samedi 23 juillet 2005
Trois attentats à la voiture piégée ont tué au moins 45 personnes dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, sur la Mer Rouge, dans la nuit de vendredi à samedi, après avoir visé un hôtel et un café fréquenté par des touristes égyptiens et étrangers.
Les fortes explosions, dont la première est survenue à 1h15 (heure locale), ont fait trembler les fenêtres à des kilomètres et ont jeté dans les rues des touristes pris de panique. Une colonne de fumée s’est élevée dans le ciel de Naama Bay, une zone où sont concentrés des complexes hôteliers fréquentés par des touristes israéliens et européens, ont expliqué des témoins.
Après les attentats, des touristes hébétés erraient dans les rues plongées dans l’obscurité alors que les équipes de secours égyptiennes recherchaient morts et blessés dans les décombres.
« De nombreux corps jonchaient le sol sur la route » près d’un café, a témoigné Chris Reynold un policier britannique en vacances, joint par téléphone par la BBC. C’était horrible. »
Trois voitures piégées ont été utilisées dans ces attaques, a annoncé un responsable de la police, au Caire. Plusieurs témoins avaient dans un premier temps rapporté un nombre supérieur de déflagrations.
Une première voiture piégée a explosé dans une allée de l’hôtel Ghazala, qui compte 176 chambres, à Naama Bay, a annoncé Mustafa Afifi gouverneur de la province du Sud-Sinaï.
La réception de l’hôtel a été complètement brà »lé, détruit », a raconté à l’Associated Press Amal Mustafa, une touriste égyptienne de 28 ans. Les premières images du bâtiment l’ont montré en proie aux flammes, les murs effondrés.
Un deuxième attentat a eu lieu sur un parking près de l’hôtel Movenpick, également à Naama bay, a déclaré un de ses réceptionnistes qui ne s’est pas identifié.
La dernière explosion a retenti sur un parking dans le secteur du Vieux Marché, à quelques kilomètres de là , faisant 17 victimes, probablement égyptiennes, assises à une terrasse proche. Trois minibus ont pris feu, sans qu’on puisse déterminer s’ils contenaient des passagers, selon les autorités.
Après la déflagration, « j’ai été sur mon balcon et j’ai vu des flammes et de la fumée sortir de la voiture qui a explosé, c’était un taxi », a rapporté Ibrahim al-Said, un Soudanais de 35 ans qui vit dans le quartier.
La police a porté le bilan à 45 morts et environ 200 blessés, dont de nombreux étrangers. Ont été recensées des victimes originaires de Grande-Bretagne, de Russie, des Pays-Bas, du Koweït, du Qatar, d’Arabie saoudite et d’Egypte.
C’est la plus grave attaque que connaît l’Egypte depuis 1997 et le meurtre de 62 touristes, dont 58 étrangers, par des militants islamistes à Louxor, dans le sud du pays. En octobre 2004, une série d’attentats avaient fait au moins 34 morts dans un hôtel et un camp de vacances fréquenté par des Israéliens à Taba et Ras Shitan dans le Sinaï.
« C’était l’hystérie collective. Nous avons essayé de calmer les gens », a expliqué Charlie Ives, un touriste britannique, qui était assis à une terrasse à 50 mètres du lieu de 2 explosions.
Des dizaines d’ambulances du Nord-Sinaï et des villes de Suez et d’Ismailiya ont été envoyées vers Charm el-Cheikh pour prendre en charge les victimes, ainsi que des médecins du ministère de la Santé.
Le ministre égyptien du tourisme Ahmed al Maghrabi a estimé que les attentats « visaient à terroriser la population pour l’empêcher de se déplacer et de voyager ».
Kurtis Cooper, porte-parole du Département d’Etat américain, a déclaré que les Etats-Unis condamnaient les attentats et a offert son aide au gouvernement égyptien.
« Il n’existe pas d’excuse pour s’en prendre à des civils innocents », a-t-il commenté.