Abbas : Même si nous échouons en septembre, nous ne reprendrons pas la lutte armée ; Salam Fayyad est le meilleur candidat au poste de Premier ministre

MEMRI Middle East Media Research Institute

mardi 12 juillet 2011, par Desinfos

Dans une interview du 20 juin 2011 accordée àla chaîne libanaise LBC, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a déclaré qu’il lui revenait de nommer le prochain Premier ministre, et que Salam Fayyad était la personne la mieux indiquée pour ce poste. (1) Il a en outre exprimé son opposition àune Intifada armée, affirmant que même si l’Autorité palestinienne ne devait pas recevoir l’accueil souhaité àsa proposition d’un Etat palestinien en septembre, l’OLP ne reprendrait pas la lutte armée.


Ci-dessous un résumé des points forts de l’entretien :

Salam Fayyad comme prochain Premier ministre

S’agissant du prochain gouvernement provisoire palestinien, Mahmoud Abbas a déclaré qu’il ne servirait que pour une durée de dix àonze mois et aurait pour principales tâches de reconstruire Gaza et de préparer les futures élections. Il a rappelé que ce gouvernement provisoire lui serait subordonné, Abbas étant seul « responsable de la politique de l’Autorité palestinienne et de l’OLP ». « Je suis autorisé àen nommer le chef. Oui, le Premier ministre sera Salam Fayyad », a déclaré Abbas, ajoutant : « Aucun Etat arabe n’a reçu des documents écrits, officiels, de la Banque mondiale et du FMI, attestant de son intégrité, comme ceux reçus par le gouvernement de Salam Fayyad… Je veux un gouvernement qui donne des résultats, pas un gouvernement qui nous conduise au blocus… »

Mahmoud Abbas a également affirmé, au sujet de la réconciliation inter-palestinienne : "J’ai toujours dit que l’Iran empêchait la réconciliation. Franchement, je n’ai jamais entendu dire que les Syriens étaient contre la réconciliation, mais je sais que les Iraniens sont àl’origine des obstacles posés àla réconciliation…

Laissez-moi créer un gouvernement comme bon me semble, afin de désamorcer les prétextes àun nouveau blocus. Parce que, en toute franchise, c’est moi qui ai àrendre des comptes, pas Khaled Mechaal [Hamas]. Si le gouvernement tombe et s’il y a un blocus, c’est moi qui serai responsable, non Mechaal…

L’Autorité palestinienne paie les salaires de 77 000 employés chaque mois, finance son carburant, son eau, son énergie ainsi que les soins médicaux et les systèmes éducatifs, et tout ce que nous devons financer àGaza. Le Hamas reçoit de l’argent de l’Iran et d’autres sources, et le dépense dans ses propres infrastructures et employés. Il y a toutefois encore de la pauvreté àGaza."

Mahmoud Abbas a déclaré qu’il fallait reconstruire Gaza, précisant que les fonds alloués àcet effet par la communauté internationale ne pouvaient être utilisés parce qu’il n’était pas possible de les verser au Hamas. En revanche, il serait possible de les verser àun gouvernement temporaire.

Il a rappelé qu’il était président de l’Autorité palestinienne depuis cinq ans, que les prochaines élections se tiendraient en mai 2012 et qu’il ne se présenterait pas.

« Même si nous échouons en septembre, nous ne reprendrons pas la lutte armée »

Evoquant l’initiative de septembre, Mahmoud Abbas a déclaré : "L’appel àl’ONU a été fixé àseptembre pour deux raisons : en septembre dernier, Obama a explicitement déclaré : ‘Je veux assister [àla création d’] un Etat palestinien qui soit pleinement membre de l’Assemblée générale [des Nations unies].’ Le Quartette a déclaré que les négociations devaient commencer et se terminer en septembre… Et notre gouvernement, le gouvernement de Salam Fayyad, a promis qu’en septembre, toutes ses institutions seraient prêtes [àfonctionner] comme des institutions d’Etat. Et elles sont aujourd’hui prêtes à100%...

La [meilleure façon] de parvenir àun Etat n’est pas de faire appel aux Nations unies, mais de négocier… Mais s’il n’y a pas de négociations, il n’y aura d’autre alternative que de faire appel àl’ONU… C’est important, et c’est un appel au monde et àl’Amérique. Si l’Amérique a une autre proposition àfaire, qu’elle la fasse… Vous – l’Amérique, l’Europe et Israë l – êtes les bienvenus pour présenter toute autre proposition. Dites-moi où a été mon erreur. Vous me punissez pour un crime que je n’ai jamais commis. Vous voulez que je suive la voie qu’Israë l veut que je suive, mais je ne peux entamer des négociations sans une source d’autorité et sans le gel des colonies…

Si je fais appel àl’ONU, rencontre [les représentants de] 192 pays et obtiens une résolution de 192 pays, ce ne sera pas une décision unilatérale… Nous sommes allés en Amérique du Sud et avons obtenu la reconnaissance de 10 pays là-bas. Nous avons 116 Etats avec nous et avons besoin d’encore huit Etats pour obtenir les deux tiers de la majorité nécessaire àune reconnaissance des Nations unies. Dix pays occidentaux européens ont élevé le niveau de notre représentation…

Que ferons-nous si nous échouons aux Nations unies ? Je ne sais pas encore, mais nous ne reprendrons pas la lutte armée, parce qu’elle nous a détruits. J’y suis opposé, parce qu’elle détruit le pays. Après avoir faire appel àl’ONU, nous évaluerons les possibilités existantes entre dirigeants palestiniens. J’espère que nous réussirons àl’ONU…« Explicitant sa position non violente, Abbas a dit : »Les soulèvements arabes qui ont débuté voilàquelques mois ont pris la forme d’Intifadas non violentes. Nous ne sommes pas opposés aux Intifadas non violentes. Dans les années 1980 et au début des années 1990, nous avons eu notre propre Intifada non violente qui a donné lieu àla conférence de Madrid et aux Accords d’Oslo. Mais la deuxième Intifada, qui a commencé en 2000 et s’est terminée en 2005, était une Intifada armée qui a provoqué la destruction de notre terre, de ses infrastructures et de son peuple. Elle a tout démoli, et c’est pourquoi j’ai dit que j’étais contre une Intifada armée…

J’ai promis paix et sécurité àla jeunesse palestinienne, et je crois avoir assez bien tenu ma promesse en Cisjordanie. Les Palestiniens sont, là-bas, en parfaite sécurité, et malgré l’occupation, le calme règne. J’ai promis un certain degré de développement économique, et cela a été accompli. La croissance et le développement sont au rendez-vous. J’ai promis l’indépendance ; je n’y suis pas encore arrivé, mais j’espère y parvenir dans les mois àvenir. Autrement, c’est moi qui aurai des comptes àrendre…«  »Les questions des frontières et de la sécurité peuvent être résolues en deux jours"

S’agissant des négociations avec Israë l et de l’Initiative de paix arabe, il s’est dit prêt ànégocier, a estimé que les questions des frontières et des échanges de territoires pouvaient être résolues en deux jours avec de la bonne volonté. Il a estimé que si les problèmes de la sécurité et des frontières étaient résolus, les questions des réfugiés et de l’eau le seraient aussi.

Il a déclaré que sans Jérusalem pour capitale, il n’y aurait pas d’Etat palestinien. Il a estimé que l’Initiative de paix arabe était la plus sage de l’histoire du conflit israélo-arabe. « Ceux qui s’y opposent veulent la guerre », a-t-il assuré.

Le verdict concernant Dahlan viendra du Tribunal

Abbas a évoqué les circonstances du renvoi de Dahlan du comité central du Fatah : « Il a été accusé d’implication dans des assassinats, mais il n’y a pas de preuve… C’est une affaire de justice, et seul le tribunal est habilité àtrancher. »

Les Palestiniens ne s’ingéreront pas dans les événements du monde arabe

Evoquant la Syrie, le Jordanie et l’Iran, Abbas a déclaré : « Nous suivons les événements sans ingérence et sans exprimer d’opinion… Les [pays] arabes adorent tous être nos parrains, mais je ne compte pas être le leur… Nous n’avons aucun lien avec l’Iran, mais nous créerons des liens s’ils se retiennent de s’ingérer dans nos affaires. A l’heure actuelle, les Iraniens entretiennent des liens avec le Hamas, le Jihad islamique et d’autres encore, leur octroyant des fonds et des armes pour Gaza. Notre seul lien [avec l’Iran] est notre ambassade… »


(1) Wafa (Autorité palestinienne), 20 juin 2011


Desinfos

La revue des infos

Mots-clés

Accueil