Un chroniqueur saoudien soutient la décision française de résilier la convention autorisant la diffusion d’Al-Manar, la chaîne du Hezbollah

MEMRI

lundi 13 décembre 2004

Aujourd’hui, lundi 13 décembre, le Conseil d’Etat doit répondre àla demande du CSA de résilie la Convention signée avec Al-Manar, après que la chaîne eut enfreint l’engagement àrenoncer àtoute forme d’incitation àla haine.


Dans ce contexte, le chroniqueur du quotidien saoudien Al-Watan, M. Abd El-Karim Al-Nasser , a publié, le 12 décembre, un article où il reproche àla chaîne Al-Manar de n’avoir pas respecté les conditions de la Convention signée avec le CSA, continuant de diffuser des propos et des images incitant àla violence, àla haine et àla discrimination raciale. Voici une traduction de l’article :

« C’est la première fois que la France signe un accord de ce type avec la chaîne télévisée d’un parti politique combattant. »

"Nous devons nous montrer circonspects et avisés dans la bataille médiatique, àcaractère politique et diplomatique, qui se joue actuellement entre la télévision Al-Manar du Hezbollah libanais et les autorités françaises. En effet, il n’existe aucun intérêt àce que nous ’gagnons nos propres [cÅ“urs] toute en perdant [celui du reste du] monde’, aucun intérêt àce qu’Al-Manar profite de sa popularité parmi nous et perde le soutien de la France, amie des Arabes.

Au lieu d’accuser les autorités françaises et au lieu de menacer de remonter les pays arabes contre la France ’pour la punir’ de sa décision de résilier la convention signée entre Al-Manar et le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, convention qui doit permettre àla télévision du Hezbollah de diffuser en France et en Europe au moyen du satellite Eutelsat, il convient de réfléchir au problème et àla maladresse des responsables d’Al-Manar face aux autorités françaises.

Dans les faits, celles-ci ont ignoré les pressions exercées par Israë l et ses sympathisants et ont signé, le 16 novembre, un accord officiel avec Al-Manar, accord qui autorise la chaîne àdiffuser en France au moyen d’Eutelsat. C’est la première fois que la France signe un accord de ce type avec la chaîne télévisée d’un parti politique combattant."

« La direction d’Al-Manar n’a en rien modifié ses différents programmes, n’accordant apparemment aucun crédit àla convention signée avec les Français. »

"La direction d’Al-Manar a signé cet accord, de façon officielle, s’en est félicitée, et s’est engagée àen respecter toutes les clauses. Cela en dépit du caractère stricte de ces dernières, qui l’obligent àne pas diffuser de programmes, d’images, de déclarations et d’opinions incitant àla violence, àla discrimination raciale ou àla haine de l’autre pour des raisons religieuses, raciales ou identitaires. Cette fermeté a pour objectif de préserver la paix entre les citoyens français et d’empêcher l’irruption de confrontations et d’affrontements entre résidents arabes et juifs.

Quelques jours après la signature de la Convention, les autorités françaises ont décidé de punir Al-Manar pour n’avoir pas respecté ses engagements et avoir diffusé des programmes et des images susceptibles d’inciter, selon les sources françaises, àla violence, àla haine et àla discrimination raciale. Dans les faits, la direction d’Al-Manar n’a en rien modifié ses différents programmes, n’accordant apparemment aucun crédit àla convention signée avec les Français. Les Israéliens et leurs sympathisants ont profité de la situation pour mener une campagne de grande envergure contre Al-Manar. La vérité est toutefois que le pouvoir français a décidé de résilier la Convention non àcause de la pression israélienne, mais bien parce que la télévision Al-Manar a dénaturé le contenu de l’accord, la France étant l’Etat le moins influencé qui soit par les pressions israéliennes.

La direction d’Al-Manar est responsable [de ce qui est arrivé] en ce qu’elle n’a pas su tirer profit de sa victoire médiatique et politique contre Israë l sur la scène française. Elle aurait dà» respecter la Convention signée, convention qui ne l’empêchait pas d’attaquer la politique d’Israë l et de défendre les droits et les revendications arabes justes et légitimes…"

« Si l’intention de la direction d’Al-Manar était d’ignorer la position française, il aurait mieux valu ne pas signer avec Paris (…) »

"[Suite à] cette bataille entre Al-Manar et les Français, [nous voudrions] attirer l’attention sur trois points essentiels :

Premièrement, les chaînes arabes, et parmi elles Al-Manar, ont obtenu des résultats significatifs quant àleur capacité de diffusion dans le monde. Toutefois, cela les oblige àrespecter des ’codes de conduite’ spécifiques afin de parvenir àinfluencer les spectateurs extérieurs [au monde arabe]. L’histoire d’Israë l est une suite de délits et d’infractions des lois internationales et des Résolutions de l’ONU ; les chaînes arabes pourraient se concentrer dessus et les dénoncer au lieu de tergiverser sur des sujets non ancrés dans la réalité.

Deuxièmement, pour le Hezbollah, comme pour tous les autres acteurs arabes, il n’y a aucun intérêt àperdre [l’amitié de] la France, le pays au monde qui comprend le mieux et défend le mieux les Libanais, les Arabes et leurs revendications ; c’est le pays qui fait le plus pour répondre àleurs réclamations et assurer leurs droits légitimes.

Troisièmement, chacun sait que la France, comme toutes les puissances et tous les Etats qui ont une influence, exige la cessation de toutes les opérations et attaques armées contre Israë l, appelant àrésoudre le conflit israélo-arabe par des moyens pacifiques. Les autorités françaises sont restées sur leurs positions face àAl-Manar. Si l’intention de la direction d’Al-Manar était de dévier de la position française - connue de tous, ou de l’ignorer, il semble qu’il aurait mieux valu ne pas signer avec Paris un quelconque accord relatif àla diffusion satellite et se contenter de la diffusion par Arabstat et Nilesat.

Il n’y a aucun avantage àgagner nos propres [cÅ“urs], àapplaudir ànos propres agissements et àperdre [la sympathie du reste] du monde, et en particulier de pays amis comme la France, lesquels ne sont pas si nombreux." (1)

Al-Watan
(Arabie Saoudite), le 12 décembre 2004

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