Selon un communiqué de presse publié par le Service d’information des Nations unies, jeudi soir 20 octobre, le Secrétaire général de la Ligue arabe aurait critiqué l’exposé fait, au Conseil de sécurité, le 23 septembre denier, par Monsieur Alvaro de Soto, « sur la barrière de sécurité construite par Israë l  ».
Cette formule mérite, d’ailleurs, une explication.
Il faut en effet savoir que le Secrétaire général n’a effectivement jamais utilisé le terme de « mur  » qui a été retenu par l’Assemblée générale, au sein de laquelle une majorité voulait certainement rappeler, lorsqu’elle a demandé un avis à la Cour internationale de justice, la honte que constitua le « mur de Berlin  », érigé par l’Allemagne de l’Est, pour empêcher ses citoyens de choisir la liberté.
Et on ne peut que regretter que les juges de La Haye aient repris à leur compte cette appellation non seulement inexacte matériellement, mais empreinte d’une connotation péjorative.
On sait que pour les autorités israéliennes, il s’agît d’une « clôture de défense  » (security fence).
Mais revenons à l’exposé fait par l’envoyé du Secrétaire général qui a pris ses fonctions au printemps 2005.
Quel tort, aux yeux des Etats arabes, avait donc commis Mr Alvaro de Soto ?
Il avait simplement rappelé que « la nécessité pour Israë l de garantir sa sécurité l’avait conduit à construire, empiétant sur le territoire palestinien une
C’est sans doute cette reconnaissance du droit à la légitime défense que les juges de la Cour internationale de justice ont, eux, pratiquement dénié à Israë l, qui a irrité les Etats arabes.
Or, par ailleurs, l’envoyé  » de Kofi Annan pour le Moyen Orient avait critiqué l’initiative israélienne en ce qu’ « elle entrave le relèvement économique pour des millions de Palestiniens...  » parce que « la barrière et les points de contrôle constituent une source constante d’humiliation et une entrave constante à leurs aspirations à s’autogouverner  ».
Cela devait, pourtant faire plaisir aux dirigeants arabes.
Mais il est vrai que Mr Alvaro de Soto avait, parallèlement affirmé que « les Palestiniens doivent comprendre et accepter les besoins d’Israë l en matière de sécurité pour ses citoyens ....alors que d’innombrables Israéliens innocents ont été victimes d’actes terroristes  ».
Et ceci est évidemment intolérable pour les dictateurs arabes.
La Ligue arabe sert, souvent, Ã exprimer ce que certains dirigeants n’osent pas dire tout haut.
De fait, comme nous l’avons déjà écrit, à différentes reprises, la vraie solution du conflit ne repose pas seulement sur l’acceptation de la population palestinienne du droit à l’existence de l’Etat d’Israë l.
La paix future est conditionnée par l’acceptation par les Etats arabes voisins de voir cette population palestinienne vivre dans un Etat démocratique.
Ce qui est loin d’être le cas, à l’heure actuelle, car une démocratie palestinienne risquerait d’être contagieuse.
Quand on voit les difficultés pour Moubarak d’accepter que l’élection présidentielle récente ait une apparence de légitimité démocratique, on mesure la longueur du chemin à parcourir.
Et comme les dirigeants arabes, cramponnés à leur pouvoir autoritaire, ne peuvent pas exprimer, publiquement, leurs craintes devant l’avènement d’une démocratie musulmane à leurs portes, ils trouvent plus habile de soutenir les extrémistes opposés à l’existence de l’Etat d’Israë l.
Tant qu’il y aura la guerre, la question de l’établissement d’un Etat palestinien ne sera pas à l’ordre du jour.
Encore une fois, le peuple juif et plus précisément l’Etat d’Israë l sert de bouc émissaire.
* Professeur émérite des universités, spécialiste de droit international