vendredi 29 septembre 2006
La violence urbaine n’est pas due à la seule « démission  » des juges (Nicolas Sarkozy) ou à l’« échec  » du ministre de l’Intérieur (PS). Elle est le résultat d’un renoncement. Quand un « animateur  » du quartier plutôt tranquille des Tarterêts (Essonne) déclare, après le lynchage de deux policiers dans cette cité (Libération du 23 septembre) : « Que faisaient deux flics seuls, à dix heures du soir ?  », comme il ne le dirait plus d’enfants traînant la nuit, se dévoile le champ de ruines.
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Le militantisme de certains magistrats, idéologues de l’excuse sociale, contribue bien sà »r au sentiment d’impunité des récidivistes. Trop de juges suivent encore la harangue d’Oswald Baudot, figure disparue du Syndicat de la magistrature, qui recommandait en 1974 d’avoir « un préjugé favorable pour la femme contre le mari, pour l’enfant contre le père, pour le débiteur contre le créancier, pour l’ouvrier contre le patron, pour le voleur contre la police (...) ».
Mais la Justice - qui ferait mieux d’écouter les critiques plutôt que d’aller s’en plaindre à l’Élysée - est le reflet d’une lâcheté collective. Cela fait plus de trente ans que le consensus antiraciste ignore le problème posé par un peuplement majoritairement musulman. La Seine-Saint-Denis (le « 9-3  ») compte plus de 1,5 million d’habitants, dont les deux tiers sont immigrés ou d’origine immigrée. Le « cefran  » (Français) est l’étranger.
Or ce bouleversement est explosif. Dans une note rendue publique, le préfet du département estime que « la situation de la délinquance (...) constitue le continuum des émeutes de novembre  ». Il relève « une confrontation permanente entre l’aisance des uns et la pauvreté des autres  ». Il observe que les jeunes sont de plus en plus perméables à l’islamisme et que, à chaque réveil de l’agitation, « les « barbus  » prennent le relais de la gestion locale  ».
Un phénomène de libanisation du « 9-3  » se met en place, avec ses guérillas. Et ce sont les immigrationnistes qui ont amorcé cette bombe. Convaincus que la « France française  » doit céder la place et que l’avenir est à l’indifférenciation des cultures dans un Babel « peace and love  », ils ont créé un territoire revanchard. Qu’attend le pouvoir pour interroger enfin les Français ? Par référendum, les Suisses viennent de durcir, à 68 %, leur législation sur l’immigration. Cette démocratie-là serait-elle honteuse ?
Curieuse presse
« Au bal des hypocrites, nous sommes tous responsables - politiques, préfets, juges, policiers - de ces enfants des rues sans passé ni avenir  », estiment les juges Jean de Maillard et Didier Gallot (Libération de lundi). Cependant, la presse a sa part de démission, qu’il serait trop commode d’oublier. C’est à elle, et non au préfet Jean-François Cordet, qu’il revenait d’alerter l’opinion sur cette situation sécuritaire catastrophique en Seine-Saint-Denis, un an après les émeutes. Mais les médias sont-ils prêts à dire toutes les vérités qui dérangent ? Eux aussi se seront prêtés à l’occultation de réalités. La presse bien pensante aura attendu 2000 pour reconnaître la violence installée depuis des années dans les cités et les écoles. Elle aura longtemps sous-évalué l’antisémitisme dans les banlieues. Elle aura laissé à la commission Stasi le soin de révéler la fracture du communautarisme et au rapport Obin celui de dévoiler l’intégrisme à l’école, tandis qu’il est revenu à Philippe de Villiers d’aligner les preuves de l’emprise islamiste à Roissy. La profession sait-elle être encore curieuse ?
« Ce pays, c’est le nôtre »
Disons-le : si les médias « progressistes  » ont rechigné à mettre au jour ces phénomènes identitaires et religieux, c’est parce qu’ils impliquaient la communauté musulmane et contrariaient les slogans sur « l’immigration, chance pour la France  » et « l’islam, religion de paix et de tolérance  ». Cependant, ce n’est pas rendre service à la nation et aux Français musulmans que de vouloir ignorer des problèmes qui incitent certains d’entre eux à se retrancher dans des ressentiments. Le mépris dont ils se plaignent est dà », en partie, à cette indifférence des bons apôtres.
Dans ce contexte, l’enthousiasme réservé, y compris par l’Élysée, au film Indigènes de Rachid Bouchareb, ressemble à une invite à rendre illégitimes d’éventuelles exigences de la République pour le respect de ses règles (unité, laïcité, tolérance, etc.). Quand l’un des acteurs, Jamel Debbouze, rompt le jeà »ne du ramadan en direct sur Canal +, l’autre soir, et déclare dans ses entretiens : « Ce pays, c’est le nôtre  », il dit une évidence ambiguë . Elle risque d’être interprétée, dans des cités rebelles, comme une incitation à obéir à d’autres règles, d’autres lois.
Le patriotisme affiché par les promoteurs d’Indigènes est sympathique. Et il est heureux que l’injustice des pensions militaires de misère versées depuis la décolonisation aux anciens soldats d’élite de l’armée d’Afrique ait été corrigée, mercredi, par le gouvernement (mais pourquoi avoir attendu un film ?). Reste que l’héroïsme des 300 000 combattants du Maghreb et d’Afrique occidentale, qui participèrent au débarquement en Provence et à la défaite d’Hitler, ne donne pas à tous les musulmans le droit de s’approprier le pays. Or c’est ce sentiment qui reste.
Intimidations (suite)
Il y a quelque temps, la présentation d’une pièce de Voltaire, Le fanatisme ou Mahomet le prophète (1741) avait suscité des violences islamistes à Gex (Ain). Cette semaine, l’Opéra de Berlin a décidé de déprogrammer un opéra de Mozart, Idomeneo, mettant en scène les têtes coupées de Jésus, Bouddha et Mahomet. Quant au professeur de philosophie Robert Redeker, qui a écrit le 19 septembre dans Le Figaro un article critique sur l’Islam, il est depuis menacé de mort. Où sont les pétitionnaires ?