Yigal Palmor répond à un article de Pierre Péan et Richard Labevière, « Le diktat de Bethléem  »
Plutôt que de critiquer la décision politique de Sharon d’interdire à Arafat une présence - politique elle aussi - à Bethléem, les auteurs préfèrent détourner le débat vers la religion. rafat défenseur des chrétiens ?... Pierre Péan et Richard Labevière n’ont certainement pas voulu lire Libération du 9 novembre, dans lequel la correspondante du journal à Jerusalem faisait état d’une « guerre larvée entre chrétiens et musulmans à Bethléem ».
Jésus, premier Palestinien ?...Les auteurs citent admirativement cette phrase d’Arafat, qui devrait consterner tous ceux qui suivent l’enseignement et la bonne parole de celui qui fut crucifié sous l’inscription « Roi des juifs ». Celui qui - descendant du roi David - prêcha dans le même Temple de Jérusalem dont Arafat et son mufti s’acharnent à nier publiquement l’existence.
Arafat « porte une attention particulière à « ses » chrétiens  », alors qu’« Israë l souhaite ardemment leur départ  » ?... Mais alors, comment explique-t-on que le nombre de chrétiens en Israë l ne cesse de croître (77.300 en 1971, 133.400 en 2001), alors qu’il ne cesse de diminuer dans les territoires palestiniens ?
La France est « protectrice des Lieux saints  » et souhaite « étendre cette protection  » à tous les Palestiniens ?... Mais le roi d’Espagne compte parmi ses titres celui de « Roi de Jérusalem » : c’est historique, sympathique, avec un agréable parfum antique. Mais sans aucune valeur juridique. Et on ne savait pas que la France avait pour objectif diplomatique de transformer l’Autorité palestinienne en protectorat français...
Israë l « n’a jamais respecté la résolution 181 sur le plan de partage de 1947 » ? Péan et Labevière liquident les faits gênants : Israë l avait accepté officiellement et publiquement cette résolution, en vertu de laquelle son indépendance fut déclarée le 14 mai 1948. Les Arabes de Palestine (on ne disait pas Palestiniens à l’époque, ce terme ayant désigné également les Juifs), ainsi que tous les pays arabes, l’avaient rejetée. La presse de l’époque en témoigne : « Les Arabes déclenchent la guerre des nerfs contre les Juifs palestiniens (..) ». Le Premier Ministre d’Irak a affirmé que le partage provoquerait un massacre épouvantable (l’Aube, du 2 décembre 1947) et aussi : « A Jérusalem, les Arabes incendient les quartiers juifs (...), de violentes manifestations antijuives se sont déroulées à Bagdad et au Caire où la foule a manifesté devant le palais royal aux cris de « Vive Hitler, massacrez les Juifs ! A bas l’Amérique ! A bas la Russie ! »Â »(le Figaro du 3 décembre 1947)
Quant à cette fameuse résolution 242 de l’ONU qui « est restée lettre morte », Israë l l’a acceptée (le 12 juin 1967, discours du Premier ministre Eshkol à la Knesset), alors que les pays arabes l’ont totalement rejetée (le 1er septembre 1967, résolutions du Sommet de Khartoum). Rappelons quand même que ce texte reste insuffisant aujourd’hui, puisqu’il n’évoque pas la possibilité d’un Etat palestinien, mais il a été respecté dans le cadre des accords de paix signés entre Israë l, l’Egypte et la Jordanie.
La plus grande incohérence reste, toutefois, ce regret du « corpus separatum », c’est-à -dire ce régime international pour Jérusalem et Bethléem, inclus dans ladite résolution 181. Depuis quand un régime jamais établi (puisque rejeté à l’origine par les Arabes) est-il une « loi internationale » ? Mais surtout, comment peut-on, au nom de ce « régime international », nier une souveraineté israélienne à Jérusalem (ne fà »t-ce que sur la partie dite « ouest ») tout en l’accordant, et sur Jérusalem et sur Bethléem, aux Palestiniens ?
Plutôt que de critiquer la décision politique de Sharon, d’interdire à Arafat une présence - politique elle aussi - à Bethléem, les auteurs préfèrent détourner le débat vers la religion, en attribuant aux Israéliens la volonté de « transformer la confrontation [...] en conflit religieux ».
Les faits semblent indiquer le contraire : les Palestiniens ont transformé le tombeau de Joseph à Naplouse en mosquée, ont incendié l’antique synagogue de Jéricho et s’évertuent à nier les liens millénaires du judaïsme au mur occidental et au mont du Temple, alors qu’Israë l s’efforce de restreindre le débat au domaine sécuritaire. Ce qui lui a valu - on ne vous le cache pas - moult critiques. Il reste que des exigences sécuritaires n’ont rien de religieux.
Ne serait-ce pas Péan et Labevière, qui, férus de geste moyenâgeuse et se voulant héritiers du royaume franc de Jérusalem, tenteraient à tout prix de faire porter une calotte à ce conflit politique et territorial ?.