MEMRI Middle East Media Research Institute
lundi 18 mars 2013, par Desinfos
L’Union internationale des savants musulmans (UISM) s’en prend aux Nations unies pour avoir défendu l’égalité des sexes et des résolutions interdisant la polygamie, le mariage des mineures et le viol conjugal
Avant
la session, l’Union
internationale des savants musulmans (UISM) publiait une déclaration
signée par
son dirigeant, le cheikh Youssouf Al-Qaradhawi,
exigeant que l’ONU « respecte la diversité religieuse et les
valeurs
islamiques dans les accords internationaux [ainsi que dans tout] autre
document
concernant les femmes et les enfants. »
La
déclaration affirme que l’islam
défend les droits des femmes et s’oppose à toute violence à leur
encontre,
tandis que l’ONU présenterait souvent des documents « qui
contredisent les
principes [religieux] des nations [islamiques], leurs valeurs et leurs
honorables lois islamiques », puis exercerait des pressions sur
les
gouvernements musulmans afin qu’ils signent ces documents.

La
déclaration indique en
outre que les résolutions onusiennes sur les femmes entendent
« éliminer
toute différence naturelle entre les hommes et les femmes dans leurs
rôles et
leurs lois. » L’ONU, de son côté, considère tout ce qui suit comme
une
forme de violence envers les femmes, qu’il faudrait éradiquer :
diverses lois
islamiques sur le mariage, le divorce, l’avortement, l’héritage et la
garde
[des enfants] ; le droit donné à l’époux d’avoir des relations
sexuelles
avec sa femme, y compris sans son consentement ; la responsabilité
exclusivement réservée à l’homme de subvenir aux besoins de la famille
;
l’interdiction aux femmes et aux jeunes filles d’avoir accès à des
contraceptifs ou d’entretenir des relations homosexuelles, etc.

Dans
ce contexte, l’UISM
exige que « l’ONU [comprenne] la nécessité de protéger les
valeurs, l’éthique
et les lois des religions révélées, scellées par l’islam, comme un
moyen de
préserver la paix et la sécurité internationales ». Elle exhorte
également
les pays musulmans à adopter une position unifiée « et à rejeter
toute
[résolution ou document] qui irait à l’encontre de la charia islamique
et des
religions révélées. »

Nombre
de demandes formulées
dans la déclaration sont reprises par Muhammad Al-Dib, membre de
l’UISM, dans
un article publié sur le site officiel des Frères musulmans. Il écrit
que le
document des Nations Unies sur la suppression des violences Ã
l’encontre les
femmes constitue une violente offensive contre l’islam et les peuples
arabes,
et il appelle le monde musulman à s’unir pour le contester.

Ci-dessous
des extraits de
la déclaration de l’UISM, publiée sur son site, [2] suivis
d’extraits de l’article d’Al-Dib.
[3]

Le
dirigeant de l’UISM, cheikh
Youssouf Al-Qaradhawi [4]

UISM
: Les conférences
des Nations Unies prennent souvent des mesures qui « provoquent la
fragmentation de la cellule familiale et lui nuisent »

« L’Union
internationale des savants musulmans exige que l’ONU respecte les
diversités
religieuses et les valeurs islamiques dans les accords internationaux
concernant les femmes et les enfants [ainsi que dans tout] autre
document.
L’Union confirme également son rejet de toute violence contre les
femmes et la
nécessité de ‘libérer’ ces termes [sic], et exige que les pays
musulmans
formulent une position unie à l’égard de ces documents...

« L’Union
internationale des savants musulmans, qui représente les érudits
dominants de
la nation musulmane, respecte la condition des femmes dans le monde en
général,
et dans le monde musulman en particulier, et considère la recherche de
la
justice et le soutien aux femmes dans la reconnaissance de leurs droits
naturels comme une réelle [contribution] à la société, composée de deux
éléments principaux : les hommes et les femmes.

« Dans
cette veine, l’islam
- depuis [son] origine - consacre une attention particulière aux droits
des
femmes dans un cadre de complémentarité, d’équilibre et de [division]
des rôles
[destiné] à garantir le bien-être, le bonheur et l’harmonie au sein de
la
famille, considérée comme le noyau d’une société heureuse.

« Toutefois,
l’Union
[constate] depuis un certain temps que les conférences de l’ONU
penchent dans
certains cas pour des mesures qui provoquent la fragmentation de la
famille et
lui nuisent. Les résolutions de ces conférences sont entérinées comme
des
documents internationaux (comme la Convention du CEDAW, la Déclaration
de
Beijing et autres), tandis qu’une pression économique et politique est
exercée
sur certains gouvernements musulmans pour qu’ils signent les documents,
en
dépit du fait que ceux-ci contredisent les principes de leurs nations,
leurs
valeurs et leurs honorables lois islamiques.

«
[Dans] sa prochaine
édition, la 57e session de la Commission des Nations Unies sur la
condition de
la femme, qui aura lieu du 4 au 15 mars 2013, un document intitulé
‘L’élimination
et la prévention de toutes les formes de violence contre les femmes et
les
filles’ » sera débattu. [5]

«
[L’ONU] considère les
tâches maternelles de la femme comme une forme de travail non rémunéré,
et la qawama (préoccupation ou
responsabilité) d’un homme
envers sa famille comme une forme de violence contre les femmes »

« Et
bien que l’islam
[s’oppose à ] la violence contre les femmes ou n’importe quel autre
humain, le
terme [‘élimination de la violence contre les femmes’], conformément
aux
accords internationaux émis par l’ONU, se réfère à l’élimination de
toute
différence naturelle entre les hommes et les femmes en ce qui concerne
les
rôles et les lois. Ainsi, l’ONU considère tout ce qui suit comme une
forme de
violence contre les femmes devant être éradiquée :

1.
Voir les tâches
maternelles comme une spécialité féminine. Le document considère [ces
tâches]
comme des fonctions non rémunérées qui mènent à l’appauvrissement des
femmes
dans la famille, en opposition à l’accumulation de richesses de l’homme
[qui
travaille] en dehors du foyer et gagne de l’argent.

2.
[L’ONU] considère la qawama
(préoccupation ou responsabilité) d’un homme
envers sa famille comme une forme de violence envers les femmes.

3.
Les différences indiquées
dans la charia islamique entre les hommes et les femmes, d’où découlent
leurs
rôles complémentaires, [y compris] les différences de lois sur le
mariage, le
divorce, la polygamie, l’idda
(période où une
femme reste célibataire après un divorce ou le décès de son mari),
l’héritage
et autres [sujets].

« L’ONU
estime que
les relations [sexuelles] licites entre [le mari et la femme]... en
[l’absence]
de volonté absolue de la femme... sont une forme de ‘viol conjugal’ »
4.
Le droit du mari d’avoir des
relations sexuelles avec sa femme. L’ONU considère que les relations
légales
entre un homme et une femme initiées par le désir de l’homme, en
[l’absence] de
volonté absolue de la femme, ou à un moment peu favorable pour elle,
comme une
forme de « viol conjugal », et [affirme] que, s’il la touche,
sans
son consentement, cela est considéré comme une forme de harcèlement
sexuel.
Tous [ces] cas entrent dans la catégorie de « violence
sexuelle »
selon l’ONU.
5.
Limitations imposées sur la
liberté sexuelle des femmes et des filles ; rejet de l’idée d’un
contrôle
total de la femme sur son corps ; et interdiction aux filles de changer
de
sexe... (lois [interdisant] l’adultère et
l’homosexualité).
6.
Tutelle sur la jeune fille dans
le processus du mariage.
7. [Ne pas] fournir de contraceptifs aux
filles
et interdire l’avortement comme moyen de se débarrasser d’une grossesse
indésirable.
8. Le mariage des filles de moins de 18 ans.
9. S’abstenir
de prouver le parentage juridique d’enfants nés hors mariage (parentage
d’un
père ayant commis un adultère). »

L’ONU
vise à « retirer le pouvoir
[de l’homme] de répudier [sa femme] » et accorde « une
liberté
sexuelle totale aux filles »

« Sur
cette base, le
nouveau document exigerait l’application des concepts suivants, en
contradiction avec la loi islamique :
1.
Substituer la qawama (préoccupation
ou
responsabilité de l’homme) par un partenariat et un partage égal des
rôles à l’intérieur
de la famille entre l’homme et la femme ([subsistance], garde des
enfants,
tâches ménagères).

2.
L’égalité totale dans les
lois sur le mariage (annulation de toutes les formes de polygamie, idda, tutelle, dot et [obligation] pour
l’homme [de
subvenir aux besoins de] sa famille ; l’autorisation aux femmes
musulmanes d’épouser
des non-musulmans, et ainsi de suite).

3.
L’égalité en matière d’héritage.

4.
Retirer à [l’homme]
le pouvoir de divorcer [de sa femme], conférant ce pouvoir à la
magistrature,
et partage de tous les biens en cas de divorce.

5.
Donner à la femme le
pouvoir de porter plainte contre leur époux, et de l’accuser de viol ou
de
harcèlement. Les départements concernés sont tenus d’exiger pour le concerné une peine égale à celle prévue pour une
personne
qui commet un viol ou un harcèlement contre une femme n’ayant aucun
lien avec
lui.

6.
Accorder aux filles une
liberté sexuelle totale, [y compris] la liberté de choisir leur sexe et
le sexe
de leur partenaire (choisir d’avoir des relations naturelles ou
homosexuelles),
et élever l’âge du mariage à 18 ans.

7.
Donner aux adolescentes l’accès
aux contraceptifs, leur apprendre à les utiliser et autoriser
l’avortement
[comme moyen] de se débarrasser d’une grossesse non désirée (sous
prétexte de
droits sexuels et de reproduction).

8.
Assimiler une relation
adultère à une épouse, donnant les mêmes droits aux enfants issus d’une
relation adultère qu’aux enfants légaux.

« La
prochaine session [à l’ONU
se réunit également pour] vérifier l’application du document émis dans
la 53e
session, [intitulé] « Le partage égalitaire des responsabilités entre
les
femmes et les hommes », sur la répartition de tous les rôles et
responsabilités
à l’intérieur du [foyer] entre l’homme et la femme (prise en charge et
soutien
[financier]). Le concept de qawama,
qui repose
sur l’entière responsabilité de l’époux pour tout ce qui touche à [la
subsistance] de la famille, était donc quelque peu remis en question.

« Un
certain nombre de
résolutions devraient être émises sur la base des propositions
formulées par
plusieurs pays, gravitant habituellement autour des mêmes
revendications -
[avec en tête] l’égalité des sexes et l’affranchissement des femmes -
notamment
des demandes provenant des États-Unis, des pays européens, du Japon et
d’autres
[pays]. Ces résolutions requièrent également une étude attentive afin
d’éviter
que les gouvernements ne soient piégés et incités à les signer.

« Plus
gravement, ne
manquons pas de mentionner la pression constante de l’ONU sur les
gouvernements
pour qu’ils se départissent de leur réserves sur la signature de
l’accord, [qui
constitue] une violation de la souveraineté de pays et [témoigne d’] un
mépris
[de la] volonté de nations.

« En
outre, notons une
insistance persistante sur la signature du protocole facultatif annexé
à la
Convention du CEDAW, qui donne à l’ONU le droit direct d’intervenir
dans [les
affaires] internes d’un pays et de référer [son] gouvernement devant la
Cour
pénale internationale en cas de plainte sur une loi discriminatoire qui
différencierait les hommes des femmes (comme les lois sur l’héritage,
la
polygamie et la tutelle... toutes considérées comme des lois
discriminatoires
selon l’ONU). Ainsi, l’ONU – dans le cadre de ces résolutions – est
en nette opposition avec les lois islamiques de la charia. »

L’UISM
souligne « la
nécessité de protéger les valeurs, l’éthique et les lois des religions
révélées »

« Compte
tenu de cette
situation actuelle, l’UISM décrète et confirme ce qui suit :

« Tout
d’abord, l’UISM
exige que l’ONU [comprenne] la nécessité de protéger les valeurs,
l’éthique et
les lois des religions révélées, scellées par l’islam, comme un moyen
de
préserver la paix et la sécurité internationales.

« Deuxièmement,
l’UISM
exige que les pays musulmans formulent une position commune rejetant
[tout] ce
qui va à l’encontre de charia islamique et des religions
révélées, que ce
soit dans des documents anciens tels que les déclarations du CEDAW et
de
Beijing, ou dans des documents ultérieurs soumis à discussion et
signature.

« Troisièmement,
l’UISM
exhorte toutes les délégations gouvernementales participantes à tenir
compte de
la volonté de leurs peuples et à respecter leur charia islamique, Ã
exprimer
des réserves sur ces documents [onusiens] et à s’abstenir d’en signer
aucun
autre. L’Union demande également que ces délégations rejettent tous les
aspects
du document qui sera débattu dans la 57e session de la Commission des
Nations
Unies sur la condition de la femme en contradiction avec la charia
islamique,
de ne pas se départir des réserves [faites] à la signature des accords
internationaux concernant les femmes et les enfants, et de s’abstenir
de signer
tout protocole joint à ces accords internationaux sans consulter les
savants
des pays musulmans, leur union et les conseils d’illustres savants,
afin de
préserver l’identité des nations [musulmanes] et la souveraineté de
leurs
gouvernements... »

Le
membre de l’UISM Muhammad
Al-Dib : Le document de l’ONU est une attaque contre les Arabes,
l’islam et les
religions monothéistes de la part des « ennemis de l’humanité »

Dans
un article publié sur
le site officiel des Frères musulmans, le membre de l’UISM, Dr Muhammad
Al-Dib,
affirme que le document des Nations Unies sur l’éradication de la
violence
contre les femmes constitue une attaque brutale des « ennemis de
l’humanité »
au sein de l’ONU à l’encontre des peuples arabes, de l’islam et des
autres
religions monothéistes. Il exhorte les musulmans, aussi bien sunnites
que
chiites, et les adeptes des autres religions monothéistes à faire front
contre
ce document :

À
l’heure où de nombreux
pays arabes sont attelés à se reconstruire de l’intérieur, à bifurquer
vers la
démocratie et à créer un environnement propice au développement et au
progrès,
les troupeaux de corruption et de perdition au sein de l’ONU, qui sont
les
ennemis de l’humanité, oeuvrent pour miner
les
peuples arabes et les priver des éléments les plus précieux qu’ils
possèdent :
leur honneur et valeurs, leur identité arabe et islamique, et leur
divine
charia. Ce sont leurs principales sources de force et de fermeté et
leur raison
de vivre. La soi-disant ONU n’est [rien] qu’une petite porte pour
prendre le
contrôle des sociétés et des peuples et un outil dans les mains des
puissances
impérialistes et du sionisme mondial, qui veulent vaincre nos pays
arabes et
islamiques...
 
 

Article
d’Al-Dib

[Le
document de l’ONU sur la violence contre les femmes est] une
attaque cruelle et brutale, non seulement envers les peuples arabes et
musulmans, mais envers l’islam lui-même et toutes les religions
monothéistes.
Il requiert une action sur tous les canaux diplomatiques officiels,
ainsi que
des efforts populaires menés par les organisations de la société
civile. C’est
un vrai test pour l’institut Al-Azhar, la Ligue arabe, l’Organisation
de la
Conférence islamique et toutes les organisations de la société civile
dévouées
aux questions familiales, féminines et de services sociaux.

[C’est
aussi un test] pour les partis politiques de différentes
orientations idéologiques, qui doivent rallier les masses contre le
présent
document et dire fermement à l’ONU : le monde a changé, et aujourd’hui
c’est la
diplomatie du peuple qui décide de ce qui est juste et de ce qui ne
l’est pas.
Les sunnites et les chiites doivent s’unir contre ce document au niveau
régional, et les coptes et les musulmans doivent y faire front au
niveau local
[en Egypte]. Toutes les parties doivent organiser des manifestations de
masse
dans les capitales et sur les places à travers le monde arabe afin
d’empêcher
[l’approbation] du document...

C’est
une intifada, non
seulement au nom de l’islam, mais au nom du judaïsme et du
christianisme. [Le
document] est une attaque et une insulte non seulement à Mahomet, mais
aussi Ã
Jésus et à Moïse. 

[1] Un.org, vu le 6 mars 2013.

[2] Iumsonline.net,
le 27 février 2013.
L’original a été modifié par souci de clarté.

[3] Ikhwanonline.com,
le 3 mars 2013.

[4] Iumsonline.net,
vu le 6 mars 2013.

[5] Le
document en question est
apparemment le rapport du Secrétaire général de l’ONU intitulé
« Prévention de la violence à l’égard des femmes et des
filles », du
20 décembre 2012. Le document peut être consulté ici.