Judith Braunstein
vendredi 8 octobre 2004
« Un homme averti en vaut deux », dit-on. J’avais bien assimilé cette maxime et pensé que cela valait également pour une femme. Donc, fermement mise en garde, j’ai pensé jeter « un oeil » prudent, sur ce fichu film. Un oeil, juste un, cela ne devrait pas, croyais-je, provoquer une décharge trop brutale d’adrénaline.
Grave erreur !
Je n’avais pas pensé à baisser le son. ET voilà le résultat.
Ce n’est pas un oeil, mais les deux yeux, grands ouverts, éberluée par l’annonce initiale, m’avertissant de la recommandation particulière qu’Arte et Libération apportaient à ce film, que j’ai planté sur l’écran qui déversait les abominations dont se seraient rendus coupables les Juifs à l’encontre des pauvres palestiniens présentés comme de braves gens, ne pensant qu’à la fête, à cultiver les champs de la Palestine etc, etc, et encore etc...
Dans le genre montage grossier et falsification des faits et de l’Histoire. C’est pas mal !
Nous apprenons ainsi qu’en dehors du fait que les sionistes sont des barbares assoiffés de sang et ne pensant qu’à dépouiller de leur soi disant héritage historique, les pauvres palestiniens, (mais çà on le savait depuis le temps qu’on nous le répète !), il existait une armée des juifs ! nantie de chars ! (ils ont dà » mélanger les époques), de haut-parleurs, par lesquels ils intimaient aux arabes de dégager le terrain, des officiers avec de beaux uniformes, très, très méchants, et que face à cette force, les palestiniens, pacifiques, avaient dà » fuir au Liban.
On nous a quand même concédé qu’il y avait eu vente de terres aux Juifs, par des traîtres, qu’il fallait bien sà »r assassiner pour les punir de leur trahison. Egalement à la fin de cette première partie, l’on nous explique que ces pauvres gens, qui ne pensaient vraiment pas à mal, après un Liban, peu hospitalier, balottés d’un pays à l’autre, chassés, parqués dans des camps, massacrés etc... n’ont jamais oublié la patrie dont on les avait chassés...(ne vous trompez pas, on ne parle pas des Juifs, même si certain vocabulaire prête à confusion)
Ah j’oubliais, les champs cultivés par les palestiniens, le paysage champêtre à souhait, et je n’ai personnellement pas vu la moindre trace de marécages. Sans doute encore une histoire inventée par les sionistes.
Tout cela de nouveau officiellement soutenu par Libération et Arte en fin d’épisode, des fois qu’on n’aurait pas entendu l’introduction) ! Enfin heureusement qu’ils étaient là pour nous informer et nous ouvrir les yeux.
Si je n’étais pas juive et quelque peu au courant de l’Histoire, et des histoires, j’aurais presque pu me laisser prendre au piège.
Ce film, tellement caricatural, rempli des plus lamentables poncifs est un véritable appel à une explosion de haine. Je vais essayer de ne pas être paranoïaque, mais quel beau prétexte apporté sur un plateau, aux antisémites de tous bords. Vous vous souvenez de ceux qui précédaient les pogroms ? Allons, j’ai dit que je ne serais pas parano... enfin, que j’essaierais !
Mais, quand même, ne nous étonnons pas si demain, quelques Juifs se font malmener ...(surtout que le deuxième épisode en remettra une couche). Cela sera de votre faute, notre faute collective à nous, Juifs. Car comment voulez-vous que réagissent les « pauvres jeunes » des banlieues (et d’ailleurs) qui s’identifieront une fois de plus aux « pôvres » palestiniens.
Que l’on ne vienne pas me dire que la France n’est pas antisémite car...qui a subventionné ce beau spectacle. Enfin, heureusement que demain soir c’est Chabat. Je sais, je n’aurais pas dà » regarder ce soir, mais ce qui se trame est trop grave pour que cela se passe dans notre dos, en plus !
Ne venons pas dire que nous ne savons pas ce qui nous attend si nous nous obstinons à rester ici. je vais essayer de dormir !