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samedi 8 mars 2008
Question - L’actualité du jour est quand même l’attentat sanglant de Jérusalem. Dans vos paroles précédentes j’ai cru comprendre que vous faites le lien entre ce qui s’est passé à Gaza et à Jérusalem. Je voulais vous demander si, à votre avis, le processus de paix est plus ou moins compromis aujourd’hui et quel est le rôle que la France entend jouer dans la suite des événements ?
Réponse - Le processus de paix est la seule solution. Comparer les attentats ne m’intéresse pas. Je les condamne tous.
Je condamne le lancer des fusées Qassam et des fusées Grad sur Israë l.
Je condamne l’acharnement qu’il y a eu sur Gaza et qui n’a, hélas, pas arrêté les fusées.
Je condamne bien entendu l’attentat de Jérusalem dans une école talmudique.
Malheureusement, les chiffres changent et lorsqu’ils changent, ils changent vers le haut. Je ne sais pas s’il y a eu 8, 9 ou 10 victimes en dehors des blessés.
Oui, je condamne tout cela. Je sais qu’il n’y a pas de solution militaire. Je sais, et les Israéliens et les Palestiniens le savent aussi, qu’il n’y a une solution que dans la paix et l’instauration d’un Etat palestinien viable, démocratique et indépendant. C’est cela la sécurité d’Israë l.
Alors que peut faire la France ?
La France est chargée, avec la Commission européenne, avec M. Tony Blair pour le Quartet, avec les Norvégiens, du suivi de la Conférence de Paris, qui fut un succès.
Il faudrait que les projets soient mis en place et ils ne le sont pas assez rapidement. Justement, le premier projet, grâce à l’intervention de M. Ehud Barak, se mettait en place à Gaza, c’était la station d’épuration d’eau.
Tout est à nouveau remis en question. Donc, nous sommes chargés du suivi de ces projets. Nous donnions de l’argent pour le budget palestinien, la France a donné de l’argent bien sà »r, mais enfin, nous avions l’argent de la Conférence de Paris et nous sommes chargés du suivi et de son application. En ce sens, oui bien sà »r, nous intervenons.
Il y a d’ailleurs, le 25 mars je crois, à Bruxelles, une réunion à nouveau ; ce n’est plus à Paris car la Commission européenne est responsable d’autres projets spécifiques et des projets de la Conférence de Paris ; nous nous revoyons donc dans cette formation. Evidemment nous continuons, évidemment je retournerai sur place.
Tout le monde sait que la solution est la formation d’un Etat palestinien.
Tous les Israéliens qui ont négocié avec les Palestiniens, tous les Palestiniens qui ont négocié avec les Israéliens le savent. Je sais que des progrès sont faits au sommet.
Vous savez qu’il y a quatre personnes qui discutent, c’est M. Ehud Olmert avec M. Abou Mazen, c’est Mme Tzipi Livni avec M. Abou Ala.
A ce niveau, les choses avancent mais elles n’avancent pas sur le terrain, au contraire. Est-ce que cette démarche des quatre sera suffisante ? Je l’espère très fortement. Je sais qu’il n’y a pas hélas, d’autre solution.
C’est pourquoi à chaque communiqué - vous savez, sempiternellement, faire un communiqué de condamnation - nous nous demandons si nous condamnons fermement ou très fermement, et à quoi cela avance ?
La phrase importante, c’est à la fin de ce communiqué, qui dit : « il n’y aura d’autre solution que la poursuite du processus de paix et la création d’un Etat palestinien ».
Pour la première fois, la Conférence de Paris était consacrée à l’Etat palestinien et le financement était pour l’Etat palestinien. C’était une avancée mais évidemment, elle est très insuffisante s’il n’y a pas d’Etat palestinien.
Est-ce qu’il faut signer pour un Etat palestinien ? Est-ce qu’il faut reconnaître un Etat palestinien d’avance ? Je n’en sais rien mais il faut un Etat palestinien.
Question - Pourquoi n’avez-vous pas appliqué ce que vous avez demandé pour le Kosovo pour la Palestine ?
Réponse - C’est justement ce que je viens de vous dire. Vous ne pouvez pas comparer.
Question - Vous êtes le champion de l’intervention humanitaire et cela fait 60 ans que le peuple palestinien est sous occupation et dans l’impasse. Je sais que vous avez une bonne volonté pour trouver une solution, mais on entend beaucoup de paroles et on voit peu d’actes sur le terrain.
Réponse - C’est vrai, je le déplore autant que vous, mais la situation n’est pas la même. Pourquoi le Kosovo a été reconnu pour le moment par 22 Etats, si je ne m’abuse - et il y en aura 30, 40 et plus encore ?
Parce que la situation spécifique du Kosovo, où il y avait eu une intervention internationale était - par rapport aux autres situations dont on parle, l’Ossétie du Sud, l’Abkhazie, le Nagorny Karabakh - tout à fait différente, parce qu’il y avait des troupes, des milliers d’hommes de l’OTAN et des milliers d’administrateurs des Nations unies.
LÃ , ce n’est pas le cas.