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Le compte à rebours des affameurs repus
Par Sami el-Soudi © Metula News Agency
Article mis en ligne le 3 avril 2004

Une très grande fébrilité règne dans tous les territoires palestiniens durant ces derniers jours. La fermeture, hier, par les Israéliens du point de passage de Karni n’arrange certes pas la situation financière des résidents arabes de la bande de Gaza.

Surtout que les fermetures de ce terminal, de plus en plus fréquentes, au rythme des attentats, a tendance à fragiliser le statut des derniers ouvriers palestiniens de la région qui gagnaient encore plus ou moins régulièrement de quoi nourrir leurs familles en travaillant « de l’autre côté ». C’est comme cela que l’on disait pudiquement durant un temps, puis il suffit de dire travailler, pour faire comprendre qu’on travaillait en Israël et maintenant, ce serait plutôt faire la queue, en espérant un boulot de plus en plus hypothétique.

Je ne sais pas s’il est vraiment utile que j’explique aux lecteurs bien informés de la Ména que les organisations palestiniennes disposant d’un bras armé, y compris celles dirigées par Yasser Arafat, bien évidemment, ont volontairement amené à cette situation afin de servir leur objectif d’autodestruction de notre peuple. J’entends, moi, par autodestruction l’ensemble des actes destinés à condamner à la faillite n’importe quelle option de paix négociée avec notre adversaire et à ne plus laisser à tous les Palestiniens de facto que l’option de la lutte en vue de la libération de toute la Palestine ou la mort. En fait, de par le rapport des forces existant sur le terrain entre nous et les Israéliens, la libération de toute la Palestine ou la mort, c’est exactement la même chose.

Dans ces conditions, l’arrêt du travail des ouvriers palestiniens en Israël, remplit deux fonctions tactiques recherchées par les organisations. D’une part, il coupe l’un des derniers ponts sur lesquels nous travaillions en bonne entente avec les juifs - et cette séparation est assurément nécessaire au plan des sacrificateurs, tant on ne peut pas demander le martyre à un peuple qui coexiste avec les gens mêmes qu’il est censé éliminer - et d’autre part, il contribue à affamer encore plus tous les habitants non juifs de la bande, les privant de leur dernière source de revenus extérieurs. Sûr aussi, qu’il est difficile de demander à des êtres repus d’aller se faire sauter dans les autobus. Alors maintenant, suivant en cela un plan démoniaque pensé par nos sacrificateurs, on a tout le temps faim en Palestine. On s’y nourrit des rations de l’ONU et surtout de pain.

Pour avoir une idée de la situation économique ambiante, on peut expliquer que ceux qui touchent un revenu provenant d’une société étrangère, comme les correspondants de presse et les cameramen, par exemple, prennent un soin tout ce qu’il y a de méticuleux à ne pas étaler les denrées qu’ils peuvent s’offrir aux yeux de ceux qui ont faim. Non qu’ils soient touchés par un besoin d’humilité mais parce que, en ces jours de grand sacrifice et si l’on n’est pas protégé par l’une de ces armées privées qui pullulent en ces parages, il vaut mieux ne pas titiller la fringale de la foule.

De là à prétendre qu’il n’y aurait que Talal Abou Rahma et ses copains à ne pas ressentir les douleurs du sacrifice national, il y a un pas que je ne franchis pas. Ainsi j’étais (… censuré par la rédaction pour protéger la personne de notre camarade) de la semaine qui se termine l’invité de grosses huiles (de par leur taille aussi bien que par les fonctions qu’ils occupent) de l’entourage d’Arafat au restaurant (…) à Ramallah. Au repas du soir, que vous payeriez entre 170 et 400 Shekels par personne (de 30 à 70 Euros) - le Shekel étant plus que jamais la monnaie de base en Palestine - vous n’assisterez que si vous avez été pistonné ou si vous avez réservé depuis plus d’une semaine. Vous y croiserez par contre le tout Ramallah, comptant surtout les ministres du raïs et leurs entourages immédiats, les grands avocats, des médecins, ainsi que les enfants de tous ces épargnés, qui constituent la jeunesse dorée de l’Autorité Palestinienne et qui étudient pour la plupart dans les universités voisines. Vous aurez par ailleurs infiniment plus de chances de retrouver ces jeunes gens bien coiffés, entièrement mélangés filles-garçons, et vêtus à la mode dans une faculté américaine que, bardés d’une ceinture explosive, dans un supermarché de Tel-Aviv. Ici, vous verrez certainement moins de femmes voilées - il n’y en avait pas une seule durant les longues heures que j’ai passées à dîner - que dans une classe d’école typique de la banlieue parisienne.

C’est si contrasté avec la misère que je côtoie tous les jours, et dont la plupart de ces gens sont les instigateurs, que j’ai du mal à me sentir en Palestine. Le sol brille, les couverts sont en argent et les cuisines gigantesques bourdonnent d’activité, avec des pianos en alu et des cuistots en tenue, qui ne dépareilleraient pas dans une grande cuisine française. Parmi les quelques 150 personnes attablées, je distingue trois reporters d’une télévision européenne, dont un au moins est connu des lecteurs de la Ména. Sur le ton de la plaisanterie, je demande à l’un des cadres de la propagande palestinienne faisant partie de ma tablée, « ce qui se passerait s’il prenait à ces types l’idée de filmer le resto et le contenu de nos assiettes ? » Un ami répond à sa place : « ça, ce serait vraiment le scoop de sa vie » (il parle du chef de la bande des collègues de l’audiovisuel). Je ris in petto, en pensant au JT de sa chaîne, ouvrant sur la situation alarmante des civils palestiniens à Ramallah et montrant à la place les goinfres d’Arafat en train de profiter des joies de l’existence. Je songe aussi à ce que diraient mes voisins de rue, s’ils voyaient ce reportage, entre deux encouragements, sur la télé palestinienne, à envoyer leurs gamins au Shahyda. Ce serait la fin des haricots et l’émeute générale.

Dehors, au fond d’un riche jardin aménagé de voûtes et de fleurs pour indiquer le chemin d’accès aux clients, des marmitons s’empressent à charger deux camionnettes pour ce qui a tout l’air d’un festin à domicile. « C’est pour le Vieux, il a des invités importants à la Moukata et c’est toujours ici qu’il se sert », répond un autre proche de l’assiette présidentielle, sans qu’on ait eu à poser la question. Puis, celui qui travaille à la propagande revient sur ma question, que j’avais déjà oubliée : « Ils gagnent bien avec nous, tu sais et deux sont des frères (des Palestiniens Ndlr.) et ils n’ont vraiment pas intérêt à ce que se déroulent des plaisanteries de ce genre. Quant à l’étranger, il a été dûment prévenu, comme tous les correspondants étrangers : s’il montrait quoi que ce soit qui pourrait faire du tort à la cause palestinienne, il seront, lui et son network (sa chaîne Ndlr.) personae non grata dans toute l’Autonomie ». L’homme parle avec assurance, il a l’air sûr de son fait. « Tu imagines (…) à ne plus pouvoir filmer les attentats et les réactions israéliennes ? » poursuit-il, « alors que tous leurs collègues acceptent nos conditions de travail. Et puis, celui-là, on le tient par les oreilles, on sait plein de choses à son propos qu’il sait que l’on sait. C’est sans risque ! »

C’était bon, je l’admets, même si l’assistance, ses parfums, ses fanfreluches et cet air beaucoup trop satisfait de soi même qu’arborent ces sous-fifres du système arafatien, qui aident le prophète de notre mort à nous faire tenir à genoux m’ont mis vraiment mal à l’aise. (…) jours plus tard, j’apprends que 12 terroristes du bras armé du Vieux, dont 9 de gros calibre, ont été arrêtés par les Israéliens. Ils appartiennent aux Tanzim-Brigades des martyrs d’Al Aqsa et sont à l’origine de nombreuses attaques contre les juifs. Le plus important était Jamal Hamamreh, que j’ai connu personnellement. A 36 ans, il était l’un des chefs du Fath à Bethlehem, un lieutenant de Marwan Barghouti, qui avait même rencontré le raïs à deux ou trois reprises, pour parler de la rémunération de ses hommes.

Le jour, ils participaient aux projets terroristes, la nuit, ils se cachaient dans un hôpital pour déficients mentaux, près de Bethlehem. Les commandos style Ilan, mon confrère de la Ména, ont cerné le bâtiment, leur proposant de se rendre afin d’éviter de faire des victimes inutiles. Au début, ils ont répondu par quelques rafales, tirées d’entre les lits des patients paniqués ; il aura fallu que les Israéliens fassent la preuve de la situation sans issue dans laquelle les terroristes d’Arafat-le-milliardaire se trouvaient afin qu’ils sortent, les bras bien tendus au-dessus de leurs têtes.

Cette opération n’est que le reflet de celles qu’entreprend l’armé des Hébreux chaque nuit. Chaque nuit, ils donnent un nouveau et profond coup de dents dans la viande terroriste arabe, toutes factions confondues mais qui n’a rien de nébuleux, dans ses chaînes commandement (n’en déplaise à Gilles Paris et à l’AFP, qui s’efforcent d’entretenir la confusion très artificiellement Ndlr.). Parmi les huiles, c’est ce que j’étais allé constater à Ramallah, on sent bien que le compte à rebours de la fin a commencé. Israël va partir de Gaza et va compléter le mur. Arafat voulait une force internationale d’interposition pour nous protéger et il a hérité d’un mur qui leur permettra de nous ignorer et de se protéger de nous ainsi que d’un retrait total au Sud. Avec Gaza sans implantations, toute arafatienne, comment persuadera-t-il le peuple qui ne bouffe que du pain, de continuer à se sacrifier pour éradiquer un autre peuple, situé de l’autre côté de la barrière de la civilisation, et infiniment plus fort que nos leaders. Et je ne parle pas spécifiquement du poids des armes, ni de celui de la gastronomie populaire.



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