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Par la voix du Cardinal Jean-Louis Tauran le Vatican préconise l’internationalisation, Islam compris, des lieux saints de Jérusalem
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 4 décembre 2011
dernière modification le 15 décembre 2011

Cet ancien ministre des Affaires étrangères du Vatican qui voit dans « le conflit israélo-palestinien la mère de toutes les crises  » d’une manière aussi infondée qu’absurde ou cautionne l’infréquentable Ahmadinejad, demande aujourd’hui que « les lieux saints àl’intérieur des murs de la Vielle Ville de Jérusalem  » passent sous le contrôle, non pas de l’Europe ou du Conseil de Sécurité mais « d’un grand nombre d’États,  » islamiques inclus.Y aurait-il l’Iran parmi eux ?

Anticipant la création d’un État palestinien et d’un partage de Jérusalem, le Cardinal veut placer la Vielle Ville sous contrôle d’un grand nombre d’États...musulmans compris 

Le 2 décembre 2011 le Cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux, se mêlait ànouveau du conflit israélo-palestinien en affirmant, au nom du Vatican, que «  il n’y aura pas de paix si la question des lieux saints n’est pas résolue.  » Il déplorait que cette question n’ait jamais été mise sur la table des négociations, estimant qu’elle doit l’être. Et précisait que « cette partie de Jérusalem àl’intérieur des murs – avec les lieux saints des trois religions – est le patrimoine de l’humanité car chacune d’entre elles y a ses racines.  »

A la différence de nombre de musulmans, Autorité palestinienne y compris, il ne nie pas qu’il y a des racines juives àJérusalem mais les met sur le même pied que celles des autres religions monothéistes alors que le lien musulman avec Jérusalem n’est pas établi, la ville n’étant jamais mentionnée dans le Coran tandis que Médine, par exemple, l’est des centaines de fois...

Très habilement et anticipant la création d’un État palestinien et un partage de Jérusalem, le Cardinal justifie cette injonction ainsi : « supposons que demain une partie de Jérusalem appartienne àun État palestinien : un matin un groupe de fondamentalistes musulmans pourrait décider de construire une mosquée làoù se trouve le Saint Sépulcre.  » C’est donc des lieux saints chrétiens qu’il se préoccupe, en toute logique, d’ailleurs.
Pour éviter cette main-mise fondamentaliste musulmane sur un haut lieu chrétien, et alors qu’Israë l n’a jamais menacé aucun lieu de culte, qu’il soit chrétien ou musulman, le Vatican, par la voix du Cardinal, donne sa « solution  » : «  que la communauté globale gère ces sites, confiant cette tache à « un groupe important d’États, plutôt que de la mettre entre les mains du Conseil de Sécurité de l'ONU ou de l'Europe  »...Tiens, donc...On comprend ici la manÅ“uvre...Parmi ces pays devant gérer « les lieux saints dans la Vielle Ville de Jérusalem  » le Vatican souhaite clairement que des pays musulmans soient inclus, puisque les trois religions monothéistes sont mentionnées.

Le Cardinal conclut en déclarant que « le caractère sacré et unique de la zone doit être sauvegardé et ne peut l’être qu’avec un statut spécial avec une garantie internationale,  » rapporte l’agence de presse palestinienne Maan News. On sait déjàque cette garantie internationale ne peut se limiter àl’Europe ni au Conseil de Sécurité et doit inclure des pays musulmans. La question étant de savoir lesquels...

Le Vatican cautionne le monstrueux Ahmadinejad et participe àune farce tragi-comique

En effet, il y a entre ce Cardinal et l'Iran de liens indéniables . Ainsi, en novembre 2010, le Cardinal rencontrait Mahmoud Ahmadinejad àTéhéran et on le voyait tout sourire serrant la main du dictateur iranien, celui-làmême qui avait réprimé dans le sang les prémices d’un printemps iranien que balayèrent ses tortionnaires en juin 2009 – qui se souvient de Neda, jeune femme assassinée dans une rue de Téhéran lors d’une manifestation pacifique... pas le Cardinal, semble-t-il... , sans que rien ne soit fait pour le soutenir. Ce même Ahmadinejad qui appelle àla destruction d’Israë l, finance le négationnisme et prépare une bombe atomique...

A cette occasion, le Cardinal Jean-Louis Tauran participait aussi àun colloque sur : « Religion et société : perspectives chrétiennes et musulmanes  » du 9 au 11 novembre 2010, organisé àla fois par le dicastère qu’il préside et par le Centre pour le dialogue interreligieux de l’Organisation islamique des cultures et des relations. Il se prêtait ainsi àune farce tragi-comique, compte tenu, notamment de toutes les violations aux Droits de l’Homme dans l’Iran des Mollahs, reconnues même par l’ONU= et de tout ce qui précède.

Dans les conclusions du colloque on lit, entre autres perles, une attaque aux fondements mêmes de la laïcité : «  la religion ne peut être reléguée dans la sphère privée, y compris dans l’intérêt de la société.  »
Puis, « la question de la liberté religieuse est également évoquée. Le texte souligne que la foi, de part sa nature, exige la liberté. En conséquence, la liberté religieuse, en tant que droit inhérent àla dignité humaine, doit toujours être respectée par les individus, les agents sociaux et l’Etat. - allez dire ça aux Bahais persécutés en Iran -
L’application de ce principe fondamental devra prendre en considération le contexte historico-culturel de chaque société, àcondition qu’il ne soit pas en contradiction avec la dignité humaine.  »

Dignité humaine telle qu’elle est définie par Ahmadinejad et que cautionne le Vatican...

Avec ce déplacement du Cardinal et sa participation àla farce qu’a été ce colloque le Vatican cautionnait les violations aux droits de l’Homme du gouvernement iranien sur lesquelles il fermait les yeux. Pratiques détaillées dans un rapport de l’ONU paru plus tard, certes, mais ces type de rapport existait alors aussi. On y trouve : « pratique de la torture, de traitements cruels et dégradants, contre des activistes politiques, des journalistes, des étudiants, des avocats et des militants environnementaux.
Le rapport présente également des cas d’interdiction par le gouvernement de liberté d’assemblée, de violation des droits des femmes, des droits des religieux et des minorités ethniques. Le Rapporteur spécial déplore le nombre grandissant d’exécutions sans garanties juridiques requises et l’augmentation d’exécution de jeunes.  »=

Vendre Jérusalem pour tenter de sauver les quelques chrétiens qui restent en terre musulmane ?

Pour bien cerner la personnalité du Cardinal Jean-Louis Taura, il faut savoir qu’il s’était déjàillustré en déclarant en octobre 2010 que « le conflit israélo-palestinien est la mère de toutes les crises.  » Déclaration aussi ubuesque que significative quant àce qui anime le Vatican. Le porte-parole de l’Ambassade d’Israë l en France, Yaron Gamburg, avait démontré l’absurdité de telles déclarations en détaillant toutes les crises qui secouaient alors la région et concluait : « L’avenir des communautés chrétiennes au Moyen-Orient, et dans le monde musulman en général, est le véritable motif de préoccupation et d’anxiété. Plutôt que de discuter cette importante question, le Cardinal et beaucoup d’autres dans le cadre du récent Synode sur le Moyen-Orient continuent àattaquer Israë l. Pourquoi ?! La peur face àl’extrémisme islamique, doublée comme il se doit d’un brin de lâcheté, n’en serait-elle pas la véritable cause ? La peur est généralement le père de nombreuses distorsions ...  »

Mais peut-être trouve-t-on ici les raisons de cette intervention du Cardinal et de la « solution  » que préconise le Vatican par sa voix. A-t-on ici un « donnant, donnant  » ? On donne le contrôle des lieux saints de Jérusalem en partie àdes pays musulmans qui, en échange, protégeront ce qui reste des communautés chrétiennes en terre musulmane ? Ceux qui n’ont pas choisi l’exil pour échapper aux persécutions de leurs concitoyens musulmans...ce que montrait déjàle documentaire de Pierre Rehov, « Terre Sainte : chrétiens en péril  »

Le Cardinal et la prise d’otage dans la Basilique de la Nativité àBethléem en 2004, on voyait déjàse dessiner cette position du Vatican

Dans ce documentaire Pierre Rehov, images àl’appui, racontait la réalité de ce qui s’était passé dans la Basilique de la Nativité àBethléem en 2004, profanée et vandalisée par des terroristes palestiniens qui prièrent en otage des moines et des sÅ“urs. Des forces israéliennes entourèrent alors la Basilique. Bien entendu, c’est Israë l qui fut accusé et France-Israë l publiait alors ce communiqué : « Depuis le 2 avril, l’irruption dans ce lieu saint de 100 à200 Palestiniens en armes et la prise en otages d’enfants, de prêtres et de civils ne sont pas dénoncés comme un scandale. C’est l’encerclement par l’armée d’Israë l àla poursuite des terroristes qui serait un sacrilège, bien qu’il ait été effectué avec le maximum de précautions.
Le 23 avril, trois moines arméniens ont réussi às’échapper de la basilique, bouleversés par le sort que les Palestiniens réservent aux otages, par les agressions sur des prêtres, par les vols de crucifix, de livres de prière et d’objets de culte en or.  » On sut plus tard que ces terroristes avaient installé des explosifs dans la Basilique.

Le Cardinal Tauran, interrogé àl’époque admettait dans un premier temps que « la gravité de la situation s’explique en outre par le fait que l’occupation des Lieux Saints par des hommes armés est une brèche dans la longue histoire du statut de ces lieux, puisque depuis l’époque Ottomane jusqu’àaujourd’hui, jamais ils n’avaient été occupés aussi longtemps par des hommes armés.  » Ces hommes armés étant des terroristes palestiniens. Qui furent exilés après leur reddition

Mais il mettait ensuite Israë l en cause, en déclarant : « Il est effectivement devenu urgent de trouver une solution. Certes, on comprend bien que l’Etat d’Israë l doive se défendre du terrorisme. Personne ne peut justifier le terrorisme, quel qu’il soit. Le problème, c’est la réponse. Trop souvent, c’est le peuple qui fait les frais de l’opération. Il faut que la réponse légitime soit faite avec mesure. Il s’agit de faire preuve de proportionnalité entre le mal àcombattre et les moyens que l’on utilise.  »

Il continuait àmettre sur le même pied des terroristes armés ayant pris des religieux en otage et les utilisant comme boucliers humains lorsqu’ils tiraient sur les forces de sécurité israéliennes qui ne répliquèrent pas en affirmant : « De plus en plus, il apparaît nécessaire qu’une tierce partie sur le terrain puisse aider les uns et les autres àabandonner le langage des armes, àse regarder, àretrouver une confiance mutuelle et às’asseoir autour d’une table.  »

Et le Cardinal définissait ainsi la position du Pape Jean-Paul II en ces termes : « Il a eu l’occasion plusieurs fois de présenter de manière autorisée sa position : respect de l’autre et de ses légitimes aspirations, application du droit international, évacuation des territoires occupés et statut internationalement garanti pour les parties les plus sacrées de Jérusalem. Ce sont les conditions indispensables pour arriver àun début de pacification et pour briser le cycle infernal de la haine et de la vengeance .  » Ce qui équivaut, en creux, àune justification du terrorisme...

On appréciera l’approximation, voire la désinformation concernant le « droit international  », l’étendue des concessions demandées pour avoir en échange « un début de pacification...  », en clair un début de renoncement palestinien au recours aux armes. Mais on voit aussi que l’idée de cette internationalisation des lieux saints àJérusalem n’a rien de nouveau. Pourtant, aujourd’hui, les conditions de cette internationalisation sont précisées par le Cardinal qui récuse l’Europe et le Conseil de Sécurité et cautionne Ahmadinejad....