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Incorrigible Ligue arabe
David Ruzié*
Article mis en ligne le 21 octobre 2005

Selon un communiqué de presse publié par le Service d’information des Nations unies, jeudi soir 20 octobre, le Secrétaire général de la Ligue arabe aurait critiqué l’exposé fait, au Conseil de sécurité, le 23 septembre denier, par Monsieur Alvaro de Soto, « sur la barrière de sécurité construite par Israë l  ».

Cette formule mérite, d’ailleurs, une explication.

Il faut en effet savoir que le Secrétaire général n’a effectivement jamais utilisé le terme de « mur  » qui a été retenu par l’Assemblée générale, au sein de laquelle une majorité voulait certainement rappeler, lorsqu’elle a demandé un avis àla Cour internationale de justice, la honte que constitua le « mur de Berlin  », érigé par l’Allemagne de l’Est, pour empêcher ses citoyens de choisir la liberté.

Et on ne peut que regretter que les juges de La Haye aient repris àleur compte cette appellation non seulement inexacte matériellement, mais empreinte d’une connotation péjorative.

On sait que pour les autorités israéliennes, il s’agît d’une « clôture de défense  » (security fence).

Mais revenons àl’exposé fait par l’envoyé du Secrétaire général qui a pris ses fonctions au printemps 2005.

Quel tort, aux yeux des Etats arabes, avait donc commis Mr Alvaro de Soto ?

Il avait simplement rappelé que « la nécessité pour Israë l de garantir sa sécurité l’avait conduit àconstruire, empiétant sur le territoire palestinien une - terme générique qui comprend une combinaison de clôtures métalliques, de barbelés, de tranchées, d’instruments électroniques, de tours de garde, et en certains, endroits, notamment autour de Jérusalem, d’un mur extrêmement haut et décourageant  ».

C’est sans doute cette reconnaissance du droit àla légitime défense que les juges de la Cour internationale de justice ont, eux, pratiquement dénié àIsraë l, qui a irrité les Etats arabes.

Or, par ailleurs, l’envoyé  » de Kofi Annan pour le Moyen Orient avait critiqué l’initiative israélienne en ce qu’ « elle entrave le relèvement économique pour des millions de Palestiniens...  » parce que « la barrière et les points de contrôle constituent une source constante d’humiliation et une entrave constante àleurs aspirations às’autogouverner  ».

Cela devait, pourtant faire plaisir aux dirigeants arabes.

Mais il est vrai que Mr Alvaro de Soto avait, parallèlement affirmé que « les Palestiniens doivent comprendre et accepter les besoins d’Israë l en matière de sécurité pour ses citoyens ....alors que d’innombrables Israéliens innocents ont été victimes d’actes terroristes  ».

Et ceci est évidemment intolérable pour les dictateurs arabes.

La Ligue arabe sert, souvent, àexprimer ce que certains dirigeants n’osent pas dire tout haut.

De fait, comme nous l’avons déjàécrit, àdifférentes reprises, la vraie solution du conflit ne repose pas seulement sur l’acceptation de la population palestinienne du droit àl’existence de l’Etat d’Israë l.

La paix future est conditionnée par l’acceptation par les Etats arabes voisins de voir cette population palestinienne vivre dans un Etat démocratique.

Ce qui est loin d’être le cas, àl’heure actuelle, car une démocratie palestinienne risquerait d’être contagieuse.

Quand on voit les difficultés pour Moubarak d’accepter que l’élection présidentielle récente ait une apparence de légitimité démocratique, on mesure la longueur du chemin àparcourir.

Et comme les dirigeants arabes, cramponnés àleur pouvoir autoritaire, ne peuvent pas exprimer, publiquement, leurs craintes devant l’avènement d’une démocratie musulmane àleurs portes, ils trouvent plus habile de soutenir les extrémistes opposés àl’existence de l’Etat d’Israë l.

Tant qu’il y aura la guerre, la question de l’établissement d’un Etat palestinien ne sera pas àl’ordre du jour.

Encore une fois, le peuple juif et plus précisément l’Etat d’Israë l sert de bouc émissaire.


* Professeur émérite des universités, spécialiste de droit international