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Théatre d’ombres.
Montségur
Article mis en ligne le 6 juin 2005

Une semaine après le verdict sans appel sorti des urnes, au soir du 29 mai, les antichambres du pouvoir bruissent encore du formidable camouflet qui lui a été infligé par ceux-là mêmes qu’il avait feint de comprendre, il y a trois ans, au lendemain d’un précédent naufrage politique désavouant déjà les partis institutionnels.

Alors que des synagogues flambaient, qu’une vague antisémite imposait, en même temps que sa lecture des évènements du Moyen-Orient, la terreur qui lui est propre, ceci dans l’indifférence quasi générale, se profilait dans l’ombre de cette souillure sur la République, la présence au second tour d’une élection présidentielle du leader du Front National.

A la souillure s’ajoutait le crachat.

Il est évident que ni la mobilisation ludique et soi-disant anti-fasciste de l’entre deux tours, se rejouant sa guerre d’Espagne à peu de frais, et rassemblant un certain nombre des voix qui avaient contribué à la libération de la parole antisémite, sinon légitimé le passage à l’acte, sous la caution de l’antisionisme, ni la gestion aux affaires des trois dernières années, ajoutant aux déficits publics les déficits sociaux, éthiques et démocratiques, n’étaient de nature à combattre efficacement le sentiment légitime de rejet d’une part croissante de la population.

Et non moins évident que la suffisance, voire l’arrogance des tenants du oui, sur le plan médiatique ou politique, la surdité des élites bien pensantes, le traitement à la limite de l’autisme du chef de l’Etat qui, là ou il devrait y avoir rupture, ne propose que la continuité, n’augurent rien de positif pour l’avenir proche.

Jacques Chirac, comme le Pharaon de l’antiquité, voudrait-il entraîner la France et son peuple dans son propre déclin ?

Tout comme il souhaitait, à marche forcée, entraîner la France et l’Europe vers des horizons incertains, en la contraignant à renier son héritage culturel et historique ? Comme il souhaite encore, gageons-le, intégrer la dimension islamique dans un processus fusionnel dont il est patent que notre modèle démocratique ne se relèverait pas. Cette dimension là n’ayant pas encore, en dépit du courage de toutes celles et de tous ceux, qui de l’intérieur, la contestent, fait la preuve de sa volonté de rompre avec des archaïsmes de pensée, des mécanismes totalitaires, et une vision globalisante et jalouse de l’individu.
S’il est vrai qu’il existe nombre de musulmans assez éclairés pour concilier la part privative qui leur revient et leur vie et expression publique, dans le respect des règles du droit commun, force est de constater qu’il n’en est pas de même de l’Islam militant, radical, fut-il institutionnalisé comme l’est l’UOIF ou autre appareil idéologique issu de la mouvance des Frères Musulmans en Europe.

Et force est de constater, terrible constat s’il en est, que lorsque les communautarismes, comme à Perpignan, s’affrontent, toute règle de droit disparaît au profit de la loi du plus fort. En l’occurrence, du mieux armé.
Et sans doute n’y a-t-il aucun hasard, ni concours de circonstances d’aucune sorte, mais prolongement logique de ce qui sourd dans ce pays depuis quelques années si la balkanisation des esprits que nous avions dénoncé ici et ailleurs, se traduit aujourd’hui par le passage à l’acte et le crime de sang.

Toute analogie gardée, à quand la présence de casques bleus afin de départager les limites territoriales de tel ou tel autre camp ?

Toute analogie gardée, le fait que les forces de l’ordre aient essuyé des coups de feu lors des émeutes de Perpignan ne définit-il pas, dans ce théâtre d’ombres de la République malmenée et de l’autorité de l’Etat défaillante, le rôle qui leur a été attribué par ceux qui attisent les braises du conflit communautaire : celui des casques bleus ?

Autre théâtre d’ombres. Celles-ci surgies du passé.
A l’occasion de la visite en Algérie de 130 pieds noirs juifs à Tlemcen, venus se recueillir et découvrir le patrimoine de leurs ancêtres, la presse arabophone d’Alger se déchaîne, déversant à pleines colonnes sa haine anti juive et son racisme le plus crû.
Qu’on en juge plutôt :

Ech Chorouk El-Youmi - Tirage 100 000 exemplaires. Lectorat : Professeurs, magistrats, intellectuels.

Extrait d’éditorial : << L’histoire des juifs est un tissu de pages noires. Ils sont connus depuis la préhistoire pour être des maîtres chanteurs. Ce chantage s’est manifesté depuis de façon patente après la fin de la deuxième guerre mondiale quand la propagande sioniste a inventé les fours crématoires et l’holocauste ...>> *

Ainsi, puisant aux pires thèmes de l’anti-judaïsme, ceux qui là-bas se proclament journalistes, trempant le fiel de leur amertume dans l’encre noire des tragédies, sans doute indignés par cette insurrection de dhimmis venus réclamer justice, ne dédaignent pas de rejoindre les thèses négationnistes. Mais il est vrai qu’en matière de liens singuliers entre les courants idéologiques d’extrême droite ou d’ultra gauche et mouvements nationalistes ou islamistes, des précédents existent.

La porosité de ces courants au pire racisme et négation de l’autre qui soit, devrait ici légitimement inquiéter et appeler un rappel à l’ordre et une condamnation publique ferme et vigoureuse.
Mais sans doute ce sursaut moral et éthique, au nom de l’universalité de l’espèce humaine, n’est-il pas à l’ordre du jour de nos sociétés.

La feuille de route, en France et en Europe, fait dans l’anti-racisme sélectif et borgne.

L’ombre portée par des haines séculaires sur le sens que nous donnons à notre démocratie ne saurait faire dévier les élites françaises et européennes des grands projets en latence.
Le rapprochement franco-algérien, largement subventionné par les subsides publics, et s’inscrivant dans le programme euro méditerranée, ne saurait non plus subir de retard au nom d’une prise de conscience d’impératifs secondaires, tel, par exemple, le respect de soi-même et la fidélité aux principes.

Et sans doute, si dans le passé, certaine voix politique pu dénoncer le coup d’Etat permanent, nous demeurons dans l’attente d’une voix nouvelle qui dénoncerait le Munich permanent auquel nous nous devons d’assister.

Est-ce ainsi que les démocraties périssent ?

Mais sachons espoir conserver.

L’appareil politique d’Etat vient, au cours du remaniement fantôme de ces derniers jours, de se doter d’une personnalité débonnaire, O combien précieuse
dans cet univers de crispations et de rivalités personnelles que n’auraient pas renié les Borgia. Ceci dans la présence de Mr. Aziz Begag , au demeurant respectable dans sa condition d’auteur.
Débonnaire, celui-ci le fut il y a peu, lors des dernières élections européennes, lorsqu’il déclarait à propos de listes Euro Palestine :

<< Elles réveillent la conscience citoyenne des individus des quartiers et tout ce qui est bon pour réveiller les consciences politiques est bon pour la démocratie .... >> *

Nous qui savons tout ce que cette liste manifestait et cristallisait de repli identitaire, de manœuvres de la part des réseaux islamistes, d’une lecture atrophiée de l’Histoire, et de complaisance pour un antisionisme radical ne pouvons que nous inquiéter si une personnalité qui trouvait là matière à satisfaction, pourrait demain, en direction des populations dont il a la charge dans l’exercice de son mandat de ministre délégué, délivrer d’autres messages du même tenant, et autres appels au repli communautariste.

Car non, Mr Aziz Begag, ce n’est pas ainsi que la République française fonctionne.

Que vous souhaitiez réécrire son Histoire afin de servir vos intérêts communautaires peut se concevoir, mais je prétends ici respecter le patrimoine que nous ont légué des générations de républicains, ce qu’à mon sens vous n’êtes pas, en disant que votre déclaration est une imposture.

Mais vous l’aurez compris, je suis en colère.

Nous avions les marionnettes.
Nous avons désormais des ombres.

Dans ce théâtre antique vers lequel tend notre démocratie.

Il serait temps, grand temps de changer de metteur en scène...
Et de projectionnistes, de machinistes, de décorateurs...

  • Source Proche-Orient info du vendredi 03 juin 2005.


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