« Il importe donc que l’Union européenne, comme les Etats-Unis, fasse pression sur les deux parties et les aide à parvenir à un règlement raisonnable et rapide du conflit israélo-palestinien. L’Europe, par son histoire, a des responsabilités dans cette région du monde... L’alignement systématique sur la politique du gouvernement israélien est dangereux, car il va à l’encontre des intérêts véritables de l’État d’Israë l » [extrait de l’appel du Jcall]
Bien de l’eau a coulé sous les ponts, depuis que les intellectuels juifs pétitionnaires acharnés de « La Paix Maintenant » ont signé leurs premiers appels à la « création d’un Etat palestinien », seule condition pour l’établissement d’une « paix juste et durable » au Proche Orient, etc. etc. Certains de ces pétitionnaires ont les tempes blanchies, d’autres sont devenus – comme le rédacteur en chef d’un grand hebdomadaire qui confond Obama et le Messie – carrément séniles... Mais la paix n’est toujours pas au rendez-vous. « Paix, paix, et il n’y a point de paix ! » s’exclamait déjà le prophète Jérémie... Nil novi sub sole.
Ce qu’il y a de plus désolant dans ce texte, qui fait porter au seul gouvernement israélien la responsabilité de la situation, selon la doctrine chère au Quai d’Orsay et au Département d’Etat – et désormais, aussi à la Maison blanche – c’est qu’il aurait pu être écrit et signé il y a dix ou quinze ans dans les mêmes termes, à la virgule près, tellement ses rédacteurs et ses signataires sont figés dans leur idéologie et éloignés des réalités d’une actualité mouvante et complexe, qu’ils ne décryptent qu’à travers le prisme déformant de la lecture du Monde, du Nouvel Obs et des autres organes de la désinformation en France, pour tout ce qui a trait à Israë l et au Proche-Orient (sans parler du reste).
D’autres que moi ont déjà répondu avec brio à ce texte, et une excellente contre-pétition circule aussi sur Internet (http://www.dialexis.org <http://www.dialexis.org/> ). Je voudrais ajouter simplement deux remarques. La première porte sur la forme, c’est-à -dire sur le procédé pétitionnaire. Les anciens militants communistes se souviennent bien de ces textes que le PCF faisait signer à ses adhérents, qui circulaient de cellule en cellule et sur lesquels on apposait sa signature sans même réfléchir, sans même le lire parfois, car un bon militant signe sans se poser de question... Il s’avère que ce même procédé est toujours à l’Å“uvre chez les pétitionnaires de « La Paix Maintenant », recylée en « Iniative de Genève » et aujourd’hui en « JCALL »... (Seul l’emballage change, le produit est toujours le même. Le marketing politique n’est qu’un sous-produit du marketing agroalimentaire !)
Mais cette comparaison va en réalité bien plus loin qu’il n’y paraît à première vue. Car les solutions proposées par les signataires du « Jcall » au « problème palestinien » ne sont guère éloignées de celles que proposaient jadis l’URSS et ses satellites. « Deux Etats pour deux Peuples » : derrière ce slogan tellement familier qu’il est devenu anodin et presque sympathique, se cache en réalité un projet quasiment génocidaire, comme l’ont bien vu ceux qui prennent la peine d’ouvrir leurs yeux et d’entendre les intentions ouvertement proclamées du Fatah et du Hamas – qui ne diffèrent guère à ce sujet – au lieu de croire (ou de feindre de croire) que la paix arrivera, lorsqu’Israë l aura fait de la Judée-Samarie et de la moitié de Jérusalem des régions judenrein, tout comme Gaza, depuis le désastreux retrait unilatéral ordonné par Ariel Sharon.
Le fameux « plan par étapes » de la Charte de l’OLP est en train de se réaliser sous nos yeux, avec le soutien complice des intellectuels Juifs du ’camp de la paix’... Ironie cruelle de l’histoire : ces intellectuels – y compris les plus brillants d’entre eux, qui se réclament matin et soir de Vaclav Havel ou de Kundera – sont en train de participer au programme communiste et OLPiste de démembrement de l’Etat juif, qui sera remplacé, au choix, par un Etat palestinien « laïque et démocratique » [sic] ou par un Etat islamiste – ou encore par les deux, puisque l’Etat islamiste existe déjà à Gaza - selon le résultat des urnes palestiniennes...
Une des leçons amères du vingtième siècle est que les régimes politiques peuvent disparaître, mais que les idéologies qui les animent sont, elles, inaltérables. Le nazisme, que l’on croyait enseveli avec ses dirigeants sous les ruines de Berlin en 1945, a ainsi survécu depuis, notamment à travers la prose islamiste antijuive la plus radicale, au Moyen-Orient et ailleurs, comme l’a récemment montré Matthias Kuentzel dans un brillant essai *. Quant à son frère jumeau, le communisme, il survit à travers l’antisionisme sous ses formes les plus diverses, et à travers les pétitions antidémocratiques du « camp de la paix » juif, qui s’en fait le complice – parfois involontaire – tout comme son ancêtre, le « Mouvement de la paix » pro-soviétique, fut en son temps le complice des horreurs soviétiques, y compris contre les Juifs.
* Matthias Küntzel, Jihad et haine des Juifs, éditions L’Å’uvre, Paris 2009.