Arié Bensemhoun : par Olivia Cattan pour TéléJ
samedi 12 mai 2007
Télé J : Qu’est-ce qui a motivé votre candidature à la Présidence du CRIF ?
Arié Bensemhoun : J’ai 44 ans, je suis le benjamin de cette campagne et pourtant depuis que j’ai 14 ans, je milite sur le terrain pour la communauté juive et pour valoriser l’image d’Israë l. A travers les EEIF, l’UEJF puis à travers le Comité directeur du Crif dont je fais parti depuis 23 ans. J’ai envie d’apporter à la fois le dynamisme de ma jeunesse et la force de mon expérience à cette Institution.
Télé J : Que doit, selon vous, symboliser le CRIF ?
Arié Bensemhoun : Le Crif n’est pas une organisation traditionnelle. Ethymologiquement, c’est un Conseil. Le Crif doit redevenir un lieu de débats, de rencontres, d’échanges, un lieu d’analyse, ouvert sur la société française et au service de toute la communauté juive. Le Crif a perdu cette dimension là et il lui arrive trop souvent de se substituer aux associations qu’il représente. Il faut que cela évolue pour que se mettent en place de véritables synergies.
Télé J : Si vous êtes élu, quelles seront vos priorités ?
Arié Bensemhoun : L’objectif principal est de combattre la haine planétaire des juifs ; Que ce soit à Durban, la deuxième Intifada, l’assassinat d’Ilan Halimi, l’Iran et le négationnisme qui sévit dans le monde arabo-musulman, le mot antisémitisme ne veut plus rien dire. Il renvoie à des références passées. Le nouvel antisémitisme prend ses racines dans les forces progressistes, altermondialistes et dans le monde arabo-musulman. Il nous faut lutter contre la nazification d’Israë l. Mais il ne faut pas être uniquement dans la dénonciation de ce qui ne va pas. Il faut mener des actions de terrain ; Il faut retrouver des contacts avec l’opinion publique française. Nous sommes des citoyens français et nous ne devons pas nous couper de la Nation. Avec l’UEJF, que se soit avec SOS racisme ou France +, nous avons été les premiers à initier le dialogue entre juifs et musulmans de France. Il faut encourager les différentes actions et les coordonner dans une stratégie globale. Il nous faut utiliser les moyens de l’Etat et de l’Ecole pour faire passer des messages de tolérance et de Paix.
Télé J : Le bilan de M Cukierman est-il satisfaisant ?
Arié Bensemhoun : J’assume pleinement son bilan. Mais le Crif doit être rénover tout en assurant la continuité du travail entrepris par Roger Cukierman. Nous devons profiter de l’expérience de anciens mais il est aussi temps de faire plus de place aux jeunes et aux nouvelles voix qui expriment la communauté d’aujourd’hui et sont en adéquation avec la société. Je suis immergé dans la vie active, je suis plus à même de comprendre les nouvelles difficultés auxquelles les juifs doivent faire face. Il est temps de faire cesser la guerre des clans et de mutualiser nos ressources et nos compétences afin d’être plus forts face aux défis qui nous attendent. Il nous faut également revaloriser la représentation du Crif dans la société. Il doit devenir un élément vitalisant du corps social et du débat national.
Télé J : Quels sont vos principales qualités ?
Arié Bensemhoun : Je m’appui sur mon parcours de militant. J’ai prouvé au sein du Crif de Toulouse que je savais fédérer, représenter, réfléchir, diriger et animer une équipe. Je me nourri de cela tout en montrant que j’ai un véritable projet novateur et actif.
Télé J : Si vous êtes élu, vous deviendriez le premier sépharade à devenir président du Crif...
Arié Bensemhoun : J’embrasse l’histoire juive dans sa globalité. J’ai été élevé comme ça, sans faire de différence entre ashkénazes et sépharades. Alors je n’en fais pas un argument de campagne, mais je veux croire que cette incompréhension entre ces juifs d’origines différentes n’existent plus au CRIF. Ni ashkénaze ni sépharade, le prochain Président du CRIF doit correspondre au désir de renouveau et aux attentes des Juifs de France.
Télé J : Il y a peu de femmes au Crif, seriez-vous prêts à féminiser cette Institution ?
Arié Bensemhoun : Il y a peu de femmes et peu de jeunes leaders pourtant nombreux et talentueux dans notre communauté. Oui il est donc temps de faire un peu de place à la diversité, aux jeunes, aux femmes... Je ne suis pas pour la parité mais je pense qu’il est important de faire entendre la voix des femmes au sein du Crif.
Télé J : Avez-vous le soutien de Roger Cukierman ?
Arié Bensemhoun : Roger Cukierman ne soutien aucun candidat. Mais j’ai le soutien de plusieurs personnalités comme Bernard-Henry Levy, Alexandre Adler, Alain Jakubowicz, Yves Azeroual, Yves Deray et mon ami Marek Halter... Des intellectuels, des journalistes, des militants communautaires de premiers plan, qui savent apprécier la situation de la communauté et qui connaissent les défis auxquelles nous sommes, et serons encore plus dans l’avenir confrontés. Il savent que j’ai l’expérience, les compétences et la vision pour être un bon candidat et peut être demain le prochain Président du CRIF.