MEMRI Middle East Media Research Institute
mardi 23 avril 2013, par Desinfos
Le 12 avril 2013, le site salafiste djihadiste Minbar Al-Tawhid Wal-Jihad (MTJ) publiait une fatwa sur l’autorisation de bombarder des synagogues et des églises. La fatwa, émise par le cheikh Abou Moundhir Al-Shinqiti via le site du Comité de la Charia, a été publiée en réponse à une question posée par un lecteur, nommé Al-Assad Ma´arik, portant spécifiquement sur le bombardement « de maisons de culte juives dans les pays européens  ».
Voici les
principaux points de la
fatwa d´Al-Shinqiti :

Le
cheikh commence par
reprendre une opinion partagée par de nombreux décisionnaires
islamiques, selon
laquelle une attaque dans un lieu de culte est illégitime. Cette
opinion est
fondée sur la sourate 22:40 du Coran : « Si Allah n´avait pas
défendu
certains hommes au moyen de la force d´autres hommes, les ermitages,
les
églises, les synagogues et les mosquées où le nom d´Allah est chaque
jour loué seraient
entièrement démolis. »

Al-Shinqiti
rejette ce point de vue,
et se range plutôt de l’avis de l’érudit médiéval Ibn Al-Qaym
Al-Jawziyya,
qu´il cite longuement. Selon Ibn Al-Qaym, le verset ci-dessus se réfère
uniquement à l´ère pré-islamique et, lorsque le judaïsme et le
christianisme perdirent leur validité, avec l´apparition de
l´islam, leurs
lieux de culte perdirent leur statut de lieu protégé.
Al-Shinqiti explique : « L´interdiction de détruire des
églises et
des synagogues ne découle [pas d´une quelconque caractéristique propre
aux
bâtiments] ou d´un quelconque statut privilégié. Au contraire, elle
dépend du
statut des personnes qui y prient... Il n´existe pas de loi permanente
et
spécifique concernant les lieux de culte non musulmans. Leur statut est
déterminé par celui des personnes qui les détiennent ».

Al-Shinqiti
explique que deux types
de lieux de culte sont protégés contre ces attaques : ceux qui
appartiennent Ã
des monothéistes qui vivent en dhimmis dans un Etat musulman,
et les
monastères isolés.

Il
déclare ensuite que
certaines synagogues et églises - à savoir celles « appartenant
aux
ennemis de l´islam » - peuvent être attaquées si cela se révèle
nécessaire,
notamment dans les circonstances suivantes :

A. ‪Lorsque
les personnes qui les
fréquentent sont des ennemis de l´islam et combattent les musulmans.

B. ‪Lorsque
ces lieux de culte servent de
centres d’activité anti-musulmane : lieux d’incitation à la haine, ou
repaires
d’armements pour combattre ou emprisonner les musulmans et les éloigner
de leur
religion [1].

C. ‪Lorsque
les ennemis des musulmans
attaquent les mosquées. [2]
« Il est incontestablement légitime d´attaquer [ces
synagogues et églises] en représailles, selon les paroles d’Allah
[Coran 2:149]
: ‘Quiconque vous attaque, attaquez-le comme il vous a attaqué’. »
Si
Al-Shinqiti décrète qu’il est
permis d´attaquer des synagogues et des églises dans certaines
circonstances,
il conclut qu´il est préférable de s’en abstenir, et ce pour des motifs
religieux et tactiques. Il écrit : « S’il n’y a aucun besoin, ni
aucune
raison justifiant l’attaque de lieux de culte ennemis..., il est
préférable de
s’en abstenir, pour deux raisons : d'abord, les attaquer [sans réelle
nécessité] ne permettra d'accomplir aucun objectif religieux
ou
militaire. Ensuite, cela peut être considéré comme une tentative
d’imposer la
foi aux autres [les forcer à se convertir à l'islam], car il s'agit
d'un [acte]
de harcèlement envers nos adversaires religieux et de tentative de les
empêcher
d'exercer [leur religion]. La loi islamique stipule que la religion
n’est pas
coercitive. Par ailleurs, une attaque contre un lieu de culte, [même]
si elle
est légitime, servira de prétexte pour diffamer le djihad. Par
conséquent, les
moudjahidine ne devraient pas recourir à une telle tactique, sauf si
c'est
urgent et nécessaire ».


Notes :

[1]
Probablement une
référence à l'Egypte, où les musulmans extrémistes ont accusé les
Coptes
d'avoir enlevé des musulmans et de les avoir parqués dans des églises.

[2]
Probablement une
référence à Israël et aux prétendues attaques contre des mosquées
palestiniennes. Selon cette logique, attaquer des synagogues pourrait
être
considéré comme légitime.