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Égypte, élections : quand Alexandre Adler admet l’erreur des analystes politiques qui ont cru en un « printemps arabe  » version égyptienne, ici et les réflexions que cela inspire
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 30 mai 2012
dernière modification le 31 mai 2012

L’engouement pour « le printemps arabe  » avait été tel que la plupart des analystes politiques et conseillers diplomatiques s’en réjouissaient au point que, par exemple, l’ancien Président Nicolas Sarkozy y avait cru, enjoignant àIsraë l de ne rien faire pour l’empêcher de porter ses fruits. Tout comme d’autres mauvais conseillers, Élisabeth Guigou en tête, l’avaient encouragé àsensiblement accroître l’aide de la France àune Syrie, si bon élève de l’Occident, selon eux. Or, au vu du résultat de la première manche des élections égyptiennes, Alexandre Adler vient de reconnaître les erreurs des experts politiquement corrects. Kofi Annan, lui, est ( enfin ) « horrifié  » par la réalité syrienne. On notera que sur desinfos.com, par exemple, l’espoir du tout début avait été tempéré par une connaissance des réalités, qui le dissipait très rapidement.

Printemps arabe : le monde politiquement correct a pris des vessies pour des lanternes

Si Monsieur Tout le Monde forge son opinion en regardant le 20 Heures ou àla lecture des journaux – quatrième pouvoir -, nos dirigeants forgent la leur àl’écoute de conseillers réputés experts ou àla lecture de leurs fiches. Venant souvent d’ambassades françaises àl’étranger. Ce qui explique certaines prises de positions confondantes de l’ancien Président Sarkozy ou d’autres. Confondantes pour certains tout au moins. Pas réputés « grands experts  », certes, pas politiquement corrects, sans nul doute, mais ayant une réelle connaissance des réalités dont ils parlent. Parler ou entendre parler de « printemps arabe  » releva ainsi très rapidement àleurs yeux, après un court et prudent espoir, d’une farce tragi-comique. Hélas, car qui n’aurait souhaité qu’une vraie démocratie, même imparfaite en ses débuts, advienne dans ces pays régis par des dictateurs....Et il ne s’agit pas de donner dans triomphalisme aujourd’hui mais du profond et amer regret de constater que, s’agissant du « monde arabo-musulman », l’on ait pu prendre et que l’on continue àprendre des vessies pour des lanternes. Avec les conséquences désastreuses que cela entraîne pour la région et le monde.

Il existe des experts qui ne se laissent pas séduire par les sirènes d’un pseudo mythique Orient fantasmé

En juin 2011 sur desinfos.com des analystes fiables, véritables experts du « monde arabo-musulman », ne se laissant pas prendre par les sirènes de ce qui serait un mythique Orient fantasmé, mais sans doute peu politiquement corrects aux yeux de beaucoup, étaient cités àpropos de ce « printemps  ». On lisait alors : « Nombreux ont été ceux qui se sont enflammés pour ce qui fut hâtivement qualifié de ce fameux « printemps arabe  », réputé porteur de promesses de liberté et de démocratie. Certes, il était tentant d’y croire...mais cela semblait être bien trop beau pour être vrai au vu des réalités. Et, de fait, aujourd’hui les analystes sérieux décrivent une situation qui n’a rien de réjouissant. Parmi eux, l’ancien diplomate israélien Zvi Mazel et le Professeur Barry Rubin, tous deux fins connaisseurs du « monde arabo-musulman »  ». A noter que Zvi Mazel, arabophone et francophone, entre autres, a été ambassadeur d’Israë l, notamment en poste au Caire, et qu’il suit de près depuis Israë l aujourd’hui, ce monde qu’il connaît parfaitement. On ne pourra que déplorer que ses analyses ne sortent pas plus souvent dans de « grands médias  ». Quant àcelles de Barry Rubin, si elles sont connues Outre-Atlantique, elles ne le sont sans doute pas dans l’Hexagone...Il en a été de même des documentaires de Pierre Rehov ou des travaux de Palestinian Media Watch, connus et appréciés notamment aux États-Unis mais totalement méconnus en France, par exemple.

N’ayant aucun n’ont a priori teinté d’un quelconque orientalisme sur ces questions, ce qui se passe trop souvent, hélas, en France, au Quai d’Orsay, notamment, ils apportent des éléments essentiels. . Une récente pétition signée par d’anciens ambassadeurs français le démontre aisément. S’il n’y a pas de paix israélo-palestinienne, écrivaient-ils en substance, le 9 mai, c’est-à-dire au lendemain du changement de gouvernement en France, prenant ainsi date et ce qui n’a rien de fortuit, c’est que les méchants Israéliens continuent àoccuper des Palestiniens christiquo-orientaux, annexant Jérusalem, entre autres vilénies, etc... Certains de ces ambassadeurs, qui ont donc rédigé x notes dites d’information diplomatiques – apparemment souvent de désinformation en l’occurrence – sont de distingués orientalistes français ayant été en poste dans des pays dont ils sont proches. Malheureusement, ils n’en ont apparemment connu ou vu que les aspects qu’on leur donnait àvoir ou forgeaient leur opinion au travers d’un affect foncièrement très admiratif.

Un discours présidentiel en septembre dernier àl’ONU, entre autres prises de position consternantes, s’expliquant par ces erreurs d’experts

A propos de la demande de création d’État palestinien présentée en septembre dernier par Mahmoud Abbas àl’ONU, où il tint un discours de haine virulent àl’encontre d’Israë l, il faut se souvenir du discours du Président français de l’époque àcette même tribune. Un site titrait « Le brillant discours de Nicolas Sarkozy devant l’ONU  ». L’ancien Président y faisait un vibrant hommage des « printemps arabes  ». Et pour ne pas arrêter ce bel élan il fallait impérativement, selon lui – c’est-à-dire surtout ses conseillers –, donner aux Palestiniens qui le demandaient dans cette enceinte un espoir tangible de voir la création de leur État.

Fort heureusement Nicolas Sarkozy, et il faut lui rendre hommage en cela, n’allait pas jusqu’àvouloir que la France acquiesce àcette demande palestinienne, au contraire des États-Unis, bien plus lucides sur la question et qui menaçaient de faire usage de leur véto si cela s’avérait nécessaire. Il proposa une voie intermédiaire de statut d’observateur permanent que refusèrent les Palestiniens mais ne céda pas alors, quant au vote « oui  » àcet État palestinien, àceux qui l’y poussaient pourtant dans son entourage. Et alors que l’avaient demandé ceux qui était alors dans l’opposition, aujourd’hui au pouvoir en France, àsavoir le Groupe Socialiste du Sénat, qui avait présenté en juin 2011 au Sénat une demande de résolution allant dans ce sens . Ou le Groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche qui en fit de même àl’Assemblée nationale en septembre 2011 Il n’est d’ailleurs pas anodin de voir qui en avaient été alors les signataires. Groupe ayant également été fort mal conseillé, semble-t-il, et ayant donc une méconnaissance regrettable de ce dossier. A moins que cela ne soit ou que cela soit aussi une question d’idéologie, ce qui serait plus grave encore.

Nicolas Sarkozy céda sur un point toutefois et vota « oui  » àl’entrée de « la Palestine  » àl’UNESCO, une gigantesque farce puis qu’admettre une Autorité palestinienne qui n’a de cesse d’enseigner la haine d’Israë l et des Juifs dans une enceinte onusienne dont le but est de faire progresser la paix par l’éducation, est une époustouflante antinomie . Et est gravissime de surcroît puisqu’elle donne une audience et une influence planétaires àune organisation qui n’en est guère digne. Et dont on peut craindre qu’elle ne les utilise àdes fins néfastes.

Erreurs d’orientalistes, l’exemple de la Syrie

Il y eut aussi de la part de Nicolas Sarkozy une déclaration qui parut sans doute stupéfiante àplus d’un lors du Dîner du CRIF 2011, puisqu’une grande partie des convives étaient de véritables experts, pas du genre politiquement correct, sur la question du Proche-Orient. Nicolas Sarkozy conseillait en effet ce soir-lààIsraë l, pour débloquer le gel du Processus de Paix, de se retirer du Golan au profit de la Syrie ... Une Syrie dont le régime n’avait pas encore commencé àmassacrer officiellement ses citoyens.

Syrie, dont aujourd’hui la plupart des experts, Kofi Annan en tête, découvrent avec horreur les réalités... Alors que dans desinfos.com on avait pu parler en aoà»t 2010, par exemple, de « grande illusion  » àpropos du régime syrien vu avec des lunettes teintés d’orientalisme par des parlementaires ayant rédigé un Rapport officiel sous la présidence de l’ancien Garde des Sceaux, Élisabeth Guigou Ce Rapport parlementaire nous le qualifions alors d’affligeant...Rapport qui, selon Élisabeth Guigou, s’exprimant dans une conférence de presse lors de sa sortie, avait été bien reçu par le Président Sarkozy. L’Élysée nommait d’ailleurs dans la foulée « un émissaire chargé de relancer le volet israélo-syrien du Processus de paix  » avec le succès que l’on connait. Cet expert, Jean-Claude Cousseran, avait été en poste àBeyrouth, Bagdad, Téhéran et Consul général de France àJérusalem – lire Ambassadeur de France auprès des Palestiniens - avant de faire partie, entre autres du Cabinet de Roland Dumas. Un orientaliste distingué, peut-on donc supposer.

En juin 2011, Jean-Claude Cousseran participait d’ailleurs àune réunion portant sur le thème de « l’OTAN et le Printemps Arabe  » et déclarait « il n’est pas exagéré de dire que ces changements sont très conséquents et qu’ils seront permanents. Il y a beaucoup de défis mais, clairement, beaucoup d’occasions aussi. L’Europe a aujourd’hui une chance de réévaluer et de redéfinir sa relation avec la partie sud de la Méditerranée. Il est important d’établir maintenant une nouvelle relation avec ces pays, la société et les peuples de cette région  ». En effet. Cette relation étant àtisser vraisemblablement demain avec les Frères Musulmans en Égypte et avec le parti Ennahda en Tunisie aujourd’hui. Entre autres.

Pour revenir àce Rapport parlementaire très détaillé, on y lisait ce qui apparaît aujourd’hui, àla lumière de la réalité, comme des énormités qui avaient été prises pour argent comptant. Ainsi : « droits des femmes. Dans ce domaine comme dans d’autres, conservateurs et progressistes s’affrontent, le président et son épouse se plaçant dans le second camp  ». Ou encore : « l’exemple que donne l’épouse du président de la République, Mme Asma el-Assad, avec laquelle la Présidente de la Mission [ Élisabeth Guigou ] a eu l’honneur de s’entretenir. Née en 1976 en Grande-Bretagne, où elle a été élevée, Mme el-Assad a un master en économie du King’s College et a travaillé dans la finance aux Etats-Unis avant d’épouser le président, en janvier 2001. Elégamment vêtue àl’occidentale, non voilée, elle a fondé une GO-NGO très active dans l’action sociale et suit très attentivement la politique culturelle du pays. Elle donne une image de modernité àla fois vis-à-vis de l’extérieur, mais aussi àl’attention de ses concitoyennes. Elle a notamment soutenu les associations féministes qui ont conduit la mobilisation contre le projet de réforme du statut personnel. Elle fait preuve d’une grande lucidité sur la situation de son pays, ainsi que sur la portée et les limites de ses actions  ». Entre autres énormités àrelire aujourd’hui. Concernant la paix, Israë l était présenté, bien entendu, comme le vilain de l’histoire.

Autre son de cloche pour d’autres analystes au fait des réalités et différences de schémas de pensée

Dans desinfos.com, c’est un autre son de cloche que l’on a souvent entendu. Né d’une connaissance des réalités du terrain. Ainsi, Shmuel Trignano écrivait-il le 25 septembre : « Est-ce cet Etat [ ndlr. Palestinien ] que Nicolas Sarkozy dit indispensable àla réussite du mirifique « printemps arabe  » ? Comment un nationalisme aussi réactionnaire a-t-il pu devenir une cause progressiste et morale ? Comment, 70 ans après le Shoah, l’Europe peut-elle le cautionner et enfermer Israë l dans une telle impasse ?  »

En octobre 2011, on s’étonnait dans Desinfos que, s’inscrivant dans l’illusion des « printemps arabes  », « L’étonnant matraquage négatif et mensonger du narratif palestinien semble porter ses fruits contre toute raison  »

On pourrait multiplier les exemples àl’infini sur desinfos.com et d’autres sites jugés sans doute par la doxa ambiante tout aussi peu politiquement corrects et donc peu fiables, voire pire.

A ce propos, un analyste français qui connait véritablement ce « monde arabo-musulman », déclarait récemment dans C Dans l’Air, que ce n’est pas parce que certains dirigeants venus de ces pays s’habillent comme en Occident - voir le commentaire concernant les tenues de l’épouse de Bashar el-Assad dans le Rapport cité plus haut - ou s’expriment comme en Occident lorsqu’ils sont avec des Occidentaux que ce sont des Occidentaux...Même si parfois certains ont, bien entendu, vraiment les mêmes schémas de pensée, pourrait-on ajouter. Le constater n’est qu’un constat et en rien un jugement de quelque ordre que ce soit, d’ailleurs.

« Quelle leçon pour les journalistes politiquement corrects......  » pour Alexandre Adler, qui a la grandeur d’admettre les erreurs des analystes politiquement corrects dont lui-même. Erreurs néfastes quant àla bonne conduite du monde, n’existant pas partout. En Amérique du Nord notamment...

Le 28 mai, sur les ondes d’Europe 1, commentant les résultats de la première manche des élections présidentielles en Égypte, Alexandre Adler, aux connaissances encyclopédiques et aux analyses passionnantes, faisait àce propos une sorte de « mea culpa  », englobant les experts en général, dont la lecture du « printemps égyptien  » avait été si fausse. Il le faisait en ces termes : « Quelle leçon pour les journalistes politiquement corrects......  » Admettre que l’on s’est trompé est chose rare et il faut donc lui rendre hommage ici pour cela.

Malheureusement, cette méconnaissance politiquement correcte des réalités du « monde arabo-musulman », aura causé de terribles dommages, notamment en ce qui concerne la paix au proche-Orient, étant donné qu’elle a grandement influencé les décideurs politiques en France ou en Europe, notamment. Des analyses faussées auront contribué àentraver l’élaboration de toute solution viable àce qui est faussement qualifié de « conflit israélo-palestinien  », en réalité un rejet fondamental d’Israë l par le « monde arabo-musulman ». Ce ne sont fort heureusement pas ces opinions qui prévalent àce jour aux États-Unis ou au Canada, avec le gouvernement de Stéphane Harper, mais des analyses fort heureusement plus conformes àla réalité. Empêchant que ne soient prises des décisions funestes, non seulement quant àl’avenir d’Israë l, mais aussi du monde.