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Le contrecoup arabe
Editorial - www.washingtonpost.com

www.washingtonpost.com

Article mis en ligne le 29 mars 2004

Traduction CID
La nouvelle initiative démocratique pour un « Grand Moyen-Orient » de l’administration Bush provoque un débat animé et parfois acerbe dans cette région et entre européens et américians.

Pour cette partie du monde qui a résisté au changement pendant des décennies tout en entretenant la pauvreté, l’extrémisme religieux et le terrorisme, c’est déjà un progrès en son genre.

Cependant, l’essentiel du débat, a pris une tournure familière très décevante. Des autocrates arabes retranchés dans leur bunker, tels que l’égyptien Hosni Moubarak et le syrien Bashar Assad, ont essayé de stopper l’initiative en la dénonçant comme imposée de l’extérieur ou en prétendant qu’aucune libéralisation n’est possible avant un règlement du conflit israélo-palestinien - lequel règlement, insistent-ils, doit être...imposé de l’extérieur.

Cette rhétorique est une vieille rengaine aussi creuse et usée jusqu’à la corde que le nationalisme et le socialisme sur lequel les régimes égyptiens et syriens sont basés. Mais la diplomatie européenne et des critiques de l’administration Bush chez les démocrates [le parti politique américain] l’avalent et la resservent en la prenant pour argent comptant.

Leur résistance peut être en partie motivée par une attitude partisane dans une année électorale ou par des tensions transatlantiques persistantes, mais elle démontre aussi que la réflexion sur le Moyen-orient s’est fossilisée même au-delà de la région concernée.

Bien sûr Mr. Moubarak, qui a dirigé l’Egypte en décrétant l’état d’urgence pendant 23 ans, est opposé à la politique de démocratisation - et n’accorde pas une réelle importance à la manière de faire progresser les choses, ni d’ailleurs à la question de savoir si la paix peut arriver entre les Arabes et les Israéliens.

Loin de représenter un argument contre les efforts de l’administration en vue d’organiser un élan vers les réformes par le G8, l’OTAN et l’Union Européenne, cette volonté d’obstruction devrait nous éclairer sur la nécessité de l’effort de changement. Si le changement n’est pas encouragé par les Etats-Unis et l’Europe, il sera bloqué indéfiniment par les hommes forts, qui dépendent d’ailleurs pour la plupart de l’aide et des alliances occidentales.

La bonne nouvelle est que beaucoup de peuples au Moyen-Orient, et au moins certains gouvernements, semblent prêts à adopter le mouvement de libéralisation. Certains des petits émirats du Golfe Persique, comme Bahrein ont témoigné de leur soutien. Bien que plus prudents, la Jordanie et le Maroc ont aussi accepté l’idée que les réformes devaient aller de l’avant. Même la ligue arabe, normalement dirigée par des réactionnaires, a décidé de faire des réformes un élément central de son sommet de ce mois.

Des groupes de la société civile dans toute la région se sont aussi mobilisés. Une conférence régionale de ces groupes la semaine prochaine à la bibliothèque d’Alexandrie pourrait déboucher sur un appel au changement. Entre temps, les propositions de l’administration pour une extension des relations sécuritaires entre l’OTAN et le Moyen-Orient ont reçu un écho principalement positif lors d’une réunion à Bruxelles la semaine dernière.

Des officiels de l’administration ont néanmoins réagi au contrecoup en révisant certaines de leurs ambitions à la baisse. Par exemple, plutôt que de chercher un accord sur une « charte démocratique » pour le Moyen-Orient au sommet du G8 en Juin, le groupe des pays riches va probablement se contenter d’adopter les agendas qui émergeront du sommet arabe et d’autres réunions régionales.

La proposition de programme qui circule parmi les gouvernements du G8 reste minimale et conformiste, mettant l’accent sur le soutien technique et le training de groupes et institutions arabes existantes, plutôt que de promouvoir un changement fondamental.

Un démarrage à ce point modeste pourrait être utile s’il sert de base à une large alliance entre les Etats-Unis, l’Europe et les réformateurs arabes. Cela dit l’administration Bush n’encouragera pas les transformations du Moyen-Orient tant qu’elle ne rompra pas avec les dirigeants à l’ancienne et leurs manières de penser.

Tant qu’elle n’est pas prête à faire usage du poids considérable dont elle dispose avec des alliés comme Mr. Moubarak afin de promouvoir les libertés politiques, et non la stabilité, ses initiatives démocratiques manqueront de crédibilité.



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