Le grand perdant est l’homme d’affaire russo-israélien Arcadi Gaydamak, qui recueille moins de 4% des voix. Connu en France pour son implication dans le scandale de l’Angolagate, il n’a pas lésiné dans les initiatives en tout genre pour attirer des votes sur son nom. Propriétaire du club de football Betar Jerusalem, il s’est rendu célèbre grâce àses diatribes populistes contre la classe politique israélienne. Il a aussi tenté un rapprochement avec les Palestiniens de la partie orientale de la ville, annexée depuis 1967 par Israë l àla suite de la guerre des six jours. Peine perdue, les habitant arabes de Jérusalem ont une fois de plus largement boycotté le scrutin, prouvant une fois de plus que la ville dite « réunifiée  » selon le discours des autorités israéliennes est un point de fixation permanent du conflit israélo-palestinien.

A Tel-Aviv, le sortant Ron Huldai, proche du Parti Travailliste, a été réélu. Il a pourtant du faire face au succès inattendu d’un candidat dont l’affiliation politique nationale n’est pas anodine. En effet son concurrent le plus sérieux, Dov Khenin, qui a rassemblé un peu plus d’un tiers des voix ( 34%), est un député du Hadash, un mouvement politique judéo-arabe héritier du Parti Communiste israélien. Il s’était opposé àl’escalade militaire lors de la guerre du Liban de l’été 2006 entre le Hezbollah et Israë l et a été l’avocat de certains refuzniks, des soldats israéliens refusant de servir dans les territoires occupés palestiniens. Bien que son bon score s’explique surtout par sa forte implication sur les problématiques sociales et environnementales, son discours politique en opposition avec les grands partis de la droite et de gauche ne l’ont pas empêché de forcer le sortant àfaire campagne. Reste àsavoir si le bon score de Dov Khenin augure d’une recomposition de la gauche israélienne, alors que les initiatives pour créer une nouvelle formation pour remplacer un parti travailliste , épuisé et sans repère, se multiplient.

La perspective de voir une femme, Tsipi Livni, devenir Premier Ministre dans les mois àvenir, tendrait àconfirmer la place croissante qu’occupent des femmes dans le jeu politique israélien. Hélas, les élections municipales ont été une douche froide pour de nombreuses militantes féministes : les femmes ne constituent que 2 % des maires élus...