La manière dont est conduite la politique étrangère de la France au Moyen-Orient serait parfois comique si elle n’avait potentiellement des conséquences tragiques. Comme en attestent les volets franco-syrien et franco-palestinien.
Le volet syrien
« La Syrie lui apparaît en fait le meilleur allié d’Israë l dans la région, parce qu’elle est à la fois un Etat stable et faible » nous dit-on dans le Rapport établi par la Commission parlementaire de l’Asemblée nationale sorti il y a quelques semaines. On parle ici de Christophe Bigot, Ambassadeur de France en Israë l. Qui, nous dit-on, partage l’opnion de Jean-Claude Cousseran tout juste nommé« émissaire chargé de relancer le volet israélo-syrien du processus de paix.  » Avis exprimé par celui-ci en octobre 2009 alors que l’émissaire était ministre plénipotentiaire, secrétaire général de l’Académie diplomatique internationale et était entendu par la Commission : « Sur le fond, les relations entre Israë l et la Syrie sont complexes et difficiles à déchiffrer. La Syrie proclame jour après jour une hostilité catégorique à l’égard Israë l et soutient contre l’Etat hébreu le Hezbollah et le Hamas. Elle s’affirme comme une alliée stratégique de l’Iran. Pour autant, les deux pays ne s’affrontent directement que très rarement et Damas veille à ne pas prendre de risque vis-à -vis d’Israë l. Il n’y a pas eu d’incident sur le Golan depuis des années. Les Israéliens n’ont évidemment pas la moindre sympathie pour le régime syrien mais ils savent que l’alternative que serait un régime proche des Frères musulmans sunnites serait plus dangereuse encore que le régime alaouite actuel.  »
Dans ce Rapport parlementaire, s’il est mentionné en passant, on évite soigneusement de mettre l’accent sur le soutien patent et actif de la Syrie au terrorisme, mis en lumière par le rapport du Département d’Etat américain. Et et encore moins de le condamner. On sait pourtant parfaitement bien dans les Chancelleries que, grâce au dictateur syrien, « le Hezbollah possède plus de missiles que certains pays,  » comme l’a affirmé le Secrétaire américain à la Défense ou les responsables israéliens.
On lit, toujours avec le même étonnement, que « Ces négociations de plusieurs années ont .... échoué tout près du but, alors que la quasi-totalité des questions avait trouvé une solution acceptable par les deux parties.  » Alors que quelques lignes plus haut on lisait dans ce même Rapport : « En tant qu’ambassadeur de France à Tel Aviv, M. Christophe Bigot a confirmé à la Mission, en mars dernier, que c’était bien à cause de l’opposition de l’opinion publique israélienne que l’accord sur le Golan obtenu à l’issue des négociations n’avait pas été signé, en 1999.  » Et on lit : « A l’heure actuelle 75 à 80 % des Israéliens sont contre un retrait du Golan car ils perçoivent cette région comme une zone skiable .... » Ce que redisait Elisabeth Guigou lors d’une conférence de presse de présentation du Rapport...
Par ailleurs, la rupture des négociations entre Israë l et la Syrie est attribuée uniquement à Israë l : « M. Patrice Paoli confirme que la négociation avec Israë l avait beaucoup progressé, et que l’offensive à Gaza était apparue aux Syriens comme une « trahison  ». Le fait que les Syriens entendent prendre comme point de départ aujourd’hui les négociations non abouties entre Hafez El-Assad et Yitzah Rabin ne semble poser aucun problème pour la France...
Prête, semble-t-il, à faire de multiples gestes concrets envers la Syrie, la France a une vision des réalités bien étrange. Et a le souci de ne pas dire grand chose qui puisse fâcher....La flagornerie dont fait preuve l’ancien Garde des Sceaux français quand elle évoque l’épouse du dictateur syrien, est significative à cet égard. Dans ces conditions l’intervention de la France peut-elle être positive ? On en doute...
Le volet palestinien : surréaliste
Les échos que l’on a du volet franco-palestinien sont pires encore...Un exemple tout récent : le communiqué de la « Représentante spéciale de la France pour la dimension économique, culturelle, commerciale, éducative et environnementale du processus de paix au Proche-Orient  » - tel est bien son titre - vient d’être repris par l’AFP. Il annonce la venue de 22 enfants israéliens et palestiniens à Paris en septembre et leur présentation d’un « plan de paix.  »
Ils devaient être une cinquantaine, ce qu’annonçait la représentante de la France en janvier dernier sur les ondes de Radio-Orient
Un voyage mixte qui n’a rien d’innovant. Un voyage de ce type s’était terminé par un fiasco en juin 2007. La partie palestinienne, le Centre Al Qods pour la Démocratie et le Dialogue, accusant Israë l d’avoir tué délibérément la fille du président de l’organisation palestinienne et petite sÅ“ur de l’un des jeunes participants. T-sirts sanguinolents à l’appui...Entre autres accusations, faites notamment au Sénat.
On espère que cette fois les participants auront été mieux choisis...On note toutefois que l’une des jeunes filles palestiniennes, qui habite à Ramallah, à deux pas d’Israë l, déclare d’ores et déjà : « ne pas connaître grand chose des Israéliens à part le fait qu’ils veulent nous détruire.  » Éminemment significatif et guère étonnant lorsque l’on sait à quel matraquage anti-israélien et antisémite, quasi quotidien, sont soumis les Palestiniens de la part de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas et Salam Fayyad en tête http://palwatch.org/ Personnages qui ont pourtant l’aval total du Quai d’Orsay et de la représentante française. Qui ne dit mot de cette incitation.
D’ailleurs, la France, par son réseau de centres culturels, incite systématiquement à la haine anti-israélienne...Entre autres dans son centre « culturel  » de Ramallah , justement...
Alors, qui peut croire sérieusement que la venue à Disneyland , entre autres, de vingt adolescents, va relancer la paix....Le consulat de France à Jérusalem, partie prenante de l’incitation anti-israélienne par le réseau de centres culturels sous son autorité, n’a d’ailleurs pas fait état d’une rencontre avec les participants au voyage qui s’est pourtant faite dans ses locaux. Mais cela est peut-être dà » à la période de vacances
L’autre grande affaire dont parle la Représentante est le parc industriel de Bethléehem. Surréaliste...
Une paternité multiple, une importance en peau de chagrin, on enfonce des portes ouvertes et rififi au Quai d’Orsay
En octobre 2008 on annonçait pour 2009 l’installation de quelque 200 entreprises palestiniennes sur le terrain de 53 hectares donnés par Mahmoud Abbas Projet décrit comme franco-israélien-palestinien. On ne comprend guère pourquoi puisqu’il n’est question que de 15 millions d’Euros, d’un terrain palestinien de 53 hectares aux portes de Bethléehem,rien n’étant dit d’une participation israélienne...L’idée serait venue de Shimon Péres, idée exprimée lors d’un passage à Paris en mars 2008. On sait, en effet, qu’il prône depuis longtemps la création d’un « Nouveau Moyen-Orient  » basé sur la croissance et la coopération économiques entre Israë l et les Palestiniens. Le « construire la paix pour la réussite économique et l’emploi,  » de Christian Estrosi de juin 2010 alors qu’il posait la première pierre du parc, plus de deux ans après son lancement, ou de la Représentante à une date antérieure n’a donc rien de nouveau. Par ailleurs, Israë l n’apparaît ici que pour faciliter les choses.
Facilitation due à sa seule intervention, nous dit la Représentante, mais qui, de fait, s’inscrit dans la volonté de Benyamin Netanyahou de faciliter la vie des Palestiniens qui s’est traduite par une foule de mesures concrètes . Ce qui ne veut pas dire que la représentante n’ait pas attiré l’attention des autorités israéliennes sur tel ou tel point qu’elle détaillait sur les ondes de Radio Orient Comme la traduction en arabe du site des douanes israéliennes, très utile, sans aucun doute, mais n’est-ce pas là faire beaucoup de bruit pour rien...
Et il y a longtemps que le bienfondé d’accords entre les deux parties pour promouvoir leur économie respective a été compris. Cela faisait partie des accords signés à Washington en 1995 Ce qui a été repris en 1998. Les deux parties collaborant par exemple pour trouver un emploi pour les Palestiniens. A noter que les Gazaouis en bénéficiaient à l’époque, avant qu’ils ne portent le Hamas au pouvoir...Une coopération concernant la Mer Morte existait déjà également
D’ailleurs si Valérie Hoffenberg s’est rendue à Oman pour présenter la candidature de la France au MEDRC qui traite de désalination depuis 1996, il faut souligner qu’Israë l y collabore activement avec, non seulement les Palestiniens, mais aussi le Maroc, la Jordanie, la Tunisie ou Oman... Cette candidature française, de fait ici à la remorque, n’apporte rien de nouveau.
Par ailleurs la paternité de cette zone semble assez peu claire. D’une part la Représentante se l’attribue. Ce que ne fait pas le Quai d’Orsay au départ, annonçant fin juin 2009 sa création en ces termes : « Le projet de zone industrielle de Bethléem a été engagé après la conférence internationale des donateurs pour l’Etat palestinien qui s’est tenue à Paris le 17 décembre 2007 sous la présidence de Bernard Kouchner. Les présidents Nicolas Sarkozy et Mahmoud Abbas ont signé le 24 juin 2008 un protocole d’accord pour la construction de cette zone industrielle. Bernard Kouchner a notamment promu ce projet à l’occasion de la conférence ’’Investir en Palestine’’, organisée à Bethléem fin mai 2008.  »
On apprend aussi que « L’Agence française de développement en est le maître d’ouvrage pour la France et a financé l’étude de faisabilité de cet investissement. La société franco-palestinienne BMIP, en charge de mettre en Å“uvre le parc industriel multidisciplinaire de Bethléem, vient d’être créée dans le cadre d’un partenariat public-privé.  »
Or, si le Président de la République a choisi Valérie Hoffenberg pour « bousculer les agendas, les habitudes et les frilosités,  » c’est que, dit-il, elle a « contribué à la création, en moins d’un an, du premier parc industriel de Cisjordanie.  » Seul hic, la nomination de la Représentante ne date que d’aoà »t 2009 De plus, le 8 avril 2010 le le ministre français de l’Industrie, Christian Estrosi, qui s’est rendu « en Palestine  » pour l’occasion, dit-il, inaugure « ce qui sera le premier éco-parc industriel multidisciplinaire en Palestine.  » Qui n’existe donc toujours pas. Il détaillait la manne financière française qui doit inciter les entreprises françaises et palestiniennes à s’y installer...Le terrain a alors perdu 20 hectares et n’en fait plus alors que 30...
Quant aux quelque 200 entreprises annoncées, il semble qu’en janvier 2010 elles ne soient plus que cinq + une à venir peut-être, côté français. D’ailleurs il est évident que la France « paie » pour cela. De mille et une manières... - cash, détaxes, etc.-
A propos de la la paternité de ce parc industriel, il y a eu revirement du ministère des Affaires étrangères, qui annonce le 26 juillet 2010, d’une part, « le rehaussement du statut de la Délégation de Palestine  » - un « bon point  » qui fait dire à Michel Darmon, Président d’honneur de France-Israë l, que « Kouchner cultive le palestinisme  » et y voit une grave compromission de la France- et d’autre part que cette zone industrielle a été lancée par le Président de la République « à l’initiative de la représentante spéciale de la France pour la dimension économique, culturelle, commerciale, éducative et environnementale du processus de paix au Proche-Orient,  »
On ne s’étonnera donc pas d’apprendre qu’il y aurait du rififi entre Bernard Kouchner et la Représentante... Ceci expliquant donc cela.
A noter que le 2 juin 2010, soit deux ans après la création de ce parc, il y avait, à l’instigation de la Représentante, une « première réunion du groupe inter-ministériel israélien, rassemblant la Défense, les Infrastructures, les Affaires étrangères, les Douanes et l’Economie, afin de faciliter les aspects logistiques de la mise en Å“uvre du parc industriel franco-palestinien de Béthléem et de discuter des modalités de soutien à l’économie palestinienne.  » Mobilisation de responsables israéliens pour pas grand chose...De plus, le dernier volet est totalement superflu étant donné que de telles mesures existent d’ores et déjà et n’ont pas attendu l’intervention de la France, on le sait.....
Où on oublie les tirs depuis la Bande de Gaza
Parfois la Représentante donne de solides arguments quand elle a affaire à des anti-israéliens convaincus, comme cela a été le cas lors de ses échanges avec notamment un journaliste de l’Humanité sur Radio Orient. Pour expliiquer le blocus de la Bande de Gaza elle évoquait le cas de Gilad Shalit. Mais omettait de parler des roquettes qui n’ont jamais cessé d’être envoyées sur le sud d’Israë l depuis la Bande de Gaza... - pour mémoire- soit 120 depuis janvier 2010 - Et, comme on l’a vu plus haut, elle ne dit mot de l’incitation anti-israélienne des dirigeants palestiniens...Logique, puisqu’elle entretient avec eux les meilleurs rapports du monde.
Il y aurait encore beaucoup à dire. Mais cela suffit sans doute à démontrer, hélas, que toute cette agitation revient, au mieux, à donner des coups d’épée dans l’eau et au pire à mettre des bâtons dans les roues d’Israë l...Et il y a fort à parier que Syriens et Palestiniens doivent rire sous cape tout en engrangeant les mannes diverses qui leur sont ainsi versées.
Là où on atteint un certain tragi-comique, et en dépit de sa bonne volonté évidente et de ses déplacements incéssants, c’est lorsque la Représentante dit de l’Américain George Mitchell qu’il est son « homologue »....Un rapide coup d’oeil à leurs C.V. respectifs dissipera tout malentendu....