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Mahmud Abbas a fait son discours à Ramallah mais les destinataires de ses propos se trouvent à la Maison Blanche / Avi Issacharof et Amos Harel– Haaretz
Revue de la presse israélienne du service de Presse de l’ambassade de France en Israël
Article mis en ligne le 7 novembre 2009

Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmud Abbas (Abou Mazen) a annoncé hier qu’il ne compte pas se présenter aux prochaines élections présidentielles, prévues pour le 24 janvier 2010. Abou Mazen et son entourage s’en sont pris violemment au gouvernement Obama.

Au terme d’une journée de rumeurs incessantes, Abou Mazen a convoqué la presse à la Mouqataa de Ramallah et a prononcé un discours dans lequel il a évoqué des moments-clés de l’histoire palestinienne et du processus de paix. Après avoir rappelé le décret présidentiel qu’il a proclamé récemment concernant la tenue d’élections en Cisjordanie, à Jérusalem-est et à Gaza, il a déclaré : « J’ai annoncé au comité exécutif de l’OLP et au comité central du Fatah que je ne souhaite pas me représenter à l’élection présidentielle. Il ne s’agit là ni d’une manœuvre ni d’un marchandage ». « J’espère que ma position sera comprise. Je leur ai fait savoir que j’effectuerai d’autres démarches en temps voulu », a-t-il ajouté sans donner plus de détails.

A la Mouqataa c’est la confusion qui régnait hier, pas seulement parmi les journalistes et les commentateurs mais aussi chez les collaborateurs de Mahmud Abbas, quant à la signification de cette démarche. La formule relativement ambiguë choisie par Mahmud Abbas lui laisse la possibilité de se rétracter. La plupart des hauts responsables du Fatah et de l’Autorité palestinienne qui se sont exprimés hier ont dit attendre d’Abou Mazen qu’il revienne sur sa décision et ont affirmé n’avoir aucune intention d’investir un autre candidat.

Immédiatement après le discours, l’assistance a appris avec soulagement que Mahmud Abbas compte rester à son poste jusqu’aux prochaines élections. Or, il n’est pas du tout certain que celles-ci auront lieu, du fait de l’opposition du Hamas à leur tenue dans la bande de Gaza et aux difficultés attendues à Jérusalem-est. Malgré cela, tous ceux qui ont parlé à Mahmud Abbas hier après-midi affirment que le président de l’Autorité palestinienne est déterminé à ne pas se représenter.

Il semble que le principal motif de cette décision ne soit pas l’attitude d’Israël. Abou Mazen attend peu du gouvernement Netanyahu. Le message d’hier s’adresse plutôt aux oreilles américaines.

Ironiquement, c’est la politique « pro-palestinienne » du gouvernement Obama qui a poussé Abou Mazen à annoncer son retrait. « Nous avons apprécié les positions affichées par les Etats-Unis concernant les colonies et la ‘judaïsation’ de Jérusalem. Nous avons cependant été surpris par leur compréhension vis-à-vis des positions israéliennes. Le problème c’est Israël et ses positions », a-t-il déclaré hier, en visant clairement le gouvernement Obama.

Les proches de Mahmud Abbas ont expliqué hier que les propos de la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, qui s’est félicitée de la position israélienne sur une restriction de la construction dans les colonies, ainsi que la proposition faite aux Palestiniens par l’émissaire américain George Mitchell ont surpris les dirigeants de l’Autorité palestinienne qui, jusque là, avaient obtenu un soutien total de la part du gouvernement américain. Les éclaircissements de Mme Clinton, qui lors de sa visite en Egypte a déclaré que les Etats-Unis ne considèrent pas les colonies comme légitimes, n’ont pas satisfait Mahmud Abbas qui s’est senti trahi par le gouvernement américain. En effet, c’est Washington qui, par ses déclarations fermes concernant les colonies, a poussé Mahmud Abbas à poser comme condition à la reprise des pourparlers l’arrêt de la construction dans les colonies, y compris à Jérusalem-est. Quand Washingto ! n a changé de position, Abou Mazen s’est retrouvé seul, sans soutien américain.

Pour l’heure, la démarche d’Abou Mazen n’est pas perçue à Ramallah comme une simple manœuvre tactique, mais il ne fait aucun doute que son but est de pousser les Américains à exercer une pression plus forte sur Israël. En effet, il ne semble y avoir au Fatah aucun successeur potentiel, capable de faire face à un candidat du Hamas. Pour que Mahmud Abbas change d’avis, Washington devra faire valoir des résultats face aux Israéliens concernant la construction dans les colonies.

Au sein des services de sécurité israéliens, l’annonce du président de l’Autorité palestinienne a été accueillie avec un scepticisme mêlé d’une légère inquiétude. Un haut responsable déclarait hier : « Abou Mazen a annoncé qu’il ne se présentera pas à des élections qui n’auront jamais lieu ». D’autres responsables ont souligné qu’il n’a démissionné ni de ses fonctions au Fatah ni de ses fonctions à l’OLP. Or, c’est de là qu’il puise l’essentiel de sa légitimité. Selon eux, il est tout à fait possible qu’en l’absence d’accord entre le Fatah et le Hamas sur la tenue d’élections, Mahmud Abbas continue à assurer la présidence par intérim sans que cela modifie en substance son statut actuel.

Selon des responsables israéliens, ce que l’on remarque c’est que la démarche de Mahmud Abbas ne semble pas causer de panique parmi les responsables du Fatah et de l’Autorité palestinienne. Selon eux, la seule crainte pour Israël est que l’annonce de Mahmud Abbas s’ajoute à la ligne idéologique plus dure qu’expriment dernièrement les hauts responsables du Fatah et que le tout, à cause d’une « étincelle » comme, par exemple, des émeutes sur le mont du Temple, ne mène à une nouvelle vague de violence.



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